Le silence autour de Christine M. de Marleen Gorris

On réouvre!

LE SILENCE AUTOUR DE CHRISTINE M., Marleen Gorris, Pays-Bas, 1982, 92’, Vo, sous-titré français

Les premières minutes du Silence autour de Christine M. (1982) de Marleen Gorris laissent présager un téléfilm des plus basiques, de ceux qu’on peut voir à toute heure et sur toute chaîne encore aujourd’hui.
La fin, à l’image de sa réception lors de sa sortie, déchaîne les passions. Éclats de rire et crises de colère se font face.
Le propos du film est des plus limpides: trois femmes étrangères l’une de l’autre assassinent un homme dans une boutique de vêtements. Si chacune d’elles reconnaît son acte, elles n’en donnent pas les raisons psychologiques. C’est que le système judiciaire attend à minima que ces femmes soient folles et le reconnaissent. La psychiatre engagée à des fins de validation de cette thèse se heurte à tout autre chose. Les trois protagonistes sabotent le langage. L’une se mure dans le silence, l’autre digresse tandis que la dernière serpente autour des questions. Le film procède alors par touches via le flash-back pour donner à voir le quotidien de ces femmes. Laissant par là prendre la mesure de la violence patriarcale à laquelle elles sont sujettes. On comprend dès lors que le crime, non prémédité, aurait pu surgir n’importe où, n’importe quand et à l’égard de n’importe homme.
Lors du procès, lorsque le procureur s’ose à imaginer que ce crime ait pu être commis par des hommes contre une femme, les accusées basculent du silence vers un rire carnavalesque. Rire qui contamine le reste de l’audience féminine et renvoie la partie adverse à sa bêtise, inversant définitivement le rapport de force.

Silence can be a plan
rigorously executed

Do not confuse it
with any kind of absence
Cartographies of Silence, Adrienne Rich