Folk, cinéma? # 1 : Faune (concert) + Des violons en sabots + Mathilde


jeu. 24 sept. 2020   20:30

Langue
VO français
Durée
120'
Collaboration
Cycle

Les Nuits de Noce de la Nòvia

Trois à jours autours des pratiques expérimentales des musiques traditionnelles du Centre-France avec l’ensemble des musicien-nes du collectif « LA NÒVIA ».
Une invitation à l’initiative de l’asso Insub. et avec le soutien indéfectible de la Cave12, du Spoutnik, de Bongo Joe et de l’association Pour Le Bal.

Première soirée au Spoutnik!

FAUNE
Jacques Puech: chant, glass harmonica, cabrette & harmonium
Guilhem Lacroux: guitare, lap steel & pédalier d’orgue

Il est question de chansons, de chansons de vies. Chacun raconte son épopée extraordinaire, pleure son amour disparu, se réjouit de revoir les oiseaux au printemps. Les histoires s’étirent comme chats au soleil ou se densifient comme la pierre, toujours avançant, laissant de côté les chemins trop usités. Sur l’autre rive, chacun embarque dans une histoire inconnue qui ne peut être que la sienne.

MATHILDE, Grégoire Orio, France, 2019, 6′

Un moment passé avec Mathilde, jeune bergère du Lot en voie d’installation. Elle nous parle de son rapport aux animaux, aux êtres vivants, à la vie.

DES VIOLONS EN SABOTS, Francis Lapeyre, France, 2013, 51′

Autrefois, chaque village de la haute Auvergne avait son violoneux… C’est lui qui faisait danser au cours des veillées, des noces, dans les cafés, le dimanche, seules occasions de distractions et de rencontres à cette époque. Certains se taillaient de bonnes réputations locales. Jean Chastagnol : “Eh oui, même les vieux, des fois, ils en faisaient une partie avec leurs sabots…” Antoinette Cougnoux : “ ‘Tocha la ! Plus vite !’ s’écriait l’un des danseurs à l’adresse du musicien, et celui-ci accélérait le rythme…” Léon Peyrat : “On passait sa nuit pour pas grand’chose… Ils ne payaient pas, quoi ! Enfin, c’était l’habitude, on jouait pour le plaisir.” Aujoud’hui ce passé est bien mort, la fonction de violoneux ne sera plus jamais ce qu’elle a été. Et pourtant… Joseph Perrier anime encore des bals et… Est-ce son ombre qui se découpe sur les murs du café où l’on dansait autrefois ? Est-ce encore lui qu’on aperçoit sur les routes qui l’ont vu mener la noce à travers la campagne ?

A propos du cycle « Folk, cinéma? »:

Chants à capella, musique de fêtes, de bals issues des petites cellules sociales, songwriting contestataire portée par Woody Guthrie, puis Dylan et Joan Baez ou alors sorties cette dernière semaine, les mélodies pop de Taylor Swift réunies sous la bannière de “folklore”, toutes ces différentes pratiques musicales démontrent que le terme folk renvoie à un imaginaire pluriel et parfois confus. Se pencher sur ce genre musical permet de se rendre compte que son histoire est faites de tensions et d’interrogations. Que raconte la fascination subite pour certain.es 68ardes pour les traditions populaires? Comment interpréter l’obsession de certain.e.s à faire de la musique rurale ou exotique des produits de ventes ou alors des objets patrimoniaux? Le folk, tel qu’on l’entend et l’on a pu l’entendre, est-il uniquement la résultante d’une récupération ou d’un vol de traditions populaires et locales? La musique traditionnelle résiste-t-elle encore à l’heure du libéralisme et de la standardisation des formes de vie? Existe-elle aujourd’hui qu’en termes de produit recalibré, édulquoré pour le marché ou alors qu’en termes d’argument nationaliste?

Vient alors enfin la question de la place du cinéma au regard de toutes celles posées ici. Quel rapport entretient la caméra avec ces musiques? S’exerce-t-elle, elle aussi en termes de collectage, de récupération ou de fascination? Certains films sont-ils fabriqués, pensés comme on jouerait un morceau traditionnel? Ainsi, nous souhaitons faire du Spoutnik un lieu rythmé par certaines de ces questions, à l’échelle d’une fois par mois. C’est une recherche en cours, guidée par un désir de mettre en tension les époques et les pratiques. Confronter un groupe et un film, trouver des formes qui rendrait à ce répertoire son énergie populaire, lyrique ou son contenu politique en évitant les écueils de la description documentaire et la fiction idéalisante.

Pour ouvrir ce cycle, nous nous joignons aux Nuits de Noce de la Nòvia, festival consacré aux pratiques expérimentales des musiques traditionnelles du Centre-France avec l’ensemble des musicien-nes du collectif La Nòvia. Depuis 10 ans, la démarche de ces musiciens vise à explorer et questionner la musique traditionnelle du Centre-France et son répertoire, non pas en cherchant à la moderniser ou (pire!) à opérer des fusions, mais en la faisant vivre dans leurs quotidiens et pratiques, enrichie du contact avec les musiques expérimentales, créant des ponts entre des formes « vieilles comme le monde », les musiques à bourdons et les musiques répétitives. C’est au Spoutnik que le festival commence avec Faune, l’une des formations de ce collectif suivi des Violons en Sabots, films documentant dans les années 80 les pratiques de certains violonieux en Auvergne. Si cette musique se montre en voie de désuétude dans le film, elle a su enrichir néanmoins la démarche de la Nòvia.