ASHAD KA EK DIN de Mani Kaul


dim. 19 mars 2023   17h00
jeu. 23 mars 2023   20h30
Cycle

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan

ASHAD KA EK DIN (UN JOUR AVANT LA SAISON DES PLUIES), Mani Kaul, Inde, 1971, 114′, Vo, sous-titré français

Élève de Ghatak, en rupture avec les conventions, Mani Kaul invente un cinéma formaliste dont la radicalité accomplit de surprenantes opérations. C’est bien le cas dans ce 2e film du cinéaste, qui conte l’amour de Mallika et du poète Kalidasa, appelé à la cour. Toute l’action se tient dans l’habitation de Mallika avant et après le départ de Kalidasa, simple cahute où s’enracinent la solitude de la jeune femme et la nostalgie de l’écrivain, qui a trouvé sa vocation dans ce pays de montagnes. Visages et parole, désynchronisés, racontent le vif des sentiments tandis que le monde pulse à travers les paysages, la pellicule parfois brûlée par le soleil, la suggestion sonore – surprenantes inflexions balayant un apparent hiératisme.





LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan

La restauration récente des films de Govindan Aravindan et Mani Kaul et leur sortie en France ont permis à ce que ces films nous tombent dessus. Govindan Aravindan et Mani Kaul sont indiens. Ils ont participé dans le début des années 70 à ce qu’on a appelé “le cinéma parallèle”, forme de “nouvelle vague” indienne, particulièrement riche et complexe. Sur le contexte, on n’en sait pas tellement plus. Car on s’est finalement suffi à ce qu’il y a à l’écran. Leurs films sont modestes, du point de vue des moyens mobilisés, du décor, de l’intrigue. Mais dans ce cadre minimal, c’est comme si le monde, les millénaires pouvaient s’y engouffrer. Dans Thampu de Govindan Aravindan, la seule décision de suivre une troupe de circassiens du Kerala est prétexte à embrasser plus large: les spectateur.ice.s, les enfants, un musicien, la rivière, les arbres, les animaux, la nuit, le jour, le temps qui passe. Dans Un jour avant la saison des pluies de Mani Kaul, le décor se résume à l’intérieur d’une seule maison: lieu rendu illimité et inépuisable par la mise en scène, source de tous les récits et de tous les imaginaires. Les quatre films de ce programme prennent la forme de contes et nous, devant cela, éprouvons simplement cette joie infantile de se laisser bercer par des histoires.

J’ai dit : « Ton visage est comme un paysage, l’arbre aussi. » Mais elle a cru que j’essayais de l’abaisser au niveau d’un arbre. J’ai dit qu’au contraire, j’essayais de regarder l’arbre comme je la regardais, elle. Alors, elle a été contente. Vous verrez, je pense, que c’est ainsi que ça se passe dans mes films. Mani Kaul