Ces quelques lignes, formulées par Camilo Restrepo, concluent un entretien au sujet de son film Los Conductos. Ainsi, à rebours des séries télévisées et des fictions dominantes, Camilo Restrepo creuse une autre voie pour raconter la violence dans la société colombienne. A l’écoute de la vie de Pinky, dissident d’une secte religieuse de Medellin, Camilo choisit d’éplucher son récit.
Première couche ou la rue par le ras: la volonté de décrire précisément les conditions matérielles de cette vie en clandestinité. Dès lors que le fil de cuivre, le tunnel, l’abri, la moto, le pistolet sont les moyens de survie de Pinky, le film ne s’attache à rien d’autre que cette matière.
Deuxième couche ou à chaque trou son ellipse: la furtivité imposée à Pinky dicte la temporalité du film. À savoir que Pinky est souvent planqué et que l’on ne voit ici que des fragments et pas plus. Même, ces bouts de vie n’hésitent pas à se répéter. Temps circulaire à l’image d’une violence qui ne s’arrête pas.
Troisième couche ou le conte diabolique: le recours à la voix-off permet d’accéder aux pensées de Pinky. Désireux de vengeance à l’égard de son gourou comme de la société toute entière, Pinky éprouve ses questionnements du point de vue du mal, aux côtés des damnés, là où la frontière entre justice et injustice s’efface.