FUTUR:ANTÉRIEUR – JOHN WATERS +AMANDA KRAMER +ING K.

Trashment politique

« J’ai toujours glorifié le mauvais goût. C’est un acte politique: je suis contre la tyrannie du correct ou du beau » voilà ce qu’aime affirmer ce trublion d’un genre qu’il a créé: le trash. C’est avec cette perspective qu’on veut revoir la première période de ses films les plus mal séants, les plus subversifs, les plus « sales ».

Trop souvent réduit à un cinéma dont l’obscénité des personnages et des histoires ne sont pris que comme un dégueuli esthétique provocant et gratuit, les œuvres de John Waters sont en réalité le miroir inversé de l’Amérique puritaine qu’il veut choquer. Avec sa troupe, les Dreamlanders, dont l’extravagante Divine, acteur dragqueen, devenu une icône déviante, il tourne ses premiers films dans la banlieue de Baltimore des années 70’s. Contrairement aux images hypocrites promues à l’époque, d’une classe-moyenne blanche, prospère, conformiste, à la dentition parfaite et aux voitures rutilantes, polie et tirée à quatre épingle, dont le modèle est une famille catholique vivant proprement et individuellement dans sa résidence à la pelouse tondue, John Walters propose une autre vision peuplée de freaks, de queers et de weirdos. C’est avec ses personnages marginaux dont il rend la monstruosité glorieuse qu’il révèle les pires travers se cachant derrière la normalité et le conservatisme.

3 longs-métrage de la même période, tournés pour la majorité en 16mm et 35mm à très petits budgets, nous feront pénétrer dans la période la plus transgressive de John Waters. Notre objectif est de mettre en avant qu’un humour pervers et décadent peut être au service d’une critique acerbe de la société. Alors, quand on entendra les deux personnages baiser dans Pink Flamingos et crier « I love you more than the sound of babies crying, of dogs dying » on verra peut-être l’envers des banlieues propres avec ses bébés parfaits et ses chiens pouponnés.

TW : violence, violence sexuelle, scatophilie, inceste.




MULTIPLE MANIACS de John Waters


Le film suit un cirque underground dirigé par Divine, avec chaos, actes scandaleux et revendications criminelles, offrant une exploration hilarante et provocante de la subversion sociale et des tabous, avec l’humour noir caractéristique de Waters.

PLEASE BABY PLEASE de Amanda Kramer


Le couple bohème du Lower East Side, Suze et Arthur, devient obsédé par un gang de durs sadique, éveillant des désirs jusqu’alors inexplorés et les amenant à remettre en question les limites du genre, de la monogamie et du statu quo sexuel.

DOG GOD de Ing K.


Inspiré par l’irrévérence de John Waters, Dog God est un film indépendant à petit budget, une satire hilarante et féroce des croyances religieuses. Un inspecteur des cultes s’infiltre avec un homme-colgate pour tenter d’extirper sa femme d’une secte ashram new age qui vénère un chien. Interdit en 1998, il ressort officiellement en Thaïlande ce 16 mai après 25 ans de censure.

PINK FLAMINGOS de John Waters


Divine et ses acolytes rivalisent pour le titre de personne la plus dégoûtante. Ce film défie les normes du bon goût avec des défis délirants et des personnages excentriques, offrant un voyage choquant dans les bas-fonds de la société.

FEMALE TROUBLE de John Waters


Dawn Davenport, une adolescente rebelle, défie les conventions sociales pour devenir célèbre, mêlant crimes et excentricités dans sa quête, avec un humour noir corrosif.