Le syndrome asthénique


mer. 26 mai 2021   20h30
lun. 31 mai 2021   20h30

Réalisation
Kira Mouratova
Pays
Russie
Année
1989
Langue
ST français
VO russe
Format
DCP
Durée
153'
Cycle

Kira Mouratova

LE SYNDROME ASTHÉNIQUE, Kira Mouratova, Russie, 1989, 153’

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Les deux héros du film ont une réaction diamétralement opposée à l’agression permanente qu’ils subissent de la société. La première, une veuve de cinquante ans, réagit en « cognant » à son tour ceux qui l’agressent. Le second, un enseignant d’une trentaine d’années, souffre de « syndrome asthénique » : sa tactique de fuite consiste à s’endormir chaque fois qu’on l’assaille, jusqu’à ce qu’il ne se réveille plus de ce sommeil irrésistible, dans l’indifférence générale.

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Infos pratiques:

Ouverture des portes 20h00. Projection 20h30.

Jauge de la salle réduite à 25 personnes. Pas de réservation possible.

Port du masque obligatoire dans les parties communes du cinéma (caisse, hall, toilettes) et pendant la séance.

Nous vous prions également de nous laisser vos coordonnées (nom, prénom, numéro de téléphone, adresse e-mail).





Kira Mouratova

Si tu regardes un film, ou tu lis un livre, tout le monde dedans est si beau. Leurs sentiments, leurs actions sont tellement censés, aboutis. Même quand ils souffrent, tout est logique et cohérent. On comprend les causes et les conséquences. Il y a un début, un milieu, une fin. Alors que là, tout est vague et informe.

 
Ces quelques paroles sont tenues par Kira Mouratova, actrice de ce qu’elle considère comme son premier long-métrage, Brèves rencontres (1967). Le cinéma de Mouratova vient à quelque part renverser cet énoncé, pour partir d’abord de ce qui «est vague et informe», laissant ainsi discourir toutes les formes de liberté. Ce parti pris s’oppose à la rigidité du système soviétique, ce qui a valu à Mouratova une censure importante de la plupart de ces films. C’est comme si les conditions de production de l’époque, étroitement liées au système politique tout entier, n’étaient pas en mesure d’accueillir le monde de Mouratova. Rien de sciemment contestataire à l’égard du régime mais une farouche volonté de filmer les marges: Femmes en exil intérieur, mendiant.e.s, dormeur.euse.s, indigènes, bouffon.e.s, jeunes vagabond.e.s. Mouratova se range dès lors du côté de celles et ceux dont la vitalité serait pleine mais contrariée. Dans ce monde, rien n’est ainsi «logique et cohérent». Les voix s’ignorent, se chevauchent, les corps se bousculent, les esprits peinent à se comprendre. Ce chaos, les films l’explorent par un infini de trouvailles formelles: désynchronisation volontaire des voix, effets de répétition ou de rupture, jaillissement du passé dans le présent. Toutes ces idées sont contenues dans un montage – réalisé par Mouratova – qu’on peut associer à une partition nécessairement cacophonique qui finirait par aboutir à une symphonie pour les exclu.e.s. C’est que Mouratova déborde d’affection pour ses personnages: « Telle personne me plaît, je veux la filmer, c’est comme un amour. Je veux la filmer, et je ne sais pas comment l’introduire dans mon scénario. Je cherche, je laisse reposer, et puis je finis par trouver». En fin de compte, dans l’horizon étroit que put être le modèle soviétique, les films de Mouratova, tout à la fois tragiques et comiques, sont d’immenses cris d’amour pour son peuple.