5 COURTS MÉTRAGES DE DANIÈLE HUILLET ET JEAN-MARIE STRAUB


dim. 12 nov. 2023   17h00
Cycle

l'internationale Huillet et Straub

5 COURTS MÉTRAGES DE DANIÈLE HUILLET ET JEAN-MARIE STRAUB

DI 12 NOVEMBRE, 20H30

DER BRÄUTIGAM, DIE KOMÖDIANTIN UND DER ZUHÄLTER, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, Allemagne, 1968, 23’

Trois séquences : des prostituées exercent leur métier dans les rues allemandes ; une pièce mise en scène, réduite à 10 minutes par Straub, et tournée en une seule prise ; James et Lilith se marient avec pour conséquence l’exécution du souteneur de cette dernière. Le rôle du souteneur est joué par Rainer Werner Fassbinder. D’après Krankheit der Jugend (Le Mal de la jeunesse, 1928) de Ferdinand Bruckner et trois poésies de Jean de la Croix.

EINLEITUNG ZU ARNOLD SCHÖNBERGS BEGLEITMUSIK ZU EINER LICHTSPIELSZENE, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, 1972, 16’

Danger menaçant, peur, catastrophe : telles sont les indications données par Schoenberg sur sa musique d’accompagnement pour une scène de film. Sans soute est-ce là ce qu’il éprouvait en 1923 lorsqu’il écrivit une lettre à Kandinsky pour refuser d’aller au Bauhaus car, comme juif, il ne se sentait accepté nulle part. Cette angoisse fait écho à l’interrogation de Brecht « Comment quelqu’un peut-il dire la vérité sur le fascisme si ce n’est que le monopole conduit à la barbarie ». Après la lecture de ces deux lettres, le film se clôt sur les comptes-rendus de journaux à propos du procès contre les architectes d’Auschwitz qui ont construit les chambres à gaz et crématoire.

TOUTE RÉVOLUTION EST UN COUP DE DÉS, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, France, 1977, 10’

Le poème, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Stéphane Mallarmé (1897), mis en voix et en images les 9 et 10 mai 1977 dans le cimetière du Père-Lachaise, à Paris, à proximité de la plaque en hommage aux morts de la Commune de Paris de 1871. Le titre du film est une phrase de Jules Michelet.

EN RACHACHANT, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, Écrit par Marguerite Duras, France, 1982, 7’

L’enfant Ernesto ne veut apprendre que ce qu’il sait déjà. « Comment apprendre ce qu’il ne sait pas déjà ? » demande le maître. « En rachachant », répond l’enfant.

D’après le conte de Marguerite Duras Oh ! Ernesto.

« Faire front », « tenir tête à quelqu’un », jamais l’expression n’aura été filmée si littéralement. En rachâchant est mis en scène, monté et dit comme un duel entre un enfant et son maître sous l’arbitrage plus qu’ambigu des parents, l’hystérique, pour une fois, étant le maître. Le portrait de cet enfant malpoli et farouchement sympathique, il n’y a guère que chez Chaplin qu’on peut en trouver l’équivalent. Même monsieur Hulot avait fini par admettre qu’il valait mieux se soumettre à la loi commune. »

LOTHRINGEN ! Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, Allemagne, France, 1994, 21’

Dans ces places, ces rues, ces villes et ces villages, ce sous-bois, ces routes, ces rails de chemin de fer, ces statues, ces maisons, ces voitures, ce monument aux morts. De chaque plan, donc émerge une multiplicité d’actions, qu’il revient au spectateur se saisir. D’ailleurs, le mouvement de la caméra, qui part d’une limite pour en chercher une autre, et qui parfois revient sur ses pas, c’est le mouvement de quel regard ? Celui de l’émigré, de la personne déplacée qui regarde une dernière fois son pays ? Celui du général qui évalue l’étendue d’une campagne ? Sait-on que le mot panoramique a d’abord été utilisé à propos du champ de bataille de la dernière campagne de Napoléon ?