DOG GOD de Ing K.


jeu. 16 mai 2024   19:00
mar. 28 mai 2024   19:00

Réalisation

Pays
Thaïlande
Année
2020
Langue
VOstFR
Format
DCP
Durée
110’
Cycle

Satire qui se déroule en Thaïlande dans un ashram aux couleurs rose pastel sur fond verdoyant, Dog God révèle par des situations cocasses et l’humour des dialogues la sombre réalité de l’instrumentalisation de la religion et la bêtise d’un duo pris dans le discours libéral. En jouant d’une intrigue qui met en scène cette secte hippie qui vénère un chien, la cinéaste Ing K. qui joue le rôle d‘une des gourous du ashram, porte une critique acerbe et irrévérencieuse sur l’absurdité de nos croyances.

Inspirée par John Waters et sa troupe Dreamlanders, et notamment par Pink Flamingos, Ing K. et ses amixes se sont lancés avec un petit budget, dans la réalisation de ce film. En regardant Dog God, nous ressentons la liberté enivrantes et la joie de leur aventure cinématographique. Malheureusement, ce film de 1998, n’a pas rencontré le sens de la dérision du gouvernement thaïlandais, qui le censure avant sa première en Thaïlande. Le film restera interdit d’écran pendant 26 ans.

Le 16 mai 2024 est une date historique pour cette perle ovni du cinéma. Dog God s’extirpe enfin de la censure pour être montré pour la première fois en Thaïlande. Spoutnik le projettera pour l’occasion à la même date pour que résonne à la fin de ce thriller cosmique, les mots portée par la cinéaste : “At the end I have learn two things, one is that everything is god and that religion is for fun”





FUTUR:ANTÉRIEUR – JOHN WATERS +AMANDA KRAMER +ING K.

Trashment politique

« J’ai toujours glorifié le mauvais goût. C’est un acte politique: je suis contre la tyrannie du correct ou du beau » voilà ce qu’aime affirmer ce trublion d’un genre qu’il a créé: le trash. C’est avec cette perspective qu’on veut revoir la première période de ses films les plus mal séants, les plus subversifs, les plus « sales ».

Trop souvent réduit à un cinéma dont l’obscénité des personnages et des histoires ne sont pris que comme un dégueuli esthétique provocant et gratuit, les œuvres de John Waters sont en réalité le miroir inversé de l’Amérique puritaine qu’il veut choquer. Avec sa troupe, les Dreamlanders, dont l’extravagante Divine, acteur dragqueen, devenu une icône déviante, il tourne ses premiers films dans la banlieue de Baltimore des années 70’s. Contrairement aux images hypocrites promues à l’époque, d’une classe-moyenne blanche, prospère, conformiste, à la dentition parfaite et aux voitures rutilantes, polie et tirée à quatre épingle, dont le modèle est une famille catholique vivant proprement et individuellement dans sa résidence à la pelouse tondue, John Walters propose une autre vision peuplée de freaks, de queers et de weirdos. C’est avec ses personnages marginaux dont il rend la monstruosité glorieuse qu’il révèle les pires travers se cachant derrière la normalité et le conservatisme.

3 longs-métrage de la même période, tournés pour la majorité en 16mm et 35mm à très petits budgets, nous feront pénétrer dans la période la plus transgressive de John Waters. Notre objectif est de mettre en avant qu’un humour pervers et décadent peut être au service d’une critique acerbe de la société. Alors, quand on entendra les deux personnages baiser dans Pink Flamingos et crier « I love you more than the sound of babies crying, of dogs dying » on verra peut-être l’envers des banlieues propres avec ses bébés parfaits et ses chiens pouponnés.

TW : violence, violence sexuelle, scatophilie, inceste.