La vie après la mort + L’heure du berger

Cycle Pierre Creton

LA VIE APRÈS LA MORT, Pierre Creton, France, 2002, 35mm, 23′
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L’HEURE DU BERGER, Pierre Creton, France, 2008, 39’

J’avais littéralement organisé ma rencontre avec Jean Lambert. Dès que j’ai connu cet homme, je me mettais à redouter sa mort, n’avait-il pas tenté de m’en prévenir : « Choisir un ami si vieux ». En son absence, l’idée de sa disparition me revenait ; déjà vivant il me manquait. La nuit nous écoutions des javas jusqu’à ce que la peur se dissipe. Nous avons en tout cas bien ri devant la caméra toute seule, bêtement en train de nous filmer. Peut-être que la solitude était la chose que nous avions à partager, risiblement.

Une maison, deux amis, deux films. Jean Lambert habite Vattetot-sur-Mer où Pierre Creton s’invite en ami et cinéaste. Ensemble, filmer et écouter des polkas, coiffer et filmer, lire et filmer: dans La Vie Après la Mort, la vie et le cinéma marche main dans la main pour en quelque sorte trouver le lieu de l’amitié. Une amitié qui ne se distingue pas facilement, se montre toujours fragile, fugace: Jean Lambert meurt peu après les scènes que l’on voit et Pierre Creton rachète la maison de Jean Lambert pour y vivre et pour y tourner six ans plus tard L’Heure du Berger, film qui ne cesse de poser cette question: Qu’est-ce qui peut se mettre à exister d’un ami lorsque celui-ci n’existe plus? Plutôt que de filmer l’absence, Pierre Creton choisit d’habiter le cadre aussi bien de souvenirs et fantômes que nouvelles présences, animaux, amis, tissant un réseau d’images où passé et présent, proche et lointain coïncident. Viennent alors ces mots de Yannick Haenel à propos du film: “Pour le dire crûment : avec la mort, la séparation s’efface.”