Décembre 2022


Vous savez, on en a parlé en juin dernier, il y a ce cinéma, ce cinéma international de quartier, à Marseille, Le polygone étoilé, son nom vient d’un livre de Kateb Yacine. Enfin, dans ce cinéma, début décembre, il y a la semaine asymétrique, ce non-festival de cinéma. NON NON NON NON aux festivals de cinéma. NON NON NON NON… Là-bas, il y aura Maya, amie et projectionniste du Spoutnik, qui y montrera un film qu’elle a fabriqué dans le froid en même temps qu’elle projetait dans le froid l’hiver dernier. Ce film - AGITER LA RUE - revient sur le moment où on était fermé dedans mais ouvert dehors, en raison du pass sanitaire. Maya est venue avec sa caméra dans un moment où on se posait ces questions: qu’est-ce que ça ferait si, parfois, des images et des sons émergeaient de ces formes d’organisations collectives, sans seulement atterrir sur instagram? Est-ce encore simplement possible? Comment rendre cela encore possible? Le souhaite-t-on encore? Puis, ces images ont fait une sieste quelque temps avant de passer par l’opération de montage (beau souci). Ces images, une fois tressées avec des voix enregistrées plus tard, on peut s’y retrouver devant et revoir, revenir, repenser, reréfléchir, enfin une quantité de re re re re pour continuer d’avancer. À Genève, ce film passera le mercredi 14 décembre, au chaud, dans les murs du Spoutnik. Mais encore. Toujours un peu traversé par cette nostalgie de ce temps où on déménageait notre arsenal de projection de lieux en lieux, on renoue ce mois-ci avec l’itinérance, chez nos camarades de Bongo Joe Records. Ce sera le lundi 5 décembre. Avec deux films de Les Blank, cinéaste auquel on est très attachés, qui n’a jamais abandonné les communautés, les minorités, les diasporas, chez qui on ne cesse de bouffer et jouer de la musique. Joie aussi de savoir qu’à la suite de la projection, Bébé Belge jouera quelques morceaux de musique Cajun. On vous soumet aussi un merveilleux cadeau, le retour de Jean Fléchet, avec son TRAITÉ DU ROSSIGNOL. En octobre, ce film a rencontré zéro personne au Spoutnik, alors on lui donne une nouvelle chance le 12 décembre. Dans cette idée de générosité renouvelée, on remontre aussi le film brésilien MATO SECO EM CHAMAS. C’est qu’on a croisé du monde qui nous a dit ne pas avoir trouvé le temps de le voir en novembre. On donne ainsi deux nouvelles occasions de l'apercevoir: les 6 et 8 décembre. On a jusqu’ici eu une peine énorme à le faire mais on aimerait que notre programmation se décentre un peu, s’ouvre à une autre sensibilité, à d’autres cinéma. Ça commence le 9 décembre avec une et probablement plusieurs cartes blanches à Erika qui a rejoint l’équipe du Spoutnik. Elle a choisi MADAME SATA de Karim Aïnouz, que l’on projettera en 35mm. Terminons cet édito avec les beaux mots d’Erika: Carte blanche à noircir Une invitation (une occupation) qui sonne comme un défi (les cinémas désertés) ou comme un appel à joindre nos voix pour un retour dans les salles obscures, il faut que les cinémas vivent que ces lieux magiques redeviennent populaires, que ça survive (comme les lucioles) qu’on se retrouve pour partager des films, des bouffes, des conversations infinies dans le noir des salles et de la nuit. Tom et Nathan



LE TRAITÉ DU ROSSIGNOL

UN FILM DU POÈTE-BRICOLEUR OCCITAN JEAN FLÉCHET


C’est à la faveur d’une homonymie que le récit s’amorce (le mot rossignol désigne à la fois l’oiseau aux trilles mélodieuses et un jeu de clefs pour crocheter les serrures). Muni d’un magnétophone, Vigo, jeune homme nonchalant, se rend dans le Vaucluse pour enregistrer le chant du rossignol à la demande d’un compositeur de musique électronique et rencontre, le temps d’une nuit printanière, dans une demeure abandonnée, deux voleuses, Mélanie et Lela, à la recherche d’on ne sait quoi. Cette rencontre impromptue sera ponctuée d’apparitions cocasses : un cycliste-randonneur extrêmement fatigué ; un vendeur d’édredons péremptoire accompagné de son épouse endormie, arrivés tous deux en hélicoptère ; une assemblée de villageois qui se barbouille de miel ; le père de Mélanie, ami des commissaires et des procureurs, en proie au délire verbal ; une figure féminine mystérieuse qui personnifie la chouette. Dans la pénombre éclairée de bougies, la fable est placée sous l’invocation magique du vieux Voronov, l’ancien propriétaire russe de la demeure, possesseur d’un jardin fruitier fabuleux.

Deux films de Les Blank + Bébé belge (concert)

À BONGO JOE RECORDS


La musique, la bouffe, les communautés, tels sont les motifs que l’on retrouve dans tant de films de Les Blank et sa bande. On a définitivement un faible pour ce cinéaste, qui a sillonné les États-Unis et s’est arrêté là où ça vibre à partir de peu de choses, là où ça continue de vivre autour de pratiques simples et rudimentaires. Très récemment, on a vu deux autres de ses films: THE BLUES ACCORDIN’ TO LIGHTNIN’ HOPKINS (1968) et DRY WOOD (1973). Le premier est un magnifique portrait du bluesman texan Lightnin’s Hopkins quand le deuxième est celui de deux musiciens cajuns, “Bois sec” Ardouin et Canray Fontenot. Ce qui nous touche aussi, c’est que ces musiciens ne sont jamais sur scène, mais toujours dans une cuisine, dans un jardin, auprès d’un feu ou d’une rivière. Voir ses films, ça nous a fait pensé au magasin et label Bongo Joe, lui aussi sensible à cette musique et à ses formes de partage. Alors, on est heureux de trimballer notre projecteur jusque chez eux une nouvelle fois. Heureux aussi de savoir que le trio Bébé Belge viendra jouer quelques morceaux issus du répertoire cajun et créole après les films.

MADAME SATA de Karim Aïnouz

BRASIER # 1 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA DA CUNHA


Carte blanche à noircir Une invitation (une occupation) qui sonne comme un défi (les cinémas désertés) ou comme un appel à joindre nos voix pour un retour dans les salles obscures, il faut que les cinémas vivent que ces lieux magiques redeviennent populaires, que ça survive (comme les lucioles) qu’on se retrouve pour partager des films, des bouffes, des conversations infinies On va commencer avec Madame Sata parce que ce film inspiré d’une histoire réelle donne de la force, de la joie et de la rage. Joao Francisco dos Santos, le personnage principal, donne envie de se battre (au propre et au figuré) avec toute la folie qu’on porte en nous, avec intégrité, parfois avec violence mais jamais dans la complaisance. Le film est très beau, et comme on a de la chance, la version qu’on projettera est en pellicule 35mm. Un petit repas sera prévu avant la proj.

AGITER LA RUE, Maya Corboud

Spoutnik le pass


Il y a un peu plus d’un an, rentrait en vigueur le pass sanitaire. Nous - l’association du cinéma Spoutnik - nous y sommes opposé.e.s en déplaçant les projections en plein air, là où il était encore possible de se réunir sans exercer de contrôle. Ainsi, nous avons trimbalé notre écran à beaucoup d’endroits à Genève et ailleurs en Suisse romande. À ces occasions, Maya, amie et projectionniste, a enregistré des images, au coin du feu, au coin de l’écran, à ras le bitume et plus tard, a enregistré les voix de quelques un.e.s qui étaient là pendant ces projections. Cette expérience de cinéma itinérant et les questions que cela a laissé en suspens, Maya les a rebricolé dans un film, AGITER LA RUE.

SOIRÉE DÉDIÉE À LA GRANDE TRIPLE ALLIANCE INTERNATIONALE DE L’EST

FILM + DISCUSSION + CONCERT EN COLLAB AVEC LE REZ


Organisme protéiforme, sans visage, chétif et paranoïaque, La Grande Triple Alliance Internationale De l’Est n’existe pas. Dans les années 2000, un puissant flux de cellules hermaphrodites venimeuses a d’abord été observé dans les villes de Metz et Strasbourg avant de contaminer de larges zones circonscrites du tissu occidental et oriental. Le centipède vertical à 3 branches n’aurait pas voulu naître, tout comme il aurait bien laissé crever les organes d’une contre culture agonisante au lieu de lui délivrer un ultime électrochoc. Blague de mauvais goût, intrinsèquement éphémère, rigoureusement éternelle, la GTAIE continue aujourd’hui de perpétrer le crime, parfois dans la lumière, toujours en souterrain. Il suffit de vous regarder dans la glace chaque soir pour vous en convaincre. Ce film tente de raconter comment cette histoire aurait pu être évitée. Un film de Nicolas Drolc et Guillaume Marietta

ALL THAT IS SOLID + BLACK CODE/CODE NOIR + EVIDENCE OF THINGS UNSEEN BUT HEARD + THE WAKE

4 films de Louis Henderson - en collaboration avec le département cinéma de la HEAD-Genève


Louis Henderson, né au Royaume-Uni en 1983, est cinéaste. Il est diplômé du London College of Communication, du Fresnoy - Studio des arts contemporains et de l'Ecole Européenne Supérieure de l'Image d'Angoulême-Poitiers. Ses films, textes et performances travaillent sur le mode de l'archéologie de l'image, réfléchissant aux nouvelles matérialités d'Internet et à la possibilité d'une résistance techno-animiste au néocolonialisme. Il a présenté son travail à de nombreuses occasions et notamment au IFFRotterdam, à CPH:DOX, Transmediale Berlin; Kiev Biennial (2015); Centre Pompidou, Tate Modern London etc. Après plusieurs films courts, il travaille actuellement sur son premier long métrage, "Ouvertures", basé sur une relecture de la révolution haïtienne, de ses grands héros et de la persistance de leur héritage dans les corps et les esprits de la jeunesse du pays aujourd'hui. Il vit et travaille à Paris.

NO APOLOGIES

projection organisée par la CUAE


Des hommes noirs, menacés par la police et stigmatisés par la population, se rassemblent dans un lieu autogéré au coeur de la ville. Ils témoignent de leur quotidien et revendiquent leurs identités, sans avoir à s’excuser de ce qu’ils sont. Le film décrit l’état de siège physique et mental des Noirs en situation précaire à Lausanne. Confronté à d’évidentes nécessités de protection de l’anonymat et à l’impossibilité de filmer dans la rue, No Apologies s’est constitué autour d’un dispositif permettant aux protagonistes de s’exprimer librement.

AUDITE CAMERA OBSCURA 5.1


SZKMD & Cinéma Spoutnik présentent! audite camera obscura 5.1 - troisième édition Une dizaine d'artistes présentent des pièces sonores courtes en surround 5.1 dans la salle du cinéma Spoutnik. Originales, maîtrisées ou expérimentales, les pièces sont pensées pour le dispositif de spatialisation utilisé dans les cinémas d’aujourd’hui (dit 5.1 surround: trois sources venant de face, deux surround à l’arrière, et un caisson de basse). La position assise dans le noir et orientée face à un écran permet une écoute soutenue et non perturbée.