BLESS THEIR LITTLE HEARTS de Billy Woodberry


lun. 20 févr. 2023   20h30
Cycle

1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS

BLESS THEIR LITTLE HEARTS, Billy Woodberry, États-Unis, 1983, 82’, Vo, sous-titré français

LU 20, 20h30

Écrit et photographié par Charles Burnett, le premier long métrage de Billy Woodberry, autre pilier du mouvement LA Rebellion (il a collaboré aux premiers films de Alile Sharon Larkin et fait l’acteur chez Hailé Gerima), Bless Their Little Hearts constate, sept ans après Killer of Sheep, les mêmes ravages causés par le chômage dans le quartier de Watts, laissée exsangue après les émeutes de 1965. Le film de Charles Burnett mettait en scène la déliquescence d’une famille mais l’énergie des enfants faisait encore espérer. Chez Billy Woodberry, les enfants ont interrompu leur course et se sont tus : ils forment le chœur muet d’une lente catastrophe incarnée par un couple qui sombre sans pouvoir se rattacher à rien. Le film épouse le rythme d’une complainte chantée en mineur.





1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS

Que faire face à la violence politique? Commencer peut-être par se raconter.
C’est ce à quoi se sont consacré.e.s plusieurs cinéastes afro-américain.e.s entre les années 70 et 80. Leurs films – SEVERAL FRIENDS (1969), THE HORSE (1973), KILLER SHEEP (1978) et MY BROTHER’S WEDDING (1983) de Charles Burnett, LOSING GROUND (1982) de Kathleen Collins et BLESS THEIR LITTLE HEARTS (1983) de Billy Woodberry – viennent après les émeutes, après Martin Luther King, après Malcolm X, après les Black Panthers. Dès lors, le travail de ces cinéastes n’a pas été d’enregistrer l’insurrection mais de recourir à la fiction pour documenter la condition de vie des leurs dans les ghettos. Si dans ces films, le Blanc et la police sont éliminés du champs visuel, il n’en reste pas moins que les tensions sont vives à l’intérieur de la communauté. Tensions car le chômage ronge le quartier et que derrière, tout se fragilise: l’amour, la famille, l’amitié. Ainsi, ces situations tragiques trouvent écho dans la forme même des films, à savoir des mélodrames qui, s’ils sont chargés d’affect, n’abandonnent jamais une rigueur d’observation sociologique.