Secteur 545
Cycle Pierre Creton
Bien voilà, je voulais juste vous poser une question, à la fois simple et un peu compliquée. Qu’est ce qu’il y a comme différence pour vous entre l’homme et l’animal ?
Bien voilà, je voulais juste vous poser une question, à la fois simple et un peu compliquée. Qu’est ce qu’il y a comme différence pour vous entre l’homme et l’animal ?
Deux femmes, les vieilles âmes qui peuplent Maniquerville, un centre de gérontologie situé dans le Pays de Caux et entre les deux Marcel Proust. Un dispositif minimal pour un voyage À la recherche du temps perdu.
J’avais littéralement organisé ma rencontre avec Jean Lambert. Dès que j’ai connu cet homme, je me mettais à redouter sa mort, n’avait-il pas tenté de m’en prévenir : « Choisir un ami si vieux ». En son absence, l’idée de sa disparition me revenait ; déjà vivant il me manquait. La nuit nous écoutions des javas jusqu’à ce que la peur se dissipe. Nous avons en tout cas bien ri devant la caméra toute seule, bêtement en train de nous filmer. Peut-être que la solitude était la chose que nous avions à partager, risiblement.
Poursuivre le désir de communauté, encore et toujours, comme une voie vers l’amitié. Les rencontres, ici, sont d’abord celles de Pierre avec l’association « Des lits solidaires » qui accueillent des réfugié.e.s. Le cinéaste partage sa maison avec deux jeunes, Mohamed et Amed. Un scénario se dessine. Puis, il y a la venue de figures d’altérité qui peuplent la maison. Les vies s’entremêlent, le réel s’éprouve à chaque instant. Vacance, fête, travail, repos, repas, lecture, baignade, au fond qu’importe. Dans le cinéma de Creton, le temps n’est pas atomisé mais se présente comme une courbe au long cours ponctuée de toutes sortes de situations.
« Nous avons une tendre vie » adresse Madeleine à Toto, le marcassin qu’elle protège d’un massacre dans la forêt. Cette phrase, à elle seule, pourrait exprimer le coeur des films de Pierre Creton dont le tentative, sans cesse renouvelée, serait de rapprocher le cinéma de la vie. C’est à dire d’envisager le cinéma comme possibilité de s’approcher des autres – amis et animaux – de les écouter, de les aimer.
« Je vais devenir musique et m’asseoir joyeusement dans un coin et mon expression d’extase détruira le monde.
Et les quelques autres diamants brillants se joindront à moi sans me toucher.
Seul mon tourne disque ne sera pas détruit
et commencera son travail avide avec les nuages et le ciel »
L’histoire institutionnelle, battue et rebattue, voudrait que l’Espagne se soit développé pour le meilleur en 1992. Des Jeux olympiques de Barcelone à l’Exposition universelle de Séville, l’Espagne a fait de ce double événement un motif marketing pour vanter les mérites de son modèle économique au reste de l’Europe. Au même moment, c’est tout l’inverse qui se passe dans le région de Murcie et plus précisément dans la ville de Carthagène. En raison des privatisations massives des entreprises et des plans de licenciement qui en ont découlé, 127 manifestations ont eu lieu en 180 jours, dont le point culminant a été mise à feu du Parlement par les militant.e.s. Peu ou pas pris en charge par les médias ni le cinéma, cette lutte est tombée dans l’oubli. Partant de ce constat, Luis López Carrasco entend répondre à cette question: Où, avec qui et comment s’écrit l’histoire ?
«Avant d’apprendre à lutter, il faut apprendre à s’asseoir».
Dans les années 70, de Genève à Zurich, d’un lac à l’autre, les cinéastes suisses – parmi d’autres – Francis Reusser et Fredi Murer ne ménagent pas leurs mots pour raconter leur pays: « Lausanne est une gigantesque Gestapo, la police est dans la tête des gens » (F.R.). « L’espal vital se rétrécit: on a le choix entre le pire et le moins pire » (F. M.). C’est ainsi en ces termes que se déploie la toile de fond sociologique du Grand soir (1979) et de Grauzone (1976).
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4 films, dont l’intensité de l’expérience qu’elle soit politique, poétique ou musicale sera prolongée par une excursion proposée par le dj Rythme de vie. Un set pensé dans la direction de la Maloya, chant réunionnais, qui fait vibrer les cercueils.
A Kôfu, dans la préfecture de Yamanashi, Seiji travaille sur des chantiers. Il sympathise avec Hosaka tout juste revenu de Thaïlande. Ensemble, ils passent leurs soirées dans les bars en compagnie de jeunes Thaïlandaises. Sur un chantier, ils rencontrent Takeru, membre du collectif hip-hop de la ville, Army Village. Touché par la crise économique, ce dernier chante son mal-être et sa rage contre la société. Lors d’une battle de rap, Takeru et son collectif affrontent un groupe de Brésiliens aux origines japonaises. Commence alors une “bataille des mots” sur fond identitaire.
Le premier plan de Bangkok Nites de Katsuya Tomita, co-écrit avec Toranosuke Aizawa, est une de ces merveilles qu’offre parfois le cinéma : tout un film à-venir, les quasiment trois heures de désordre amoureux et de rage silencieuse, d’affects à fleur de peau et de mépris souverains que la mise en scène va savamment diffuser, déplier, étirer, sont là, condensées en quelques minutes seulement. Des minutes en suspension, pures, encore opaques, mystérieuses, encore vierges.
La vie sans issue de Hisashi est faite de tout ce qui symbolise le Japon rural d’aujourd’hui : les clubs de karaoke, les salles de pachinko et leurs distributeurs automatiques, les centres commerciaux discount qui ont poussé comme des champignons le long des autoroutes. Dans cette existence vide de sens, la banalité du quotidien se répète à l’infini…
« J’ai commencé ce film quand j’avais environ vingt-cinq ans, mais à trente ans, il n’était toujours pas terminé. L’écriture du scénario a pris deux ans, suivie par trois ans de tournage. Mon âge a influencé mon engagement sur le film : il est le reflet des préoccupations propres à la jeunesse. »
A la suite du film, sortis des paniers vapeurs, des baozi maison, brioches farcies particulièrement populaires en Asie.
A l’occasion de cette séance, il s’agit de se faire le relai cette multiplicité de regards possibles sur les secousses et les insurrections qui frappent le territoire français depuis la Loi Travail en passant par Nuit debout jusqu’aux gilets jaunes.
Des films qui observent et participent aux différents conflits asymétriques de notre époque. Pas forcément des films en lutte, mais des films qui « prennent acte », tentent de réfléchir à ces nouveaux usages, et à l’actualité du plagiat, du détournement et du vol comme pratique politique nécessaire dans le domaine de l’image.
Invasion est la légende d’une ville, imaginaire ou réelle, assiégée par de puissants ennemis et défendue par une poignée d’hommes qui, peut-être, ne sont pas des héros. Ils lutteront jusqu’à la fin, sans se douter que leur bataille est infinie. J. L. Borges
Ils ont la musique et la danse en commun et plein d’autres choses, comme le fait d’aimer Robert Filliou. A l’occasion de l’ouverture de ce cycle consacré au burlesque, les deux sont invités à composer quelque chose avec Filliou, le cinéma et le public. On ne sait pas trop, mais d’un rien peut arriver beaucoup.
Il me dit que son livre s’appelait le livre de sable, car ni le livre, ni le sable, n’ont de début ni de fin
Peut-être évoquons simplement ces moment de grâce: un mineur dans Good Luck qui à 300 mètres sous terre, dans la nuit totale, joue « Heart of Gold » de Neil Young sur son accordéon. Ou alors, expression à chaque fois d’une extase ou d’un désir de transcendance, ces chants de trois communautés insulaires qui jalonnent Let Us Persevere In What We Have Resolved Before We Forget, Color Blind et Atlantis et font vibrer davantage le mot que donne Ben Russell à ses films: ethnographie psychédélique.
Peut-être évoquons simplement ces moment de grâce: un mineur dans Good Luck qui à 300 mètres sous terre, dans la nuit totale, joue « Heart of Gold » de Neil Young sur son accordéon. Ou alors, expression à chaque fois d’une extase ou d’un désir de transcendance, ces chants de trois communautés insulaires qui jalonnent Let Us Persevere In What We Have Resolved Before We Forget, Color Blind et Atlantis et font vibrer davantage le mot que donne Ben Russell à ses films: ethnographie psychédélique.
Présentation:
Wilfrid: Propriétaire excentrique d’un car wash.
Thomas et Francis: Pieds nickelés désireux de braquer le premier.
Hélène et Lucie: Jeunes filles du Sud venues rejoindre les deux derniers.
Nous sommes assis mollement sur nos sièges. Il faut sortir de la salle, dans les rues, et jeter nos précieux livres au feu.
Dans ce film d’Adolfas Mekas, à cette époque particulièrement engagée dans le cinéma underground, le désir est le moteur de toutes actions, sans autre justification, sans autre conséquence que le moment vécu pour et par lui même. Un “wood movie” bricolé, amoureux de l’histoire du cinéma et de l’instant présent.
Un film-collage drôle et nihiliste qui nous force à reconnaître que c’est ce que nous désirons: tout casser mais ce n’est pas grave.
Yves «l’idiot» est un prophète qui s’ignore, un mystique sans Dieu ni maître – jamais aussi grand que quand il insulte les pierres.
A l’époque, j’avais entendu à la radio qu’il allait neiger pendant la nuit. J’ai mis un frigidaire sur la terrasse, et je l’ai ouvert, et je l’ai branché sur le courant électrique. C’était en 1994. J’ai encore cette neige dans l’atelier. Elle s’est légèrement évaporée, je ne sais pas pourquoi.
Il faut décevoir. Sauter toujours sur le gril comme des martyrs ridicules.
Robin Minard sera au Spoutnik pour présenter deux pièces radiophoniques spatialisées issues de ses voyages et fields recordings.
Cette séance propose deux pièces de l’artiste sonore et compositeur canadien Robin Minard qui présentent une immersion géographique et sociale à travers la mise en place délicate de paysages sonores et entretiens. Deux pièces aux antipodes qui pourtant se rejoignent dans une pratique de l’écologie de l’écoute environnementale, ainsi que l’écoute de personnes qui appartiennent aux lieux. L’artiste dit, avant de composer, il faut savoir écouter.
Cette séance est le résultat d’un appel à pièces sonores originales courtes et expérimentales, pensées pour le dispositif de spatialisation du son utilisé dans les cinémas d’aujourd’hui (dit 5.1 surround : trois sources venant de la face, deux de l’arrière, et une spécifiquement dédié aux basses). La position assise dans le noir et orientée face à un écran est la même que celle du spectateur – auditeur au cinéma, elle permet une écoute soutenue, non perturbée par d’autre sources, lumineuses ou sonores. Plusieurs artistes de la région se sont prêté·e·s à l’exercice pour une séance d’écoute dans le noir.
Le 8 décembre 1995, un accident vasculaire brutal a plongé Jean-Dominique Bauby, journaliste et père de deux enfants, dans un coma profond. Quand il en sort, toutes ses fonctions motrices sont détériorées. Atteint de ce que la médecine appelle le locked-in syndrome, il ne peut plus bouger, parler ni même respirer sans assistance. Dans ce corps inerte, seul un oeil bouge. Cet oeil, devient son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie.
En collaboration avec Philippe Ciompi, sound designer suisse et mixeur de cinéma installé à Londres, nous proposons une série de films à l’univers sonore singulier! L’occasion de voir ou revoir certains films avec une attention portée au travail sonore qui reste trop souvent au second plan de notre mémoire. Une explorations en cinq séances dont une soirée de diffusion de pièces expérimentales d’artistes de la région. Cette semaine dédiée au son au cinéma sera couronnée par la venue du compositeur et artiste sonore canadien Robin Minard qui nous présentera deux pièces radiophoniques spatialisées issues de ses voyages et fields recordings.
“Le son au cinéma est parfois extrêmement simple, parfois hyper sophistiqué. Toujours il agence notre perception et notre compréhension, le plus souvent il reste méconnu : on le vit, on nage dedans, et on l’oublie.” Philippe Ciompi
‘Institut Benjamenta’ mêle fantastique, mysticisme et conte de fée. L’institut, délabré et moribond, est une école de formation pour majordomes auxquels est perpétuellement enseignée la même et unique leçon. Jakob, qui vient de s’inscrire, erre parmi les couloirs labyrinthiques, essayant de percer les mystères de la vie des occupants de cet étrange établissement.
L’«intelligence artificielle» existe comme domaine de recherche depuis la fin des années 1950. Aujourd’hui, son questionnement se focalise sur l’apprentissage automatique (machine learning). Par cet apprentissage, un programme « évolue » et devient capable de prendre des décisions de plus en plus correctes au vu d’un objectif défini à l’avance. Mais une telle intelligence ne crée rien: elle nous oriente dans un système de pensée établi qu’elle contribue à figer.
Rosetta Stone, scientifique interprétée par Tilda Swinton, injecte son ADN dans trois automates auto-répliqués. Pour se nourrir, ces clones robots ont besoin d’interagir avec le monde réel afin d’obtenir leur ration de chromosomes Y (sous la forme de semence). Cependant, ces virées répétées en société semblent laisser les mâles fournisseurs de chromosomes avec un étrange virus qui prend contrôle de leurs corps et de leurs ordinateurs. Le désir s’empare de la technologie laissant les laissant stupéfaits.
SuperCollider est un environnement de programmation musicale gratuit et libre de droit. Il permet de programmer à peu prêt ce tout ce qui est imaginable, et une grande communauté de personnes passionnées partage des bouts de code pour pouvoir les réutiliser. Ce workshop qui s’adresse à tous les niveau de compétence propose une approche introductive qui permettra de démystifier l’environnement avec des exemples de programmes à modifier soi-même. Des générateurs simples seront vu avec des exemples de spatialisation et un exercice de sonification de données scientifiques sera montré par le Dr. James Beacham, physicien au CERN.
Une poupée grandeur nature, un avatar, une intelligence artificielle peuvent-ils véritablement vous aimer ? Ce film présente des histoires d’amour non-réciproques entre humain et non-humain, autant de tentatives d’appartenir au monde et de dessiner l’avenir des hommes au Japon…
À l’instar de ces formes en spirale que l’on retrouve tant dans le monde microscopique que cosmologique, une multitude d’univers semblent cohabiter dans notre réalité sans que l’humain en aie forcément conscience. Sans pour autant vouloir approfondir des théories physiques complexes qui touchent la mécanique quantique ou autres multivers, ce programme souhaite apporter une ouverture de conscience sur quelques-uns de ces mondes parallèles qui existent, même si invisibles ou virtuels.
Ce film est une « expansion de la conscience » cinématographique sans effets secondaires indésirables : il ouvre aux spectateurs une nouvelle perception de l’environnement et leur fait comprendre que les êtres humains ne peuvent exister que dans l’échange constant avec la nature. L’épistémologiste David Abram, les cinéastes Peter Mettler et Emma Davie nous entraînent dans un voyage filmique aussi philosophique qu’immersif.
Ces deux films, Nostalgie de la lumière et Le bouton de nacre, forment bien un diptyque cohérent. Au premier, illuminé par la lumière si pure et la sécheresse du désert du nord, répond le ciel chargé et la froide humidité de l’archipel du sud. Ici, ce sont l’eau et le froid qui ont formé les hommes et les civilisations. Car ces îles innombrables étaient habitées, bien avant que les colons n’arrivent et massacrent – ils étaient encore 8000 au 18e siècle, ils ne sont plus que 20 descendants directs aujourd’hui. C’est la première idée-force: l’existence d’une civilisation capable de survivre dans des conditions extrêmes, de traverser le Cap en petit canoë, de compositions musicales sophistiquées. La deuxième idée-force: faire ressentir par le spectateur, physiquement, la géographie bizarre de ce pays qu’est le Chili – tout en longueur, ouvert sur la mer qui est sa plus grande frontière, et pourtant profondément terrien. Un pays si long, qu’on ne peut le représenter en un seul morceau. Enfin, il y a la mémoire de l’eau. Celle qui vient du cosmos – qui se compte en millions d’années – et celle, plus macabre et contemporaine, qui vient de l’océan – car ici, comme au nord, les militaires ont essayé d’effacer les traces de leurs crimes.
Au Chili, à 3000 mètres d’altitude, les astronomes du monde se rassemblent dans le désert d’Atacama pour observer les étoiles. Car la transparence du ciel est telle qu’elle permet de regarder jusqu’aux confins de l’univers. C’est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains: ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi ceux des prisonniers de la dictature, que certaines femmes continuent de rechercher.
Que faire face à la situation économique et politique désastreuse de la Grèce? Quelles possibilités s’offrent à nous pour comprendre, résister et changer ce monde de terreur dans lequel nous sommes? Depuis 10 ans, Daphné Hérétakis confronte ces questions à sa pratique du cinéma. Les gestes et les moyens qu’elle mobilise sont simples et concrets : parcourir avec tendresse les rues d’Athènes, caméra à l’épaule et approcher les autres: Que changeriez-vous dans votre vie ? Qu’est ce que vous attendez avec joie ? Vous êtes amoureux ?
A l’appui de fragments de certains films muets, de lectures rhapsodiques et même d’une performance de bonimenteur sur les images de La sortie de l’usine des frères Lumière, nous repenserons à l’Histoire du cinéma de la main généreuse de ces deux cinéastes et nous réfléchirons ensemble à la possibilité de continuer à inventer de nouvelles formes par l’expérimentation et par le jeu.
Trois voleurs de ferraille installés dans une usine abandonnée. Un territoire de fabriques désertées. Des campements de gitans. Un flic. Des jambes cassées. La désintégration de la bande et le crépuscule de leur monde. Valdivia. MobyDick ou le Gros Pachuli ou José Mari. La mémoire anecdotique et photographique de tout ça pour construire une aventure, une comédie, un western, un documentaire.
Un jeune homme quitte son village pour passer une audition de danse dans la ville de Tbilissi. Il prend part à des activités illégales et il tombe amoureux. Il commence à danser dans la compagnie, l’homme qu’il aime part à la guerre et lui, il retourne dans son village.
Espagne, post crise économique. Dans un village quasi inhabité, un groupe d’amis fait revivre une discothèque abandonnée, téléphones et écouteurs à la main. Ils chantent au milieu des ruines comme pour prouver que la jeunesse peut, à tout moment, faire étinceler à nouveau ce qui paraissait oublié à jamais.