Avril 2022





Outside Noise de Ted Fendt

Rétrospective Ted Fendt


Au retour d’un séjour à New York, Daniela rend visite à Mia, son amie berlinoise. Le jetlag n’arrange rien à ses insomnies. Mia aussi dort mal, fatiguée « de ces jours vides où il ne se passe rien ». Quelques mois plus tard, c’est à son tour, accompagnée de Natasha, de passer quelques jours d’oisiveté dans l’appartement viennois de Daniela.

Short Stay + courts-métrages de Ted Fendt

Rétrospective Ted Fendt


Mike est le prototype du trentenaire adulescent. Lorsqu’un ami lui propose de le remplacer dans une coloc à Philadelphie, le banlieusard tente l’aventure de la grande ville. De nouvelles rencontres en petits jobs improbables, Mike avance maladroitement et se retrouve vite confronté à tout ce qui rend la vie si compliquée : les autres. Ted Fendt, avec ce premier long métrage tendu comme un arc, réinvente la figure du loser, et le transforme en miroir d’un monde qui se révèle d’une cruauté assumée.

Classical Period de Ted Fendt

Rétrospective Ted Fendt


Cal et ses amis vivent à Philadelphie et se voient pour discuter de littérature, de musique, d'architecture ou d'une traduction de la Divine Comédie de Dante... Derrière la simplicité apparente du scénario du dernier film de Ted Fendt, jeune réalisateur de Philadelphie vivant à Berlin, se cache un joyau singulier, tout à la fois doux, épuré, drôle et radical. Tourné en 16 mm avec des acteurs non professionnels, CLASSICAL PERIOD construit ses personnages de lecteurs avec une distance attentive, qui ne cherche pas à sonder leur mystère. La précision des cadrages, les variations lumineuses sublimées par le grain de la pellicule et le rythme élégant du montage dessinent les amitiés qui finement se déploient et se transforment dans les appartements et les rues de la ville. Contre-feux

Tired Moonlight de Britni West


Nous sommes à Kalispell dans l'État du Montana, ville peuplée de bagnoles, de ferraille et de bétail. Autour, les grands espaces, sublimes montagnes et animaux sauvages. Le drapeau américain apparaît sous toutes les coutures. On y chante toujours l’hymne, qu’importe les occasions. Et on y fait aussi la vente aux enchères de tout et de rien. Débarrassée de tout cynisme ou de jugement, Britini West suit quelques personnes au milieu de ce territoire. Un trio d’enfants, essentiellement occupés à courir dans les champs, manger des glaces et des chicken wings sans leurs parents. Une femme célibataire, qui fait le ménage dans un motel et rencontre un poète replié dans son garage. Une autre femme, plus jeune, caissière dans une supermarché et qui vit un amour difficile avec un jeune rednek.

Trás-os-montes

Constellation Reis et Cordeiro


« Évocation d’une province du nord-est du Portugal, où les racines historiques et séculaires s’entrelacent avec celles des villages alentour, reliés par le fleuve Douro. Enfants, mères, femmes, vieillards, foyer, terre. Vie quotidienne, événements étranges, savoir-faire en perdition, agriculture de subsistance. Érosion. Temps et distance. Présence de ceux qui ne sont plus là, partis vers d’autres horizons. C’est une ode à la région de Trás-os-Montes, interprétée par ses habitants. » António Reis et Margarida Cordeiro

Ana

Constellation Reis et Cordeiro


Plus de dix ans après leur premier long métrage, Reis et Cordeiro sont retournés dans la région de Trás-os-Montes, utilisant le paysage comme cadre évocateur d'un portrait intergénérationnel de la famille comme une variation du temps poétiquement non linéaire. Les dialogues minimaux du film, inspirés de Rilke, révèlent l'intérêt de Reis et Cordeiro pour un mode de communication plus profond, non verbal, non seulement entre les générations mais aussi entre la terre et ceux qui la traversent. Au centre du vaste cycle de vie décrit par Ana se trouve la figure obsédante de la propre mère de Cordeiro, interprétée comme une matriarche vieillissante dont l'intimité avec ses enfants, ses petits-enfants et les paysages balayés par le vent qui l'entourent est teintée de la mélancolie de son départ imminent et définitif.

Jaime + Rosa de Areia

Constellation Reis et Cordeiro


Dans Jaime, premier film d’António Reis, assisté par Margarida au montage, on retrouve également la rigidité d’un système qui vient d’en haut. Système psychiatrique cette fois, dans un hôpital où Jaime, un travailleur rural, a été interné jusqu’à sa mort, pendant 31 ans. Face à des médecins incapables de le comprendre, Jaime compose - tardivement - au stylo-bille tout un monde habité d’animaux, de textes et d’êtres aliénés. Dans un geste antipsychiatrique postérieur à la mort de Jaime, Reis, par les moyens du cinéma, entend faire exister ces dessins - justement - comme des formes de communication absolument cohérentes.

O acto da primavera de Manuel de Oliveira

Constellation Reis et Cordeiro


À Curahla, dans le Trás-os-Montes, chaque année, les paysans jouent, sur un texte du XVIe siècle, Le Mystère de la Passion. Manoel de Oliveira et son équipe viennent filmer le spectacle.

Mudar de Vida de Paulo Rocha

Constellation Reis et Cordeiro


Le film se déroule à Furadouro, près d’Ovar. Pendant qu’Adelino faisait son service militaire en Afrique, Julia a épousé son frère, pêcheur comme lui. La lutte pour la survie, contre la mer et la tradition, marque ce conflit amoureux. Mais la passion renaît chez Adelino, qui est attiré par le tempérament sauvage de la jeune Albertina.

O movimento das coisas de Manuela Serra

Constellation Reis et Cordeiro


Histoires d’un quotidien empreint de silence. Dans un village du Nord, trois familles, une journée de travail. Seule Isabel a les yeux tournés vers l’avenir, à la différence des autres pour qui vivre est le seul but dans la vie.

Mascaras de Noemia Delgado

Constellation Reis et Cordeiro


Máscaras (1976), de Noémia Delgado, est une œuvre pionnière qui croise le cinéma ethnographique avec des éléments de fiction. Inspirée par divers travaux d'anthropologie, la cinéaste documente les fêtes et les rituels de la région portugaise de Trás-os-Montes, d'anciennes traditions du cycle dit d'hiver, des célébrations d'origine païenne qui évoquent le solstice, le passage à l'âge adulte et les différents cycles de la vie. Mais les rituels masqués ne sont qu'un prétexte pour montrer des aspects de la vie dans cette région, où les usages anciens et les traits socioculturels uniques sont restés inchangés.

Ina Vanguard Style

Dubquake Festival


À l'aube des années 90, la scène soundsystem reggae et ses sono artisanales font vibrer l'underground musical britannique. Dans les soirées, le reggae roots et le son jamaïcain voient les productions UK Dub gagner peu à peu leur place. Au travers d'interviews, de témoignages et d'archives, « Ina Vanguard Style » part de cette période clé de l'histoire du soundsystem Dub pour conter comment Marc Iration et Denis Rootical, membres fondateurs de Iration Steppas, ont propulsé le dub et le reggae dans de nouvelles dimensions. Le documentaire retrace leur parcours depuis leurs débuts à Leeds, leurs premières sorties vinyles, jusqu'aux récents évènements majeurs de leur carrière. Techniques de productions, ouverture sur les musiques électroniques, inspirations, débrouille et persévérance ; « Ina Vanguard Style » met en lumière tout ce qui a contribué à faire d'Iration Steppas un des piliers de la scène dub internationale et une référence incontestable en matière de musique électronique.

Babylon

Dubquake Festival


En dépit de sa présentation à la Semaine de la critique à Cannes en 1980, Babylon de Franco Rosso n’a jamais connu de sortie en salles aussi bien dans le milieu anglo-saxon qu’en France. Classé X par le Conseil britannique de l’Audiovisuel en raison de sa portée potentiellement incendiaire, le film a circulé dans les milieux squats et militants jusqu’à sa ressortie en 2019. Ainsi le raconte le morceau Deliver me from my enemies de Yabbi You qui traverse le film, Babylon(e), dans sa symbolique, représente l’oppression coloniale subie par le peuple jamaïcain. Dès lors, d’ici à un retour souhaité sur la terre ancestrale d’Afrique, le mouvement rastafari va faire des sound systems le vecteur d’un partage politique, subversif et festif de ses idéaux.

Trop tôt, trop tard

L'internationale Straub et Huillet


Les Straub font une partie de campagne. En France puis en Égypte, ils captent des signes formels: toute révolution est un coup de vent. Encore faut-il savoir filmer le vent. Serge Daney

Constellation António Reis et Margarida Cordeiro


Dans les trous de l’histoire du cinéma, un couple de cinéastes portugais, António Reis et Margarida Cordeiro, nous a légué une poignée de films. Réalisés dans les années 70-80, leurs films nous sont arrivés par des voies fragiles. C’est que leur travail n’a pas ou peu été montré et encore moins été édité en DVD. Dès lors, nous avons navigué entre voie institutionnelle et voie de piratage pour reconstituer le puzzle de leur œuvre. Malgré la médiocrité des copies qui nous sont parvenues, Jaime, Trás-os-Montes, Ana et Rosa de Areia nous ont profondément marqués. Leurs films, nous y sommes aussi entrés par des textes, critiques et entretiens - non moins magnifiques que les films eux-mêmes - qui témoignent du fort intérêt qu’a suscité leur travail. Aujourd’hui, les copies enfin restaurées par la cinémathèque portugaise, c’est l’occasion de leur ouvrir une fenêtre et de montrer également comment d’autres cinéastes portugais.e.s ont à la même époque été travaillé.e.s par de mêmes préoccupations.

Géologie de l’humanité, à propos de Reis et Cordeiro


es films de Margarida Cordeiro et Antonio Reis relèvent d’une relation non historique au temps humain. Leur beauté est avant tout géologique : ils tentent de rendre visible, audible une nouvelle géologie de l’humanité. Projet follement marginal dans un art du XXe siècle porté à récapituler les époques et les figures historiques, les ressuscitant comme sous l’emprise d’une dernière pulsion de mort. Mort dont Pasolini disait, gardant en mémoire les dernières pages d’Ivan Illitch, qu’elle est un « fulgurant montage de notre vie ».