J’AI PAS SOMMEIL de Claire Denis


ven. 24 févr. 2023   20h30
Cycle

BRASIER # 3 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA DA CUNHA

J’AI PAS SOMMEIL, Claire Denis, France, 1994, 35mm, 110’

VE 24, 20h30

Le 24 février on vous donne rendez-vous pour les brasiers#3. A cette occasion, on projettera en 35 mm J’ai pas sommeil de Claire Denis.
Ce film réalisé en 1993 est inspiré de l’histoire d’un tueur en série, Thierry Paulin, qui sévissait dans le quartier de Montmartre à la fin des années 80.
Claire Denis réussit un tour de force: elle réalise un film noir, sans suspens, sans enquête et quasiment sans flics.
Une très belle bande-son ainsi qu’un casting d’enfer autant devant que derrière la caméra (Claire Denis travaille quasiment exclusivement avec des gens qu’elle aime et on le sent) donne à cette histoire une grande profondeur.
Dans ce film, il y a un refus du spectaculaire: le regard de la réalisatrice nous donne à voir les zones d’ombre de certaines trajectoires vagabondes qui peuplent le 18ème arrondissement de Paris. Le mystère plane tout au long du film, les personnages y sont saisis dans toute leur complexité et dans une absence totale de jugement.
Seul.e.s et ensemble à la fois, à la recherche d’un collectif perdu, ils et elles essaient de garder ou de nouer des liens mais il y une impossibilité à cela.
Chacun, chacune est enfermé.e dans son rêve ou juste dans son quotidien. Comme si, malgré l’ardeur de vivre et les complicités qui en découlent, le bonheur ne pouvait exister qu’à travers la réalisation individuelle ou alors peut-être par l’acceptation de sa propre solitude/condition.
Il n’y a pas d’explications sociologiques ou psychologiques dans ce film mais par le portrait que Claire Denis fait du contexte, de ce quartier de Paris, on est tenté d’y voir une approche matérialiste.
Une réplique résonne encore dans ma tête, celle de Camille qui incarne le tueur: « Ce sont les choses qui déconnent ».

Le point du vue qu’offre cette œuvre est amoral (le mal est partout et nul part) et nourrit cette question qui traverse tout le film: qu’est-ce qu’un monstre?
Et comme toujours dans les films de Claire Denis, c’est aux spectateurices d’y répondre.

Erika Nieva Cunha





BRASIERS: Carte blanche à Erika Nieva Cunha

On a jusqu’ici eu une peine énorme à le faire mais on aimerait que notre programmation se décentre un peu, s’ouvre à une autre sensibilité, à d’autres cinéma. Alors, grande joie de laisser à Erika – cinéaste et projectionniste au Spoutnik – l’espace pour une série de carte blanches!

Carte blanche à noircir
Une invitation (une occupation) qui sonne comme un défi (les cinémas désertés)
ou comme un appel à joindre nos voix pour un retour dans les salles obscures,
il faut que les cinémas vivent
que ces lieux magiques redeviennent populaires,
que ça survive (comme les lucioles)
qu’on se retrouve pour partager des films, des bouffes, des conversations infinies
Erika Nieva Cunha