Juin 2022


Ah, juin est là !

 

En mai, le Spoutnik a été magnifiquement déserté. Et Cannes, tragiquement envahi. Là-bas, on y voit le cinéma comme une ascension - la montée des marches - mais on ne voit jamais ce beau monde redescendre.

 

À Marseille, un peu plus tôt dans l’année, a eu lieu au Polygone Étoilé la semaine asymétrique, une rencontre de cinéastes en public, partageant leurs films et leurs recherches. Là-bas, il y a aussi des escaliers mais tout y est plutôt horizontal. Pas de compétition, pas de billetterie, des horaires approximatifs, une cantine prix libre et de longs temps de discussion. Les cinéastes cuisinent. Les cinéastes mangent à la même table que des personnes de passage ou les habitant.e.s du quartier. Tous les films y ont le même statut: Tonino du haut de ses quatre vingt quatre ans et des ses milliers de films voisine avec des enfants qui montrent leurs premières bricoles. Là-bas, il n’y a que des chefs-d'œuvre ou il n’y en a pas.

 

Être mêlé à tout cela, ça nous a fait chaud au cœur.

 

Pour notre retour, les ami.e.s du Polygone nous ont déposé des bobines 35 mm dans le coffre. Ce sont celles de Flacky et camarades - le cheval de fer. Histoire de rencontres encore, entre des apprentis cinéastes et des mineurs dans les années soixante-dix. Projection prévue le 12 juin ! Toujours en provenance du réseau du Polygone, Nathalie et Nicola viendront nous raconter comment ils ont fabriqué des films avec des gosses. Films naïfs, spontanés, directs. Ça aussi, ça fait du bien. Ce soir-là, le 15 juin, il y aura Maybe Alan, Andrea et d’autres enfants peut-être pour un concert. On aimerait que tout le monde soit payé.

 

Puis, il y a Fabrice Aragno, le producteur du gars de Rolle (Jean-Luc donc) qui nous a appelé pour projeter Le livre d’image. On a dit oui. Occasion aussi de revoir certains de ses courts-métrages. Et là, émerveillement. Dans l’un deux, Godard nous dit: « Il sera donc de la règle de l'Europe de la culture d'organiser la mort de l'art de vivre qui fleurit encore à nos pieds. ». Ça fait réfléchir. Pas sûr qu’à Cannes, ils aient entendu ça. Ce sera du 1er au 6 juin.

 

Rolle, hors-capitale du cinéma ! Imaginez-vous. Le 6 juin, en pleine canicule, vous pourrez voir six films de Jean-Luc et un de la paire Huillet-Straub. Et pas n’importe lequel. Chronique d’Anna Magdalena Bach. Oui, en 1967, ils ont fait le choix de la vie et de la lutte de Bach plutôt que celles des toto de la Sorbonne.

 

Puisqu’on aime toujours faire des rencontres, on va retourner dehors. Deux soirs, les 7 (buvette de l’Écurie) et 14 (à Malagnou) juin, pour fêter les cinquante ans du Collectif Jeune Cinéma. Le CJC, c’est une coopérative qui se bat pour préserver, diffuser les pratiques de cinéma expérimental et différent. Parmi leur immense inventaire de films, on a fait le choix de quatre d’objets qui se tiennent proches de celles et ceux qui résistent. Les habitants du quartier d'Exarchia à Athènes, le peuple Kabyle, les amérindiens, les afroaméricains…

 

Enfin, il y a la petite sortie du mois. Enfin, pas si petite. C’est Le grand mouvement de Kiro Russo. Dans la ville de La Paz, immense fourmilière, de loin infernale, le film accompagne les errances de quelques personnages. Sur leurs chemins, de belles visions, notamment ces femmes - l’air de rien, l’air de reines - allongées sur des tas d’oignons. 1, 2, 3, 4, 5, 8, 9, 10 et 11 juin.

 

Nous sommes peuplés de désirs. Et vous ?



Le grand mouvement de Kiro Russo

Sortie


Après une marche de sept jours avec ses compagnons, le jeune Elder arrive dans la grande ville, cherchant à être réintégré dans son travail à la mine. Grâce à la vieille femme Mama Pancha, Elder et ses amis trouvent un emploi sur le marché. Mais l'état d'Elder empire, il s'étouffe et a du mal à respirer. Ses amis se cotisent pour l'aider, mais le médecin dit qu'il n'y a pas de remède. Mama Pancha, très inquiète pour Elder qui se meurt, le met en contact avec Max, un sorcier-ermite, qui va essayer de ramener le jeune homme à la vie.

Chronique d’Anna Magdalena Bach

L'internationale Huillet-Straub


« On pourrait dire, concrètement, que nous voulions essayer de porter de la musique à l’écran, de montrer une fois de la musique aux gens qui vont au cinéma. Parallèlement à cet aspect, il y avait l’envie de montrer une histoire d’amour, telle qu’on n’en connaît pas encore. Une femme parle de son mari, qu’elle a aimé, jusqu’à sa mort. Là est d’abord l’histoire.

Flacky et camarades – le cheval de fer de Aiassa, Pierre Gurgand et Aaron Sievers

Une belle bobine du Polygone étoilé


« Il s’agissait tout d’abord d’extraire la parole des mineurs, d’extraire leur mémoire et la remonter à la lumière. On prend le temps de s’asseoir avec eux au bistro du coin, pour bavarder… Et boire un coup ou écouter un poème… écouter les récits du travail, la haine, le combat… et leur amour aussi. Dans le souffle difficile des voix de silicosés, ce qui persiste avant tout, c’est cette mémoire de Flaczynski, Flament, Jules et Marguerite Grare, les Debarge, le rire de Paul Beaulieu, les femmes de mineurs polonais, le résistant Moreels et les autres syndicalistes dont on ne sait pas les noms »

Ici rien de Daphné Hérétakis + K de Frédérique Devaux

POUR LES 50 ANS DU COLLECTIF JEUNE CINÉMA À L'ÉCURIE


Le collectif jeune cinéma est une coopérative qui se bat depuis bien longtemps pour défendre, préserver, diffuser un cinéma “sauvage”, expérimental, différent. Pour fêter leurs 50 ans, nous avons organisé deux séances en plein air. Celle-ci se dédie aux rues du quartier anarchiste Exarchia que Daphné Hérétakis a arpenté, caméra à l’épaule. Et à la résistance du peuple Kabyle qu’exprime Frédérique Devaux dans ses beaux films-collages. Elle sera là pour nous raconter!

Le livre d’image de Jean Luc Godard

Séances précédées et prolongées de quelques courts-métrages !


« Te souviens-tu encore comment nous entrainions autrefois notre pensée ? Le plus souvent nous partions d’un rêve ... Nous nous demandions comment dans l’obscurité totale Peuvent surgir en nous des couleurs d’une telle intensité D’une voix douce et faible Disant de grandes choses D’importantes, étonnantes, de profondes et justes choses On dirait un mauvais rêve écrit dans une nuit d’orage Sous les yeux de l’Occident Les paradis perdus La guerre est là … »

LA NIGHT AU FRIOUL + 3×7 IMPRESSIONS

FILM ET CONCERT D'ENFANTS POUR TOUT LE MONDE!


Entre le début de l’automne et le début de l’hiver, nous avons rencontré des enfants. Nous avons habité une maison dans le parc, parmi les maisons où habitent les enfants. On leur a dit : «Les enfants, c’est possible de faire des films. Voilà la caméra et voilà le micro.» Et c’est ce qu’on a fait. Huit enfants ont fait sept films dans le parc, dans les maisons du parc et un peu au-delà du parc.