POTO ET CABENGO de Jean-Pierre Gorin


lun. 22 mai 2023   20h30
mar. 23 mai 2023   20h30
mer. 24 mai 2023   20h30
jeu. 25 mai 2023   20h30
mar. 30 mai 2023   20h30
mer. 31 mai 2023   20h30
Cycle

À QUELLE HEURE PASSE LE TRAIN? RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S)

À QUELLE HEURE PASSE LE TRAIN?
RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S)
CHAPITRE 4: POTO ET CABENGO

POTO ET CABENGO, Jean-Pierre Gorin, États-Unis, Allemagne de l’Ouest (RFA), 1980, 76’, vo sous-titré français

Et, paaaf, autre fenêtre sur la psychiatrie. Avec un film qui s’est lui aussi retrouvé au fond du puits pendant quarante ans, sans que là non plus on ne comprenne pourquoi et comment cela est arrivé. Ce film, c’est POTO ET CABENGO (1978) de Jean-Pierre Gorin. Et Jean-Pierre Gorin, ça a été le camarade de Jean-Luc Godard pour les films qu’ils ont tourné ensemble sous la bannière Dziga Vertov. Leur histoire a mal fini et Gorin s’en est allé aux États-Unis, enseigner et filmer en solitaire, sans rien abandonner du caractère politique, incisif et burlesque à l’œuvre dans son travail avec Godard. POTO ET CABENGO, c’est le nom que se donnent deux sœurs jumelles, Grace et Virginia Kennedy. Grace et Virginia communiquent entre elles avec des mots que leurs parents ne comprennent pas. Les linguistes s’en mêlent. Les psychiatres s’en mêlent. Les logopédistes s’en mêlent. La presse s’en mêle. La télévision s’en mêle. Chacun y va de son explication et tout ce beau monde, soit, célèbre l’invention d’une nouvelle langue, soit, se préoccupe de la reconduction vers la norme de ces deux gamines. Gorin, lui, confronte, monte, démonte tous ces discours. À côté de cela, il mène l’enquête auprès de la famille. La mère, exilée d’Allemagne. Le père, gérant immobilier. Tous deux rêvant de faire fortune en Californie. Mais surtout, il filme les deux sœurs débordant du cadre, les emmène à la bibliothèque ou au zoo. En contraste de ce qu’il vit et traverse avec elles, les adultes autour se ridiculisent et c’est tout le mythe américain qui se décompose sous nos yeux. Une fois l’Amérique à terre, on peut peut-être reconstruire quelque chose autour des jeux de mots de Grace et Virginia.
Tom et Nathan





À QUELLE HEURE PASSE LE TRAIN? RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S)

« Il s’agissait avant tout d’être solidaire de gamins afin qu’ils échappent au sort que la société leur réservait ». C’est ainsi que Jacques Lin caractérise l’expérience de la prise en charge d’enfants autistes, jugés irrécupérables, menée à partir de 1968 dans une ferme située dans les Cévennes avec Fernand Deligny et d’autres « présences proches ». Cette solidarité dont parle Jacques Lin, s’est tissée à partir de différentes activités conduites collectivement: cuisine, élevage, maraîchage, promenades, dessins. Et au milieu de ces gestes coutumiers, le cinéma s’est parfois trouvé une place. C’est à travers les films qui découlent de cette tentative – Le moindre geste, Projet N – que l’on s’est rendu compte que psychiatrie et cinéma avaient probablement à faire ensemble. Cela nous a donné le désir de chercher. Non pas des films sur la folie, ou sur les fous (Hollywood ou Netflic encore, excellent dans le domaine), mais où le cinéma (voir et entendre) est le lieu d’un travail en commun et un point de rencontres possibles. Dès lors, on tâchera d’ouvrir quelques fenêtres chaque mois au sujet de ces questions. Avec aussi l’envie que ces séances s’enrichissent d’interventions, de discussions et de débats.

Tom & Nathan