Les Ambassadeurs de Naceur Ktari + Nar par l’agence


jeu. 9 nov. 2023   20h30
Cycle

Un programme de Léa Morin

CINÉMA, OUTIL ANTI-RACISTE

LES AMBASSADEURS
Naceur Ktari, France-Tunisie, 1976, 102 min

+ NAR (le feu), agence IM’média, 2023, 3′

Poussé par la révolte, suite au meurtre raciste de Djelali Ben Ali (15 ans) en 1971 , le cinéaste tunisien Naceur Ktari (alors étudiant à Paris) va mener une longue enquête dans le quartier parisien de la Goutte d’or, auprès des travailleurs immigrés. De cette recherche documentée va naître le scénario de Les Ambassadeurs, qui suit les scènes du quotidien et les destins enchevêtrés de plusieurs habitant.e.s du quartier qui font face au racisme quotidien. Que ce soit à l’école, dans la rue, au chantier, au bistrot, dans les commerces ou dans les immeubles, les paroles, gestes et regards de l’indifférence font face à ceux de la solidarité et de la colère qui s’installe. Ktari voulait réaliser un film populaire d’incitation à la lutte. Ignoré par les jurys de Cannes sûrement « incommodés par la banalité meurtrière du petit racisme français » selon le critique Ignacio Ramonet, le film remporte le Tanit d’Or aux Journées Cinématographiques de Carthage (JCC 1976) et une mention spéciale à Locarno (1976) .

Séance précédée de Nar (Le Feu) 2023, 3 min , un clip d’une chanson du groupe Carte de Séjour (toujours d’actualité) en hommage à Rachid Taha & Mohammed Amini, réalisé par l’agence IM’média





LÉA MORIN: PRENDRE SOIN DES RÉCITS MULTIPLES ET ABÎMÉS DU CINÉMA

Éditer, restaurer, archiver.
Du papier, de l’encre, de la pellicule et des boîtes
prendre soin des récits multiples et abîmés du cinéma

Un programme de Léa Morin
Une rencontre avec Wassyla Tamzali
co-organisé avec la librairie La Dispersion

MA 7, ME 8, JE 9 NOVEMBRE

Léa Morin est une chercheuse-passeuse. Elle réédite des textes, restaure des films oubliés, remobilise des cinéastes ignoré.x.e.s. Ses recherches s’orientent vers un cinéma cinéma en lutte, un cinéma de décolonisation, un cinéma “contre les récits et modèles autoritaires (coloniaux, étatiques, capitalistes, patriarcaux)”. Depuis plusieurs années nous rêvons de l’inviter au Spoutnik. Et cela arrive enfin. Le temps de 3 soirs en novembre. L’occasion d’accueillir aussi Wassyla Tamzali, écrivain algérienne, qui présentera son livre à la Librairie La Dispersion ainsi qu’un film au Spoutnik.
Tom et Nathan

Les gestes de l’édition, de la recherche, de la restauration, de l’archivage, particulièrement lorsqu’ils sont menés en militance et en collectif, nous permettent d’aller dans les écarts, les creux et les absences, pour prendre soin des récits multiples et abîmés du cinéma.
Un livre sur les cinémas algériens et tunisiens post-indépendance qui a failli finir au pilon, un ciné-manifeste féministe en 16mm longtemps égaré, un ciné-cri anti-colonial rejeté et méprisé, une oeuvre de lutte, invisibilisée et oubliée, bien que populaire, ou encore un film dont la France refusera la langue (le créole) jusque dans son titre.
Des œuvres qui auraient tout aussi bien disparaître.
En Algérie, à La Réunion, dans le Paris colonial ou celui « des immigrés » de la Goutte d’Or.
Et pourtant, ce papier, cette encre, ces boîtes, ces bobines et ces pellicules survivantes, portent dans leur matière même la puissance d’un désir de cinéma, d’une volonté de lutter, et de s’opposer aux récits coloniaux et dominants. Par la fabrication d’un nouvel imaginaire et d’un langage propre, qui raconte les sociétés dans leurs complexités.
Prendre soin de cette matière – l’éditer, la restaurer, l’archiver, la porter -, c’est aussi prendre le temps d’écouter ses récits, ses blessures et son intimité, de l’accueillir et la préserver, en lui inventant de nouveaux espaces de rencontres et de vie.
Comme celui de la séance de cinéma.
Léa Morin