Un autre été – Soliloque 2/la barbarie – Caprices


ven. 8 juin 1990   19h00

Réalisation
Véronique Goël
Pays
Suisse
Année
1981
1982
1988
Langue
VO français
Durée
163'
Avec
Clare Connors
Alexander Balanescu
Dolly Koritzer
Carlo Brandt
Yves Tenret
Pierre Maillard
Patrice Bornand
Frederik Pajak
Distribution
Cycle

5 films de Véronique Goël

UN AUTRE ETE
Véronique Goël
1981, 87′
16mm

Film de traces plus que d’empreintes, « Un autre été » procède du dépouillement le plus total, d’une économie de moyens extrême. Comme si l’auteur tentait de réduire le cinéma à sa quintessence, à ses composantes élémentaires, l’espace et le temps. Rien ne doit distraire le regard du spectateur du déroulement du film jusqu’à l’aboutissement de son projet limite opiniâtre.
Vingt-sept plans pour quatre-vingt-cinq minutes. Pour la plupart des plans fixes, frontaux, horizontaux, infinis, qui se succèdent comme des blocs homogènes savamment agencés. Le regard s’attarde, se fige, comme mû par un désir de neutralité et d’objectivité toujours contredit cependant par la forte affirmation d’une mise en scène rigoureuse, donc d’une subjectivité. Seuls l’humain et ses dérivés, comme l’automobile par exemple, bougent dans des cadres immobiles. Il y a incontestablement de l’hyperréalisme dans cette fausse fiction où la durée excessive se fait brûlure. Les plans sans ellipse se chargent d’une tension étrange. Le temps semble constamment en suspens, engageant le spectateur dans un processus d’attente et de suspense où transparaît en filigrane l’esquisse d’une fiction possible. Toutefois, par l’effet de la répétition, la surprise se dissout, cède le pas sur la frustration, de déplace dans le hors champ vers la bande sonore.
Michel Egger

Un autre été Véronique Goël Spoutnik

SOLILOQUE 2/LA BARBARIE
Véronique Goël
1982, 20′
16mm

Goël poursuit dans ce film une recherche très personnelle sur le fragment et le rythme, le plan fixe et le travelling. Coupures de journaux décrivant l’horreur absolue de la barbarie pratiquée dans certains coins du monde, lettres personnelles lues en voix off et images de villes (proposant dans un rapport fascinant et diabolique un modèle de la ville contemporaine), confèrent à ce film une gravité et un poids émotionnel évident. Une mémoire à vif contre un monde qui institutionnalise l’oubli.

Soliloque 2/ la barbarie Véronique Goël Spoutnik

CAPRICE
Véronique Goël
Suisse, 1988, 56′
16mm

Le silence de la musique
C’est dans la musique qu’on trouve un film enfin exceptionnel, où la rigueur formelle s’allie à la sensibilité et à la discrétion: Caprices, moyen métrage de la genevoise Véronique Goël, s’élabore dans une interaction image-son très poussée autour du violoncelliste Alexander Balanescu – virtuose ancien membre du Quatuor Arditi – et la musique du compositeur contemporain Salvatore Sciarrino. Ses six Caprices pour violon solo constituent la matière première sonore du film, tour à tour sujet du support; Balanescu, l’interprète, ne se révèle en tant que personne que plus tard, comme imposé par la construction sonore du film.
L’image n’est ici ni didactique, ni démonstrative, mais grâce à des “mises en situations” des personnages qui confinent à la fiction, elle devient véritablement narrative, complémentaire au son.
Enfin, dans ce film essentiel (rien n’est jamais laissé au hasard, si ce n’est la magie indéfinissable de l’instant musical et visuel), le sujet artistique se révèle matière première à laquelle la réalisatrice se confronte, avec laquelle elle se bat, la modelant tout en s’y soumettant.
Fréderic Maire

Véronique Goël Caprice Spoutnik

 

« Les films de Véronique Goël sont comme des tranches de mémoire taillées dans un langage cinématographique solide. Entre les lignes de ce langage, sa lucidité se déploie en agrandissements successifs qui se remplissent de la simplicité complexe de son propre vécu. Confrontant hommes et actions, hommes et espace et plus que tout, hommes et hommes (ces hommes dont l’existence même semble remettre en question celle des autres), Véronique aborde dans ses films beaucoup de questions qui nous troublent. Les films cernent ces moments auxquels nous sommes sensibles (ceux que l’on a tendance à oublier ou que l’on refuse presque de voir). Ils s’emparent de ces fragments de vie avec une intense préoccupation, permettant au spectateur de ressentir la force des émotions qu’ils recouvrent, et cherchent à pénétrer ces éléments de signification que trop souvent nous voulons ignorer. C’est dans ces moments-là que les films atteignent leur niveau d’expression le plus élevé et le plus émouvant, le niveau où le non-dit se révèle, devient l’echo silencieux entre conscience et inconscience – lieu de nombreuses interrogations dont les réponses sont piégées dans les contre-forts de la mémoire. Les voix surgissent en murmures éclatants, à la recherche d’une pertinence que les mots ne peuvent plus décrire mais que les images rendent immensément cohérente. Des images maîtrisées avec une telle précision qu’elles seules semblent douées de parole. Comme si la simplicité des structures filmiques devenait l’unique rempart contre les larmes insaisissables qu’elles contiennent, résonnances d’un cri retentissant, qui, comme de la poésie pure, reste en nous pour longtemps. »
Stephen Dwoskin





Cinq films de Véronique Goël

« Les films de Véronique Goël sont comme des tranches de mémoire taillées dans un langage cinématographique solide. Entre les lignes de ce langage, sa lucidité se déploie en agrandissements successifs qui se remplissent de la simplicité complexe de son propre vécu. Confrontant hommes et actions, hommes et espace et plus que tout, hommes et hommes (ces hommes dont l’existence même semble remettre en question celle des autres), Véronique aborde dans ses films beaucoup de questions qui nous troublent. Les films cernent ces moments auxquels nous sommes sensibles (ceux que l’on a tendance à oublier ou que l’on refuse presque de voir). Ils s’emparent de ces fragments de vie avec une intense préoccupation, permettant au spectateur de ressentir la force des émotions qu’ils recouvrent, et cherchent à pénétrer ces éléments de signification que trop souvent nous voulons ignorer. C’est dans ces moments-là que les films atteignent leur niveau d’expression le plus élevé et le plus émouvant, le niveau où le non-dit se révèle, devient l’echo silencieux entre conscience et inconscience – lieu de nombreuses interrogations dont les réponses sont piégées dans les contre-forts de la mémoire. Les voix surgissent en murmures éclatants, à la recherche d’une pertinence que les mots ne peuvent plus décrire mais que les images rendent immensément cohérente. Des images maîtrisées avec une telle précision qu’elles seules semblent douées de parole. Comme si la simplicité des structures filmiques devenait l’unique rempart contre les larmes insaisissables qu’elles contiennent, résonnances d’un cri retentissant, qui, comme de la poésie pure, reste en nous pour longtemps. »
Stephen Dwoskin

Lien du programme