mars 2023


Le programme du mois de mars



PLOGOFF, DES PIERRES CONTRE DES FUSILS de Nicole Le Garrec

SOUTIEN AUX CAISSES DE GRÈVES CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES


Cette projection est à l'initiative du ciné-club MBK - Metro Boulot Kino - en soutien aux caisses de grève contre la réforme des retraites en France. Elle se fait aussi avec la complicité des Mutins de Pangée, coopérative audiovisuelle militante, qui nous a généreusement permis de choisir un film dans leur catalogue. Ainsi, on a décidé de montrer PLOGOFF, DES PIERRES CONTRE DES FUSILS de Nicole Le Garrec, film magnifique de résistance. Ça faisait longtemps qu’on souhaitait le projeter et il nous semble que cette occasion est la bonne. S’il n'est pas explicitement question de travail et de retraite dans le film, il n’en reste pas moins qu’il y a la nécessité de la lutte contre la violence d’État.

ICI ET AILLEURS, Anne-Marie Miéville, Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin

L’USINE CONTRE L’APARTHEID ISRAÉLIEN


Pour soutenir la résistance du peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté, l’égalité et la justice, le collectif Apartheid Free Zone Genève et l’Usine vous invitent à un weekend contre l’apartheid israélien. « Depuis l’invention de la photographie, l’impérialisme a fait des films pour empêcher ceux qu’il opprimait d’en faire. Il a fait des images pour déguiser la réalité aux masses qu’il opprimait. Notre tâche est de détruire ces images et d’apprendre à en construire d’autres, plus simples, pour servir le peuple, et pour que le peuple s’en serve à son tour. »

LA MÉMOIRE FERTILE, Michel Khleifi

L’USINE CONTRE L’APARTHEID ISRAÉLIEN


Pour soutenir la résistance du peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté, l’égalité et la justice, le collectif Apartheid Free Zone Genève et l’Usine vous invitent à un weekend contre l’apartheid israélien. Farah Hatoum, cinquante ans, vit à Nazareth, en Galilée. Sahar Khalifeh, jeune romancière palestinienne de Ramallah, vit en Cisjordanie occupée. Toutes deux, tout en étant très différentes, sont confrontées à la fois à l’occupation israélienne et aux obstacles que vivent les femmes dans les sociétés arabes. C’était la première fois qu’un réalisateur palestinien filmait lui-même son pays, à l’intérieur des frontières d’Israël d’avant 1967.

DREYER POUR MÉMOIRE – EXERCICE DOCUMENTAIRE + NAGER ; COMME SI C’ÉTAIT HIER + ISABELLE OGILVIE IN MEMORIAM

RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) - Olivier Derousseau, Isabelle Ogilvie et Anne-Marie Faux


Au départ de tout cela, il y a une immense colère adressée à l’endroit de cette France: ses surveillants, politiciens, bureaucrates, supermarchés, protocoles, mesures, réformes qui continuent encore d’aliéner le pays. Alors, toujours cette même question: comment résiste-t-on? Après avoir gueulé, essayons de se réunir avec celles et ceux qu’on ne veut pas réunir et qu’on préfère exclure. Lorsqu’on s’est entretenu avec Olivier pour préparer sa venue, il a décrit ainsi sa démarche: « C’est quoi les conditions matérielles d’élaboration d’une rencontre? Que ça ne soit pas seulement la case du programme de réinsertion mais que ça puisse effectivement transformer quelque chose en mettant un outil (le cinéma par exemple) au milieu. Et c’est précisément ça dont on est empêché très souvent et c’est ça qu’il faut construire ». En effet, dans chacun de ses films, des exercices se font, se vivent, s'éprouvent sous nos yeux, pour fabriquer un “nous”. Mais il n’y a, ici, nulle tricherie, car on voit d’abord ce qui est empêché, la communion n’est pas donnée d’emblée et sera possible qu’à certaines conditions que les films se donnent les moyens de créer. Et à nous, spectateur.ice.s et témoins, nous est donc confiée la responsabilité morale de reconnaître que la rencontre fut possible, sera dès lors encore possible et qu’il y a nécessité qu’elle reste toujours possible. C’est habité, affecté, touché par cette transmission que l’on souhaite passer ces films plus loin.

ACCOSTER + DE NOS PROPRES MAINS

RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) - Olivier Derousseau


Un départ, la fin de quelque chose. Nous devions quitter une maison promise à la démolition. Cette maison, lilloise – de bois recouverts d’une peau de briques, autrefois habitée par des bourgeois en villégiature, fut un refuge pour des gens qu’on ne tarda pas, à l’aube du XXIème siècle, à qualifier « de précaires ». Ses murs et fenêtres furent témoins d'événements heureux, de déchirures, d’arrivées impromptues, de décisions sans retour, de sommeils et de veilles indécentes, de préparations laborieuses. Je me suis mis à photographier cette maison alors qu’il fallait en partir. Il s’avère qu’à ce moment-là, la pensée et le travail de Fernand Deligny occupaient une place quotidienne. Ces phrases notamment : » Nous sommes hantés par un peuple d’images, si vous entendez hanter comme quelqu’un d’antan l’aurait entendu, c’est-à-dire habités tout simplement. Mais aussi : « le cinéma, un toit pour les images qui n’ont plus de maisons ». Un livre de Jacques Rancière aussi : « Courts voyages au pays du peuple ». Il fallait quitter une demeure à demeurés et envisager un accostage.

BRUIT DE FOND, UNE PLACE SUR LA TERRE + HIVER À VIVIERS

Olivier Derousseau - suite


Et consubstantiellement, le film se barre. Apparaît ce qui pourrait être nécessaire : une colère qui s’incarne dans la douceur et le désespoir. Colère de femme marquée par le désir et d’en finir, et pourquoi pas d’en découdre avec l’incommensurable servitude volontaire qui chaque jour nous apporte son lot de nouvelles molles et dévastatrices, même si par ici nous survivons à nos problèmes. Besoin du cinéma afin de “ diagnostiquer ” un nous en tant que quelque chose d’abord nous regarde, et voir le monde depuis le lieu fraternel, mais pas nécessairement confortable, de l’autre ; besoin du cinéma afin qu’apparaisse, comme une conséquence, une figure qui porte sa parole. Le prolétariat.

REWIND AND PLAY de Alain Gomis

SORTIES


Décembre 1969, Thelonious Monk arrive à Paris. Avant son concert du soir, il enregistre une émission pour la télévision française. Les rushes qui ont été conservés nous montrent un Thelonious Monk rare, proche, en proie à la violente fabrique de stéréotypes dont il tente de s’échapper. Le film devient la traversée de ce grand artiste, qui voudrait n’exister que pour sa musique. Et le portrait en creux d’une machine médiatique aussi ridicule que révoltante.

J’AI ÉNORMÉMENT DORMI + L’ÉTÉ DERRIÈRE LA FENÊTRE de Clara Alloing

SORTIES


Clara Alloing est une bricoleuse du son. Pour les films des autres, des créations radiophoniques et dernièrement pour ce film, J'AI ÉNORMÉMENT DORMI, qu’elle a réalisé elle-même. Dès lors, c’est d’abord par le son que l’on souhaite introduire le travail de Clara. C’est pourquoi on fera entendre dans le noir de la salle sa pièce sonore, L’ÉTÉ DERRIÈRE LA FENÊTRE. On a encore jamais eu l’occasion de le faire, mais on y a souvent songé: plonger la salle dans le noir et se mettre simplement à l’écoute pour faire expérience de cinéma mais autrement. L’enregistrement de voix et gestes d’enfants dits autistes qui nous est donné nous laisse entrevoir ou imaginer leur relation au monde. De cette relation au monde, il en est également question dans le film J'AI ÉNORMÉMENT DORMI, qui montre une autre bricoleuse à l'œuvre, l'artiste Johanna Monnier. Ce qui compte ici n’est pas la simple présentation des sculptures, costumes ou performances de Johanna mais plutôt de saisir comment ces objets construisent un rapport à soi, aux autres, à la vie et qu’ils sont nécessaires pour ces raisons-là. Ainsi, ce film et cette pièce échappent à la catégorie du “portrait” tant il s’agit d’une fabrication commune et d’un partage de sensibilités, auxquels on aime être attentifs.

THAMPU de Govindan Aravindan

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Une troupe de cirque arrive dans un petit village côtier du Kerala et au troisième jour reprend sa route. À l’arrivée du convoi, l’imperturbable ondulation des vagues cède du terrain à l’excitation des écoliers qui voit un humble chapiteau se dresser sur un monde de cerceaux, de cordes, d’acrobates, de musiciens et d’animaux. La caméra observe cette suite d’événements sans drame, épisodes banals qui se chargent d’un ineffable magnétisme. Un plan après l’autre, nous avons le sentiment inouï de voir naître et s’épuiser dans la même temporalité la réalité et le secret de chaque geste. Thampu est une sensation : celle de voir « à plans feutrés » un film devenir une allégorie du cinéma.

USKI ROTI de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Dans Uski Roti, une jeune épouse traverse chaque jour les sentiers de campagne du Pendjab pour attendre son mari, chauffeur, à l’arrêt de bus et lui donner le pain qu’elle a patiemment pétri à cet effet. Mais l’homme la néglige, préférant boire, jouer aux cartes et entretenir une maîtresse que rentrer au bercail. L’expectative est donc l’objet de ce film à l’empreinte documentaire, imprégné du quotidien villageois, mais au déroulement inédit, car arrimé à la subjectivité angoissée de son héroïne. L’action déconstruite cède ainsi place à une sarabande de gestes, de regards, de bruits, de respirations, embrassant la condition des femmes paysannes à la façon d’une toile cubiste, où les réalités factuelles et psychiques sont présentées sur un même plan.

ASHAD KA EK DIN de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Élève de Ghatak, en rupture avec les conventions, Mani Kaul invente un cinéma formaliste dont la radicalité accomplit de surprenantes opérations. C’est bien le cas dans ce 2e film du cinéaste, qui conte l’amour de Mallika et du poète Kalidasa, appelé à la cour. Toute l’action se tient dans l’habitation de Mallika avant et après le départ de Kalidasa, simple cahute où s’enracinent la solitude de la jeune femme et la nostalgie de l’écrivain, qui a trouvé sa vocation dans ce pays de montagnes. Visages et parole, désynchronisés, racontent le vif des sentiments tandis que le monde pulse à travers les paysages, la pellicule parfois brûlée par le soleil, la suggestion sonore – surprenantes inflexions balayant un apparent hiératisme.

DUVIDAH de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Inspiré d’un conte populaire du Rajasthan, Duvidha est l’histoire du fils d’un marchand qui revient chez lui avec sa nouvelle épouse, avant d’être renvoyé s’occuper du commerce familial. Un fantôme tombe amoureux de la jeune femme, prenant l’apparence de son mari absent, et vit avec elle. Celle-ci met au monde un enfant.

MOSES UND ARON

SUITE DE L’INTERNATIONALE HUILLET ET STRAUB


Moïse et Aaron fut entièrement tourné en son direct dans l’amphithéâtre romain d’Alba Fucense, dans les Abruzzes. Et, en cela, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet innovent complètement. Comme Le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch. Comme le fameux Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp. Comme le silence de John Cage. Nos deux cinéastes mettent K.O. tous ces films qui collent de l’opéra sur des images muettes. Les acteurs-chanteurs ne miment pas les chansons, mais chantent directement pendant que la musique, enregistrée préalablement, durant six semaines !, est entendue par chacun des chanteurs à l’aide d’écouteurs dissimulés et ils sont filmés dans de longs plans souvent fixes. Moïse et Aaron, le film, en disant : « Tchao, play back » restitue à l’opéra sa grandeur, sa vérité, que dis-je ?, sa dimension biblique.

CINQ COURTS MÉTRAGES DE RAYANE MCIRDI

BRASIER # 4 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA CUNHA


Rayane Mcirdi, par son travail, permet la constitution d’une archive filmique faite par les habitants eux-mêmes, d’un territoire considéré en périphérie ou en marge. A l’opposé des films dits de banlieue, Rayane Mcirdi rassemble les fragments souvent intimes d’un passé, d’un présent et d’un futur constitutifs d’une narration nouvelle.

OUVERTURE D’UN BEAU BEAU CYCLE <3

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan ON NE PEUT MALHEUREUSEMENT PAS VOUS DIRE CE QU’IL Y AURA CE SOIR LÀ, QUELQUE CHOSE DE BEAU ASSURÉMENT ET ACCOMPAGNÉ D’UN BON REPAS