mars 2020

Fin des années 90, des initiatives émergent dans le monde et particulièrement en France pour s’approprier les outils de développement argentique que l’industrie cinématographique prenait en charge jusque là. Il est question de faire au moindre coût, de s’éloigner des normes techniques, de faire migrer le savoir de l’usine à un savoir plus précis, plus circonscrit: celui de l’atelier. S’ensuit le passage au numérique. Les laboratoires industriels ferment, délaissent leurs machines à la décharge et les petites structures deviennent « la seule possibilité concrète d’utiliser le support argentique». Parmi elle, il y a l’Abominable, un laboratoire, né en 1996, aujourd’hui logé à La Courneuve, en banlieue parisienne, dans les cuisines d’une école en voie de destruction. S’y trouve réuni tout le matériel permettant le développement et le tirage super-8, 16 et 35mm. Le lieu est avant un tout un outil pour celleux qui désire utiliser ce support, qu’iels viennent de la fiction, du documentaire, des beaux-arts, de la photographie, de l’animation, et d’ailleurs. Des journées d’initiation s’y organisent, visant l’autonomie de chaque adhérent.e.

 

Pas loin de 300 films ont bénéficié de l’existence de ce lieu et l’origine de ce cycle de projection et de rencontres vient de notre désir d’explorer, rendre visible une partie de ce chantier minoritaire de l’image. Découvrir ce laboratoire, c’est aussi sentir que ces savoirs pratiques donnent lieu à d’autres types de partages, offrent un cadre de réflexion sur les marges du cinéma dominant, sur l’auto-production et de nouvelles formes de vies politiques. Il y a communauté. Il y a résistance. Et cette résistance en croise d’autres. Une lutte conjointe, par exemple, contre les projets urbains du Grand Paris: menace permanente des espaces de vie de certaines communautés précarisées.

 

Non pas pensés comme un moment de fétichisation du support argentique, ces quelques jours se présentent plutôt comme une occasion de voir combien ce support appelle une diversité de cinémas, pas seulement campés dans le domaine de la pure expérimentation formelle.

 

De la solidarité et de la galère face aux démolisseur.euse.s des maisons de la Courneuve, en passant par la résistance de cinéastes palestiniens et italiens, par le rythme envoûtant des manifs, de la Maloya et du Rebetiko, par la mémoire des certaines femmes qui ne pouvaient pas parler pour finir enfin s’échouer dans la texture de paysages sous l’occupation. 6 séances comme 6 explorations possibles de notre rapport au monde. Un bloc de 4 jours, qui réunit des cinéaste.s, dont la pratique encore active aujourd’hui, sera éclairée par leur présence généreuse.

 

Avant ou après des films

 

des discussion possibles

 

une fête de soutien le jeudi 12 en collaboration avec Bongo Joe

 

une cantine ouverte le samedi à 21h et le dimanche à midi

 

pour un moment populaire et libertaire.



Above the Clouds de Katsuya Tomita

Cycle - Katsuya Tomita, dans les marges


"J’ai commencé ce film quand j’avais environ vingt-cinq ans, mais à trente ans, il n’était toujours pas terminé. L’écriture du scénario a pris deux ans, suivie par trois ans de tournage. Mon âge a influencé mon engagement sur le film : il est le reflet des préoccupations propres à la jeunesse."

Off Highway 20 de Katsuya Tomita

Cycle - Katsuya Tomita, dans les marges


La vie sans issue de Hisashi est faite de tout ce qui symbolise le Japon rural d’aujourd’hui : les clubs de karaoke, les salles de pachinko et leurs distributeurs automatiques, les centres commerciaux discount qui ont poussé comme des champignons le long des autoroutes. Dans cette existence vide de sens, la banalité du quotidien se répète à l’infini...

Bangkok Nites de Katsuya Tomita

Cycle - Katsuya Tomita, dans les marges


Le premier plan de Bangkok Nites de Katsuya Tomita, co-écrit avec Toranosuke Aizawa, est une de ces merveilles qu’offre parfois le cinéma : tout un film à-venir, les quasiment trois heures de désordre amoureux et de rage silencieuse, d’affects à fleur de peau et de mépris souverains que la mise en scène va savamment diffuser, déplier, étirer, sont là, condensées en quelques minutes seulement. Des minutes en suspension, pures, encore opaques, mystérieuses, encore vierges.

Saudade de Katsuya Tomita

Cycle - Katsuya Tomita, dans les marges


A Kôfu, dans la préfecture de Yamanashi, Seiji travaille sur des chantiers. Il sympathise avec Hosaka tout juste revenu de Thaïlande. Ensemble, ils passent leurs soirées dans les bars en compagnie de jeunes Thaïlandaises. Sur un chantier, ils rencontrent Takeru, membre du collectif hip-hop de la ville, Army Village. Touché par la crise économique, ce dernier chante son mal-être et sa rage contre la société. Lors d’une battle de rap, Takeru et son collectif affrontent un groupe de Brésiliens aux origines japonaises. Commence alors une “bataille des mots” sur fond identitaire.

Film-expériences de Guillaume Mazloum et Camilo Restrepo

Avec l'Abominable


4 films, dont l’intensité de l’expérience qu’elle soit politique, poétique ou musicale sera prolongée par une excursion proposée par le dj Rythme de vie. Un set pensé dans la direction de la Maloya, chant réunionnais, qui fait vibrer les cercueils.

Deux films de Sayaka Mizuno


“Ses oreilles sont loins, elle n’entend pas”. “Et si tu ne rentres pas, tu vas te faire avoir par les thons”.

Norie de Yuki Kawamura


Le réalisateur construit, avec extrême délicatesse, un film sur la complexité des rapports de famille, sur la transmission, sur l’amour. Une traversée poétique à travers les esprits qui continuent à vivre dans la mémoire des autres.

A bientôt


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