Fear of Disclosure – Positiv – Schweigen = Tod – Feuer unterm Arsch


jeu. 7 févr. 1991   19h00
Réalisation
Rosa Von Praunheim
Phil Zwickler
Pays
Allemagne
États-Unis
Année
1989
1990
Format
16mm
35mm
Cycle

Film SIDA film SIDA

Fear of Disclosure,
Phil Zwickler, USA, 1989, 5′

Ce très beau petit film expérimental nous montre un défilé de corps en mouvement sur lequel la voix d’un homosexuel séropositif fait part de ses réflexions sur la vérité de sa maladie, à taire ou à dévoiler lorsqu’il recherche un amant. Au téléphone, Paul l’appelle. il a répondu à sa petite annonce.

Positiv
Rosa von Praunheim, 1990, Allemagne, 70′

Ce film montre la courageuse lutte d’une minorité qui s’est organisée elle-même alors que l’Etat et la Ville de New York les ignorait. Ronald Reagan et le maire de NY, Ed Koch, faisaient preuve de peu de clairvoyance et n’entraient pas en matière pour un soutien financier dans la lutte contre la crise du SIDA.
POSITIV montre les héros du mouvement du SIDA, comme l’écrivain Larry Kramer, qui fonda le groupe d’entraide SIDA et le groupe militant Act-Up, et le chanteur Michael Callen qui organisa et co-géra l’organisation d’entraide et de revendication vis-à-vis du gouvernement. Michael Callen est l’un des plus anciens survivants atteints du SIDA et donne, par ce fait même, du courage à ses amis, non pas en acceptant la maladie en tant que victime, mais en luttant de manière active contre elle.

Schweigen = Tod
Rosa von Praunheim, 1989,Allemagne, 55′

Nul ne peut comprendre la colère et le radicalisme des artistes new-yorkais dans la lutte contre le SIDA s’il ne connaît pas l’étendue de cette catastrophe dans la grande pomme. En été 1989, on y comptait 22 000 personnes atteintes du SIDA, 100 000 étaient séropositives et présentaient déjà les premiers symptômes de la maladie. 10 000 sidéens étaient sans abri. Le système de santé aux USA est déplorable. Peu de malades sont assurés et les conditions de soins dans les hôpitaux sont catastrophiques. Le maire d’alors, Ed Koch, donna au début de la crise seulement 25 000$ de subvention, alors que San Francisco en débloquait 4 millions. Les églises gênèrent la diffusion de l’information et entravèrent la distribution des préservatifs. En Amérique, on ne croit pas en l’Etat. Pour obtenir quelque chose, chacun doit s’organiser et faire pression sur les politiciens, car se taire signifie mourir.

Feuer unterm Arsch
Rosa von Praunheim, 1990,Allemagne, 30′

Actions et réactions, à Berlin, des activistes et des personnes atteintes du SIDA. Des positions controversées à propos du « Safer Sex » et différentes formes et possibilités de travail politique dans la crise du SIDA sont montrées. Alors que certains homosexuels pensent que le Safer Sex est une émergence de la peur panique des hétérosexuels à leur encontre, dans la continuation de la répression contre l’homosexualité, d’autres s’appliquent à faire naître et à vivre différentes formes de sexualité et apportent des soins aux malades.

 

Rosa von Praunheihm est une figure importante de la scène homosexuelle. Il est né en 1942 à Riga. Il étudia d’abord la peinture à la Werkschule Offenbach et ensuite à l’Ecole Supérieure d’Art de Berlin. 11 se fit connaître en 1970 avec les films: «Die Bettwurst» et «Nicht der Homosexuelle ist pervers, sondern die Situation, in der er lebt». Sa filmographie comporte plus de 25 titres, parmi lesquels on peut citer «Rote Liebe» (1980), «Stadt der verlorenen Seelen» (1982) ou «Ein Virus kennt keine Moral» (1986). Depuis quelques années déjà, R y. P. s’est engagé sur le thème du SIDA : en 1985, il organisa une manifestation pour récolter des fonds pour le SIDA, dans le Tempodium de Berlin. En 1986, il présenta «en première» la comédie-SIDA «Ein Virus kennt keine Moral». Etonné du vif succès de ses actions, il se déplaça dans la «capitale du SIDA» : New-York, «pour apprendre», comme il dit. Là-bas, où les pressions de rejet de la part du gouvernement sont virulentes et où le nombre de personnes atteintes est particulièrement élevé, a surgi un mouvement d’auto-protection et d’entraide d’une dimension telle, qu’il serait impensable de l’imaginer en Europe. Suite à ce voyage, R v. P. chercha à créer de nouvelles impulsions pratiques et constructives dans les relations avec les sidéens de son propre pays. Contrairement à d’autres, dans les débuts des initiatives filmiques sur ce sujet, il montra ceux qui doivent vivre avec le SIDA, non pas comme victimes mais comme des êtres humains actifs qui s’opposent contre cette lente et inéluctable maladie. Résolument et avec une grande colère, il a su brillamment montrer de nouvelles qualités de lutte contre la mort. R y. P. veut donner du courage avec ses films, il ne s’agit pas «d’aide à mourir (euthanasie) mais bien au contraire, d’aide à vivre».

De ces enquêtes R y. P. nous propose une trilogie: POSITIV montre les différentes formes de travail d’Act-Up (association de lutte contre le SIDA) : des actions collectives, la marche du SIDA, mise en place par la plus grande organisation d’entraide indépendante GMHC, le premier porno anti-SIDA sur le «Safer Sex». Dans le film, ces séquences s’alternent avec celles des attitudes rigides, racistes, bigotes des gouvernants. Ce film donne la parole, entre autres, à la première personne active du mouvement SIDA : Lamy Kramer, qui s’est fait connaître en Europe par son livre «Reports from the Holocaust». SCHWEIGEN = TOD approche encore plus frontalement le sujet. Il choque et provoque. R y. P et son collaborateur américain, Phil Zwickler, ont visité des artistes, les ont questionné et observé. Ils montrent des aspects de leur art, qui, parfois offensivement ou agressivement, essaient de se distancier de la maladie. Dans ce film, sans doute le plus intense des trois, on sent l’appartenance et la compétence de l’artiste R y. P. à propos de ce sujet. La plus jeune oeuvre FEUER UNTERM ARSCH sortit en mai 1990 et montre de manière plus intimiste les polémiques et discussions à Berlin sur le SIDA.





Film SIDA Film SIDA

Du 5 au 10 février 1991 au cinéma Spoutnik

Il y a quelques années, avec la vitesse foudroyante de l’information, le SIDA a surgi dans toutes nos bouches. Traversés de peurs diffuses, nous nous sommes précipités dans le bilan du «positif-négatif» toujours possible, nous avons remonté le décours de nos affaires amoureuses, nous en avons parlé ouvertement ou nous sommes restés très discrets dans nos craintes ou nos délivrances: les tests, sans demi mesure, ont décidé la suite, certains sont encore là, d’autres sont décédés.
Entre temps, dans la ville, des rumeurs ont couru, des parcours ont changé, des liens se sont construits, consolidés, d’autres se sont défaits, dénoués à jamais. Des affiches ont été placardées, des tonnes de préservatifs distribués et utilisés, des groupes d’entraide , des comités d’action se sont organisés, les médias et des témoignages nous ont informé, et même le «safer-sex», bien à contre coeur, est entré dans les moeurs des pratiques amoureuses.
Or, ce n’est pas parce que nous en savons plus et donc que nous en avons moins peur, que nous pouvons évacuer le SIDA de nos pensées et nous en débarasser comme d’un sujet qui ne serait plus au sommet de nos hit-parades catastrophistes médiatiques. Qui vit, un tant soit peu, avec les autres, est très vite touché par la nouvelle de la mort, du suicide ou de la contamination d’une personne plus ou moins proche.
C’est parce qu’il y aura toujours «état d’urgence» à soulever la chape des questions inéluctables qui fondent notre condition: la mort, la sexualité, la maladie, l’amour…., et parce que celles-ci se vivent tangiblement, chaque jour, à l’USINE, lieu de circulation sociale par excellence, que nous vous y proposons un choix de films qui abordent le thème du SIDA.

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