PLEASE BABY PLEASE de Amanda Kramer


ven. 31 mai 2024   20:00
dim. 9 juin 2024   17:00

Réalisation

Pays
États-Unis
Année
2023
Langue
VOstFR
Format
DCP
Durée
96’
Cycle

Dans Please Baby Please, Suze et Arthur, un jeune couple marié hétéro-bohème du Lower East Side de New York, se préparent à regagner leur domicile lorsqu’ielx sont confrontéxes, impuissantxes, à un acte de violence perpétré par la bande des « Young Gents ». Ce soir-là, leur quotidien monotone se retrouve brusquement transformé. L’excitation de la rencontre inattendue avec “ces queers” révèle des désirs enfouis et réprimés.
Le théâtre des genres devient alors le terrain de jeu où les personnages se libèrent des cages imposées par la société, où leurs désirs explosent en couleur saturée.

Amanda Kramer nous plonge dans un monde composé de rose bonbon camp et de bleu navy queer, une esthétique qui intensifie le chaos des désirs étouffés. En situant cette exploration des genres dans les années 50-60, la cinéaste nous invite à remettre en question les constructions rigides de l’identité sexuelle et de la normativité de genre.

Le film plonge dans une analyse approfondie des rapports de domination, proposant une réflexion plus large sur une société où chacunxe est contraint de se conformer à une performance permanente. Elle met en lumière les pressions sociales et les normes de genre rigides qui façonnent les individus, soulignant la fragilité des identités construites selon ces normes.

Imaginez un West Side Story sombre et décalé avec Demi Moore en guest star, dirigée par John Waters, à mi-chemin entre le fétichisme de Kenneth Anger, Querelle de Fassbinder, le cinéma contemporain de Mandico et de Yann Gonzales… et vous vous approcherez de l’univers complètement barré que nous propose la cinéaste américaine Amanda Kramer.





FUTUR:ANTÉRIEUR – JOHN WATERS +AMANDA KRAMER +ING K.

Trashment politique

« J’ai toujours glorifié le mauvais goût. C’est un acte politique: je suis contre la tyrannie du correct ou du beau » voilà ce qu’aime affirmer ce trublion d’un genre qu’il a créé: le trash. C’est avec cette perspective qu’on veut revoir la première période de ses films les plus mal séants, les plus subversifs, les plus « sales ».

Trop souvent réduit à un cinéma dont l’obscénité des personnages et des histoires ne sont pris que comme un dégueuli esthétique provocant et gratuit, les œuvres de John Waters sont en réalité le miroir inversé de l’Amérique puritaine qu’il veut choquer. Avec sa troupe, les Dreamlanders, dont l’extravagante Divine, acteur dragqueen, devenu une icône déviante, il tourne ses premiers films dans la banlieue de Baltimore des années 70’s. Contrairement aux images hypocrites promues à l’époque, d’une classe-moyenne blanche, prospère, conformiste, à la dentition parfaite et aux voitures rutilantes, polie et tirée à quatre épingle, dont le modèle est une famille catholique vivant proprement et individuellement dans sa résidence à la pelouse tondue, John Walters propose une autre vision peuplée de freaks, de queers et de weirdos. C’est avec ses personnages marginaux dont il rend la monstruosité glorieuse qu’il révèle les pires travers se cachant derrière la normalité et le conservatisme.

3 longs-métrage de la même période, tournés pour la majorité en 16mm et 35mm à très petits budgets, nous feront pénétrer dans la période la plus transgressive de John Waters. Notre objectif est de mettre en avant qu’un humour pervers et décadent peut être au service d’une critique acerbe de la société. Alors, quand on entendra les deux personnages baiser dans Pink Flamingos et crier « I love you more than the sound of babies crying, of dogs dying » on verra peut-être l’envers des banlieues propres avec ses bébés parfaits et ses chiens pouponnés.

TW : violence, violence sexuelle, scatophilie, inceste.