Rencontre avec Wassyla Tamzali


mar. 7 nov. 2023   18h30
Cycle

un programme de Léa Morin

mar. 7 nov. 2023, 18:30 à la Librairie la Dispersion: Présentation du livre EN ATTENDANT OMAR GATLATO par Wassyla Tamzali


WASSYLA TAMZALI, QUI SOMMES-NOUS SANS UNE NARRATION ?

18:30 à la Librairie la Dispersion: Présentation du livre EN ATTENDANT OMAR GATLATO, Sauvegarde (éditions Motifs, Archives Bouanani et Talitha, 2023)

20h00 au Spoutnik: repas, loubia et tajine par Taki Djennane

21h00 au Spoutnik: LA ZERDA de Assia Djebar (1982, Algérie, 60 min)
présentée par Wassyla Tamzali

en collaboration avec la Librairie La Dispersion, Rue des Vieux-Grenadiers 10
1205 Genève

À Alger, dans les années 1970, Wassyla Tamzali et sa bande d’amis fréquentent quotidiennement la Cinémathèque algérienne, espace unique de débats et de cinéphilie au cœur d’Alger. Ils vibrent au rythme des cycles de films, des rencontres avec les cinéastes invités avec un engagement collectif pour un cinéma nouveau.
« C’est toujours avec inquiétude, passion (donc amour) que nous nous asseyons dans les salles obscures et attendons des réponses aux questions qu’à tous les instants nous nous posons dans la vie, dans nos rapports aux autres, dans la rue et dans les maisons, nos rapports aux institutions et à nous-mêmes. »
Dans son essai SAUVEGARDE (2023), nouvelle préface pour la ré-édition de son livre sur les cinémas algériens et tunisiens EN ATTENDANT OMAR GATLATO (1979), Wassyla Tamzali interroge la jeune femme qu’elle était dans les années 1970 à Alger, ses rêves de révolution, ses amitiés cinématographiques, ses projets inachevés. Elle y parle aussi du cinéma contemporain algérien, de Assia Djebar (« elle a la voix de Delphine Seyrig »), de Jocelyne Saab (« ce petit bout de femme » qui les a tant impressionné), de leurs voyages pour porter la bonne parole de la révolution algérienne et surtout de la Cinémathèque d’Alger (« la scène où nous écrivions le scénario de nos vies, les mettions en scène et les jouions. »), laboratoire de la culture post-indépendance.

LA ZERDA de Assia Djebar (1982, Algérie, 60 min)

A partir de séquences d’archives coloniales, l’écrivaine Assia Djebar compose un essai où la bande-son révèle ce que les images ne disent pas.

« Montage des premières images de l’Algérie conquise à partir d’archives, (le film) montre ce processus de dépossession après l’inouïe violence de la conquête, que certains avec raison appellent le projet génocidaire de la France en Algérie. Le peu qui reste des cultures traditionnelles, cérémonies, danses, chants de fête ou de mort, se sont figés dans un folklore de parades (…) Le film montre les ravages du regard de l’autre quand il est celui du colonisateur.
La colonisation a plongé le peuple algérien dans un silence sidéral que les bruits et la fureur répétés inlassablement de son histoire ne peuvent combler. Il était urgent d’ inventer nos images. Le cinéma, comme la littérature et la culture en général, avait un rôle majeur dans ce processus de réparation.» W.T.





LÉA MORIN: PRENDRE SOIN DES RÉCITS MULTIPLES ET ABÎMÉS DU CINÉMA

Éditer, restaurer, archiver.
Du papier, de l’encre, de la pellicule et des boîtes
prendre soin des récits multiples et abîmés du cinéma

Un programme de Léa Morin
Une rencontre avec Wassyla Tamzali
co-organisé avec la librairie La Dispersion

MA 7, ME 8, JE 9 NOVEMBRE

Léa Morin est une chercheuse-passeuse. Elle réédite des textes, restaure des films oubliés, remobilise des cinéastes ignoré.x.e.s. Ses recherches s’orientent vers un cinéma cinéma en lutte, un cinéma de décolonisation, un cinéma “contre les récits et modèles autoritaires (coloniaux, étatiques, capitalistes, patriarcaux)”. Depuis plusieurs années nous rêvons de l’inviter au Spoutnik. Et cela arrive enfin. Le temps de 3 soirs en novembre. L’occasion d’accueillir aussi Wassyla Tamzali, écrivain algérienne, qui présentera son livre à la Librairie La Dispersion ainsi qu’un film au Spoutnik.
Tom et Nathan

Les gestes de l’édition, de la recherche, de la restauration, de l’archivage, particulièrement lorsqu’ils sont menés en militance et en collectif, nous permettent d’aller dans les écarts, les creux et les absences, pour prendre soin des récits multiples et abîmés du cinéma.
Un livre sur les cinémas algériens et tunisiens post-indépendance qui a failli finir au pilon, un ciné-manifeste féministe en 16mm longtemps égaré, un ciné-cri anti-colonial rejeté et méprisé, une oeuvre de lutte, invisibilisée et oubliée, bien que populaire, ou encore un film dont la France refusera la langue (le créole) jusque dans son titre.
Des œuvres qui auraient tout aussi bien disparaître.
En Algérie, à La Réunion, dans le Paris colonial ou celui « des immigrés » de la Goutte d’Or.
Et pourtant, ce papier, cette encre, ces boîtes, ces bobines et ces pellicules survivantes, portent dans leur matière même la puissance d’un désir de cinéma, d’une volonté de lutter, et de s’opposer aux récits coloniaux et dominants. Par la fabrication d’un nouvel imaginaire et d’un langage propre, qui raconte les sociétés dans leurs complexités.
Prendre soin de cette matière – l’éditer, la restaurer, l’archiver, la porter -, c’est aussi prendre le temps d’écouter ses récits, ses blessures et son intimité, de l’accueillir et la préserver, en lui inventant de nouveaux espaces de rencontres et de vie.
Comme celui de la séance de cinéma.
Léa Morin