UNDERGROUND de Mary Lampson, Emile de Antonio et Haskell Wexler


mer. 8 févr. 2023   20h30
dim. 19 févr. 2023   17h00
Cycle

LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE

UNDERGROUND, Emile de Antonio, Haskell Wexler, Mary Lampson, États-Unis, 1976, 87’, Vo, sous-titré français

ME 8, 20h30
DI 19, 17h00

Entretien avec les membres du Weather Underground, mouvement révolutionnaire marxiste-léniniste revendiquant le principe d’importer la guerre du Vietnam sur le territoire américain (« Bringing the War Home »). Bill Ayers, Kathy Boudin, Bernardine Dohrn, Jeff Jones, Cathy Wilkerson, passés dans la clandestinité, sont alors les ennemis publics n°1, traqués par le FBI.





LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE

Il y a trois ans, Netflix distribuait Les Sept de Chicago d’Aaron Sorkin, une fiction qui revenait sur le procès des militants condamnés pour leur présence à une manifestation contre la guerre du Viêt Nam, tenue à Chicago en 1968 lors de la Convention nationale démocrate. Ah tiens, une fiction de gauche sur Netflic? En fait non, plutôt un objet sympathique. Les flics en manif y ont l’allure de marionnettes, le juge, comme souvent dans les films de tribunal, y est très méchant, et les sept condamnés sont hissés au rang de héros charismatiques. Le film fait ainsi rentrer l’événement dans la mémoire collective en le rendant aisément assimilable et domestiqué. Suite à cela, on a souhaité voir un peu comment le sujet avait été traité au moment des faits. On a trouvé une série de films qui démontrent que Les Sept de Chicago n’est rien d’autre qu’une formidable entreprise de déni, d’oubli quant au niveau de violence imposé par l’État américain à ses concitoyen.ne.s dans ces années-là. Ainsi, pour réunir ces cinq films – MEDIUM COOL (Haskell Wexler, 1969), LISTEN AMERICA ! (Edouard de Laurot, 1969), PUNISHMENT PARK (Peter Watkins, 1971), AS ABOVE, SO BELOW (Larry Clark,1973) et UNDERGROUND (Mary Lampson, Emile de Antonio, Haskell Wexler, 1976) – autour d’un titre, la phrase du militant H. Rap Brown entendue dans UNDERGROUND nous a paru de circonstance: “La violence est aussi américaine que la tarte aux cerises”. C’est-à-dire que tous les américain.e.s goûtent à cette violence. C’est le fond de l’air du pays. Et dès lors que des groupes reconnaissent que “nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles” (dixit les Straub), dès lors que ces groupes contestent ce monde, l’interrogent, ils se retrouvent alors brutalement en prise avec la violence. C’est le mouvement à la fois terrible et courageux de ces films que de chercher les moyens de mettre en scène cette conflictualité. Et problématiser les voies de sortie envisagées: pacifisme ou lutte armée, avec ou sans la dope pour expérimenter de nouveaux rapports sociaux, avec ou sans la convergence des luttes autour de la race, du genre et des classes sociales. Ces contradictions qui ont façonné ces années et ces films restent toujours pertinentes aujourd’hui, pour se demander encore une nouvelle fois: que faire ou comment faire face à la violence politique?