Spoutnik est un cinéma historique né en 1986 dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance.
Cinéma satellite au sein de l’Usine, cinéma tournant en orbite à l’intérieur de Genève, cinéma gravitant autour d’œuvres hors-système, d’astres invisibles ou de planètes mal connues, Spoutnik est un appareil qui permet de créer des microcosmes en dehors de la rentabilité-machine-industrie du cinéma commercial. C’est un espace dédié aux films — mais pas que — qui expérimentent, cherchent, et s’interrogent, à la marge.
Avec l’appui de l’Etat et de la Ville de Genève, du Fond Culturel Sud, du Département des affaires culturelles et de la Loterie Romande.
The Last of US Ala-Eddine Slim Tunisie · 2016 · 94’ | VOstFr ( sans paroles) MER 22.10 - 20:30
LUN 27.10 - 20:30
N, un jeune subsaharien, traverse le désert pour rejoindre le nord de l’Afrique et effectuer un passage clandestin en Europe. Après un braquage, il se trouve livré à lui-même en Tunisie. Finalement, il décide de traverser solitairement la mer vers un pays européen. Commence alors pour lui une véritable quête initiatique.
Comme un objet scintillant sur la plage, loin de tout genre cinématographique, The Last of Us éveille notre curiosité tant le réalisateur, le Tunisien Ala Eddine Slim, déploie un désir de transmettre des sensations. Cette fiction sans paroles commence avec la traversée du désert nord-africain par deux silhouettes, qui deviennent deux hommes, dont on présume qu’ils veulent embarquer. Mais le véhicule qui les emmène est braqué et le héros, que le réalisateur prénomme N (Jawhar Soudani), se retrouve seul. Il fait du stop jusqu’à Tunis où les habitants sont figurés par l’ombre de leurs pas sur le bitume. La traversée en solitaire dans une barque ne relèvera pas ici de la performance. Elle sera la transition vers un autre voyage, entre vie et disparition, dans une terra incognita où N échoue. Une forêt sauvage, sans autre humain qu’un homme chenu, M (Fathi Akkari), dont la couche de fourrures sur les épaules permet d’imaginer le nombre de bêtes mangées, et le temps passé à survivre en milieu hostile. Dérivation poétique, philosophique, à combustion lente, ce premier long-métrage a obtenu le « Lion du futur » à la Mostra de Venise, en 2016. L’Europe comme lieu d’espérance et destination attendue n’est même pas dans le champ. Comme si le monde occidental était parti en fumée, ou comme si le film avait emprunté définitivement le chemin de la rêverie. Sans le dire, Ala Eddine Slim s’attache aux terrains inconnus où les corps disparaissent, quelque part entre le point A et le point B.