ALL THAT IS SOLID + BLACK CODE/CODE NOIR + EVIDENCE OF THINGS UNSEEN BUT HEARD + THE WAKE

lun. 19 déc. 2022 20h30
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4 films de Louis Henderson - en collaboration avec le département cinéma de la HEAD-Genève
lun. 19 déc. 2022, En présence du réalisateur
4 films de Louis Henderson
séance organisée avec le département cinéma de la HEAD-Genève
ALL THAT IS SOLID, Louis Henderson, 2014, France, 15’
Esquissée avec son précédent film « Lettre du Voyant », Louis Henderson poursuit ici son archéologie d’Internet comme nouvel espace d’exploitation mais aussi territoire possible des puissances animistes et des luttes anti-coloniales. En s’intéressant aux exploitations minières au Ghana et à la décharge de produits électroniques d’Agbogbloshie, à Accra, All That Is Solid construit une mise en abyme critique visant à dissiper le mythe capitaliste de l’immatérialité des nouvelles technologies et renvoie le « Cloud » à ses origines minérales.
Alors que les progrès technologiques ne cessent de s’accélérer en Occident, d’énormes piles d’ordinateurs obsolètes sont jetées et recyclées. Mises hors de vue et envoyées sur la côte de l’Afrique de l’Ouest, ces machines sont jetées sur des terrains vagues comme à Agbogbloshie – Accra, au Ghana. A leur arrivée, les e-déchets sont récupérés par des jeunes hommes qui cassent et brûlent le plastique afin de récupérer le précieux métal qu’il contient. A terme les métaux sont vendus, refondus et reforment de nouveaux objets qui seront eux-mêmes commercialisés – c’est un étrange système de recyclage, une forme d’exploitation minière néocoloniale renversée, dans laquelle les africains cherchent des ressources minérales dans des matériaux venus d’Europe. En mettant à jour ce processus, All That Is Solid souligne l’importance de la dissipation du mythe capitaliste de l’immatérialité des nouvelles technologies.
BLACK CODE/CODE NOIR, Louis Henderson, 2015, France, 21’
Black Code / Code Noir rassemble des géographies et des temporalités disparates dans une approche critique de deux évènements récents : les meurtres respectifs de Michael Brown et Kajieme Powell par des officiers de police dans le Missouri, aux Etats-Unis, en 2014. Empruntant une perspective archéologique pour étudier ces meurtres, le film s’intéresse au matériel audiovisuel disponible et trace une route au travers l’Histoire pour saisir les origines complexes de ces tragédies. Arguant que derrière ce présent se cache une histoire sédimentée de l’esclavage conservée par les lois du Black Code écrites pour les colonies dans l’Amérique du XVIIème siècle, le film suppose que ces codes se sont transformés en algorithmes qui guident les analyses des banques de données de la police et président aujourd’hui au contrôle nécropolitique des afro-américains.
Dans un détournement historique vers un passé-futur, ce projet s’intéresse aux origines animistes de la révolution haïtienne comme symbole d’un futur possible. Si le Code Noir était la forme originelle de la gouvernance algorithmique alors la révolution haïtienne fut la première occurrence de son hacking. Aujourd’hui encore ne serait-elle pas un imaginaire capable de déconstruire ce code en le piratant ?
EVIDENCE OF THINGS UNSEEN BUT HEARD, Louis Henderson, 2018, 20’
Louis Henderson’s Evidence of Things Unseen But Heard draws a relation between technologies of state surveillance against black communities in Bristol, the rise of sound system culture, and the exceptional character of “Bristol sound”. Shot around the St Pauls neighbourhood, while reflecting on Bristol’s history, which heavily rests on plantation labour and slavery, Henderson stitches a sonic archaeology through archival photographs of the St Pauls carnival and the direct aftermath of the riots of 1980.
THE WAKE, Louis Henderson, Haiti, France, États-Unis, 2021, 35’
Night has fallen on a burning world. Demonstrations, earthquakes, forest fires––fire is everywhere. Fire of struggles and pains, of rebirth and chaos. Men and women speak and de-speak from different places to honor the dead and save what remains of the living. As General Feu struts around in the middle of the scene and his interpreter repaints the outskirts of the world in the color of flames, the assembly tries to resist madness and see a new day rise. The Wake is an installation composed from research on the space of the night as a possible place of re-composition of a community that dreams of flight, of travel, of alliances between diasporas and the restless souls that haunt our electronic worlds. (The Living and the Dead Ensemble)
LOUIS HENDERSON
Louis Henderson, né au Royaume-Uni en 1983, est cinéaste.
Il est diplômé du London College of Communication, du Fresnoy – Studio des arts contemporains et de l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême-Poitiers. Ses films, textes et performances travaillent sur le mode de l’archéologie de l’image, réfléchissant aux nouvelles matérialités d’Internet et à la possibilité d’une résistance techno-animiste au néocolonialisme. Il a présenté son travail à de nombreuses occasions et notamment au IFFRotterdam, à CPH:DOX, Transmediale Berlin; Kiev Biennial (2015); Centre Pompidou, Tate Modern London etc. Après plusieurs films courts, il travaille actuellement sur son premier long métrage, « Ouvertures », basé sur une relecture de la révolution haïtienne, de ses grands héros et de la persistance de leur héritage dans les corps et les esprits de la jeunesse du pays aujourd’hui.
Il vit et travaille à Paris.