MARSEILLE – POLYGONE ÉTOILÉ, CINÉMA INTERNATIONAL DE QUARTIER
DU 30 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE
C’est reparti !
Cette année, la 17e Semaine Asymétrique se dédouble et nous fait voyager d’un cinéma à un autre, de Marseille
à Genève. Une partie des films sera donc montrée au Polygone Étoilé du 30 novembre au 3 décembre, et une autre au Spoutnik, où les programmateurs Tom Bidou et Nathan Lachavanne nous invitent du 14 au 17 décembre pour fêter la fin de leur mandat.
La Semaine Asymétrique est une rencontre turbulente entre cinéastes et public. Des films, des repas, des tables, des canapés. Des horaires de projections indicatifs et pas toujours respectés, pour laisser aux débats le temps dont ils ont besoin. Pas de compétition ni de sélection selon des critères esthétiques ou thématiques : les films sont le plus souvent proposés par les cinéastes, qui sont idéalement présent·e·s tout au long de la semaine, pour les accompagner et regarder ceux des autres. Embarquer, c’est mettre au travail la réflexion et la parole, parfois laisser le silence exister: du matin au soir, un remuant équipage se forme dans la circulation des images, des sons et des pensées.
La Semaine Asymétrique s’adresse à tous·tes : à celles et ceux qui fréquentent le Polygone Étoilé toute l’année, une fois par an, ou le découvrent. Depuis plus de vingt ans, les cinéastes et leurs histoires débarquent et repartent, ou bien reviennent et restent. Situé dans le quartier de la Joliette, ce lieu hors capitale ressemble à sa ville, à son histoire,
à sa tradition d’accueil. Au pied de la cité Massabo, un cinéma international de quartier s’est amarré durablement, en face d’une multitude de fenêtres et de sons quotidiens. C’est une école de cinéma atypique, où l’on peut frapper à la porte, où des rencontres se tissent.
Le Polygone Étoilé est porté par une brassée de bénévoles, de services civiques de tous horizons et, ces dernières années, par trois salarié·es. Le foisonnement d’un collectif mouvementé et sa détermination à faire tenir ce cinéma associatif lui ont permis de traverser de nombreuses tempêtes : un risque de fermeture en 2019 suite à des baisses de subventions ou, plus récemment, la vente du lieu par sa propriétaire. La Ville a répondu à notre appel et porte une grande attention à notre action. Nous travaillons ensemble depuis quelques mois en vue de ce rachat. Des nouvelles concrètes sont à venir tout début 2024…
Quelques repères : À Marseille, première soirée avec
Le Bateau de l’exil de Jocelyne Saab, qui filme le départ de Beyrouth de Yasser Arafat et des fedayin en 1982, puis Si je t’oublie d’Olivier Derousseau et Stéphanie Béghain, qui donne à entendre le poème « Et la terre se transmet comme la langue » de Mahmoud Darwich. Un rappel historique
et de la poésie, pour participer au fragile mouvement qui fait entendre d’autres voix que les aboiements politico- médiatiques, alors qu’on assassine le peuple palestinien.
L’histoire du Polygone Étoilé, c’est aussi celle des ateliers cinématographiques, des rencontres entre cinéastes et habitant·e·s du quartier. La force des liens tissés ces dernières années a rendu possible un voyage en Italie cet été, où a été tourné un film en 16mm, Spaesamento. Sophie Amrani, Nicolas Bergamaschi, Kaïs Bouziad, Claudia Mollese, Matti Sutcliffe, Rouaida Youssouf et Serena Zaira nous présenteront cette fiction qui panse ailleurs les drames trop réels qui se jouent ici.
On clôturera la Semaine Asymétrique par une séance “hors les murs” de Lettre à la prison de Marc Scialom au Mucem, construit à l’emplacement même du J4, lieu d’arrivée des travailleurs venus d’Afrique, où a été tournée une des scènes majeures de ce film oublié, retrouvé et restauré avec ses cicatrices par Film Flamme. Et on regardera avec Léa Morin des courts métrages des cinéastes marocains de l’école
de cinéma de !ód¬, expérimentations artistiques et luttes politiques des années 60 et 70.
Il y a bien d’autres films à découvrir ensemble… Comme d’habitude, entrez libres* !
* Libres, mais pas trop nombreux… Cette année, suite à la visite d’une commission sécurité, nous sommes malheureusement contraint·es de réduire la jauge à l’étage à 49 personnes maximum, sous peine de fermeture administrative. Nous souhaitons que la convivialité reste de mise, mais pour cela nous comptons sur vous pour respecter cette jauge !
GENÈVE – SPOUTNIK DU 14 AU 17 DÉCEMBRE
Nous voilà au bout, au bout de notre passage au Spoutnik en tant que programmateurs. On a réfléchi à comment boucler ce qu’on a essayé de tramer pendant quatre ans. Avec l’envie de réunir le monde rencontré durant ces
années et de se donner le temps de composer quelque
chose collectivement. Parmi les personnes croisées jusqu’ici, il y a toute une bande rattachée au Polygone Étoilé, cinéma international de quartier établi à Marseille. Une à deux fois par année s’y passe là-bas la Semaine Asymétrique, rencontres de cinéastes en public, qui a tout de l’anti-festival : pas de compétition, pas de billetterie, des horaires approximatifs, une cantine prix libre et de longs temps de discussion. Les cinéastes cuisinent. Les cinéastes mangent à la même table que des personnes de passage ou les habitant·e·s du quartier. Tous les films y ont le même statut: Tonino du haut de ses quatre-vingt-quatre ans et de ses milliers de films voisine avec des enfants qui montrent leurs premières tentatives. Pour y être allés plusieurs fois, on a été saisis par ces principes et cette rigueur qui ont pour seule voie
la convivialité. Convivialité qui doit permettre à toux·t·e·s d’interpeller les films, de s’en saisir, d’en parler en public.
Ces moments, là-bas, on a été heureux de les éprouver.
Alors a germé cette idée de faire voyager la Semaine Asymétrique jusqu’à nous, à Genève, dans les murs du Spoutnik. Cela va se déployer durant trois jours, du 14 au 16 décembre. La bande de Marseille va venir en nombre nous aider à faire tenir tout cela debout. Puis, il y aura aussi la venue de tous les cinéastes invités. On essaiera de s’aligner avec les principes du Polygone Étoilé : des films et des discussions
du matin au soir, des ami·x·e·s qui font à manger pour tout le monde, du débordement et du vin bon et pas trop cher.
Enfin, il y a encore le désir de faire la fête. Attention. Fête toute particulière. Un dimanche. Le 17. Dès 15h. Pas en ville mais au loin, chez nos ami·x·e·s de la ferme de la Touvière. De la raclette et un minestrone. Et un duo de musiciens, Stefano Valla (au piffero) et Nicolò Mandirola (à l’accordéon) pour faire de ce moment un bal. Leur musique, issue de la culture populaire des Apennins, en Italie, on l’écoute depuis longtemps dans notre salon et on se réjouit énormément de cette rencontre.