Spoutnik est un cinéma historique né en 1986 dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance. Cinéma satellite au sein de l’Usine, cinéma tournant en orbite à l’intérieur de Genève, cinéma gravitant autour d’œuvres hors-système, d’astres invisibles ou de planètes mal connues, Spoutnik est un appareil qui permet de créer des microcosmes en dehors de la rentabilité-machine-industrie du cinéma commercial. C’est un espace dédié aux films — mais pas que — qui expérimentent, cherchent, et s’interrogent, à la marge.

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Équipe • Archives • Tarifs

🎥 Cinéma Spoutnik
11 rue de la Coulouvrenière, 1er étage
1204 Genève

📍Bureau du Spoutnik
4 place des Volontaires
1204 Genève

Spoutnik est accessible aux personnes à mobilité réduite sur rendez-vous

📞 +41 (0)22 328 09 26
cinema@spoutnik.info
 cinema Spoutnik
Avec l’appui de l’Etat et de la Ville de Genève, du Fond Culturel Sud, du Département des affaires culturelles et de la Loterie Romande.



PALESTINE, FIMER C’EST EXISTER

A Fidai Film

Kamal Aljafari
Palestine, Allemagne, Qatar, Brésil, France· 2024 · 78’| VOstFR

LUN 02.12- 19:00
Visioconférence avec Flavia Mazzarino, productrice du film


En 1982, Israël assiège Beyrouth et pille les archives du Centre de recherche palestinien, dont une riche collection de photographies depuis le mandat britannique, et des films. Ces documents sont depuis détenus au ministère de la défense israélien, appropriation qui a fait disparaître leur origine. Certaines de ces archives sont aujourd’hui en ligne. Kamal Aljafari les récupère et crée un contre-récit: il maltraite les images afin d’en faire ressortir l’idéologie coloniale, le regard exotisant, il biffe les commentaires des vainqueurs et occupants, modifie des sons... autant de gestes de colère et de lutte pour restituer la mémoire palestinienne volée. A Fidai Film se revendique comme acte de sabotage cinématographique, un combattant, comme l’indique sans équivoque le titre.

KAMAL ALJAFARI est un artiste palestinien connu pour ses films et ses expositions. Il a grandi à Ramle et Yaffa (Israël depuis 1948). Diplômé de l’Académie des Arts multimédias de Cologne, il est aussi passé par Harvard en tant que membre du Film Study Center- Radcliffe Fellow. Il est lauréat de plusieurs bourses et ses films ont reçu de nombreux prix.
Face à la volonté israélienne d’effacement des Palestinien·ne·s, il explore les manières de reconstruire la mémoire. Sa démarche cinématographique, inspirée de la Nouvelle Vague, déroute: ses images ne sont pas vraiment les siennes, il les dérobe à d’autres films, israéliens le plus souvent, pour mieux les détourner et leur donner un autre sens. K. Aljafari a construit The Roof (2006), Port of Memory (2010) et Recollection (2015) comme «des actes de justice cinématogra- phique contre l’occupation cinématogra- phique israélienne»

Avec son film A Fidai Film (2024), il poursuit ce travail de réappropriation radicale des images volées dans le Centre de recherche palestinien en 1982.

« C’est pour moi un acte politique, je n’ai pas à demander si j’ai le droit ou non de m’en servir. Eux n’ont jamais demandé. Je ne leur dois rien du tout. D’ailleurs, on devrait pouvoir tout utiliser et réutiliser pour s’ex- primer comme on le souhaite. Ce qu’on veut montrer avec les images, ne dépend que de nous. »




PALESTINE, FIMER C’EST EXISTER

Ghost Hunting

Raed Andoni
France, Palestine, Suisse, Qatar· 2017 · 94’| VOstFR

LUN 02.12- 21:00
Projection suivi d’une discussion avec Nicolas Wadimoff, producteur du film.
Depuis 25 ans, une image hante Raed Andoni. Celle d’un jeune homme menotté, assis dans la cour d’une prison, un sac sur la tête. À chaque fois, ce sont les mêmes sons : des portes métalliques qui s’ouvrent, des bruits de pas qui se rapprochent. À travers le sac, le jeune homme aperçoit les baskets blanches d’un homme. Pour affronter les fantômes qui le tourmentent, Raed Andoni décide de réaliser Ghost Hunting. Il réunit des hommes qui, comme lui, ont été détenus à Al Moskobiya, centre d’interrogatoire israélien. Ensemble ils reconstituent ce lieu et les anciens prisonniers vont (re)jouer les interrogatoires et la séquestration. Cette mise en scène conduit les uns et les autres à jouer tantôt les bourreaux, tantôt les victimes. Au fur et à mesure que les parois des cellules s’élèvent et que la reconstitution s’élabore, les langues se délient et les émotions se relâchent.
Né en 1967 à Beith Sahour, près de Bethléhem, RAED ANDONI a un parcours d’autodi- dacte, associé dès 1997 au développement du cinéma indépendant en Palestine. Pro- ducteur avant de devenir réalisateur, il est le co-fondateur de Dar Films (Ramallah). Il produit et co-produit plusieurs documen- taires primés: The Inner Tour de Raanan Alexandrowicz (2000), Live from Palestine de Rachid Masharawi (2002,) et Invasion de Nizar Hassan en 2003 (PFC’E 2016). Il crée avec Palmyre Badinier en 2008 la société de production Les films de Zayna (FR).

Son 1er documentaire en tant que réalisa- teur, Improvisation (2005), dresse un portrait des musiciens du Trio Joubran. Avec Fix me (2010), son 1er long métrage, Raed Andoni effectue un voyage intérieur transformant ses interrogations en véritables questions de cinéma: comment filmer l’intimité d’une thé- rapie, comment parler de la lutte collective, comment trouver l’équilibre entre les deux? Son 2e long-métrage Ghost Hunting (2017) poursuit cette réflexion en mettant en scène l’emprisonnement. Les centres d’interrogatoires israéliens sont le terreau de nombreuses histoires d’héroïsme et de victoire, mais aussi de dominant-dominé, de faiblesse et de défaite, ressenties comme honteuses. Cette réalité est rarement exprimée et les traumatismes restent au fond des âmes. Ce film est né d’un besoin de l’exprimer.