Spoutnik est un cinéma historique né en 1986 dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance.
Cinéma satellite au sein de l’Usine, cinéma tournant en orbite à l’intérieur de Genève, cinéma gravitant autour d’œuvres hors-système, d’astres invisibles ou de planètes mal connues, Spoutnik est un appareil qui permet de créer des microcosmes en dehors de la rentabilité-machine-industrie du cinéma commercial. C’est un espace dédié aux films — mais pas que — qui expérimentent, cherchent, et s’interrogent, à la marge.
Daria's Night Flower گلهای شب ِدریا Maryam Tafakory . 2025 . 16’ I VOstFR Iran/United Kingdom MAR 16.12 - 20:30
DIM 04.01 - 19:00
MER 14.01 - 20:30
MAR 27.01 - 20:30
MARYAM TAFAKORY
Pour ce creux d’hiver, nous souhaitions partager le travail d’une cinéaste-poétesse qui nous tient particulièrement à cœur : Maryam Tafakory, voix singulière du cinéma expérimental contemporain.
Son œuvre dit, dans la langue du film, l’émotion en délicatesse et en surimpression : mouvements intérieurs, secousses, débordements. Elle tisse gestes minuscules, récits murmurés, images trouvées et fragments textuels pour composer un cinéma traversé par l’emportement, la tendresse, la mémoire, le désir, et une rage parfois trop contenue.
Née et ayant grandi en Iran, Maryam Tafakory développe une pratique visuelle mêlant collages filmiques et textuels, poésie, non-fiction spéculative et archives. Elle explore la manière dont les images parlent ou se taisent, révélant des formes d’effacement touchant aux corps, aux intimités et aux histoires. Ses films, performances et essais vidéo revisitent, découpent et remontent des images du cinéma iranien post-révolution, pour en dévoiler les marges et les silences.
Une nuit, deux femmes partagent un moment d’intimité. L’une confie à l’autre le souvenir d’un rendez-vous à Téhéran, soudain transformé en cauchemar par l’intervention de la police des mœurs. Ce récit s’inscrit à l’écran en surimpressions où se mêlent étreintes, gestes fragmentés et extraits de films post-révolutionnaires, laissant apparaître la fine frontière entre désir et peur. En 1998, deux lycéennes envoient une lettre au premier journal édité par des femmes, espérant y être publiées. Dans l’attente, elles imaginent un film qu’elles savent impossible. Leur histoire se superpose à des archives fragiles, pellicules usées, vidéos altérées, pour composer un récit sur la trace et la persistance, où chaque image porte la mémoire des gestes nécessaires à sa création et à sa survie. Le premier manuscrit de Daria raconte une passion naissante pour une jeune femme appelée abi (« bleu »). Dans un contexte où les histoires d’amour glissent vers la menace, les fleurs de la nuit deviennent les gardiennes silencieuses de désirs dissimulés et de violences étouffées. À partir d’archives du cinéma post-révolution, le film associe violence patriarcale et usages botaniques, remède, refuge, poison, pour tracer une fable d’effacement et de résistance, portée par les voix qui survivent dans les marges.