Vous savez, on en a parlé en juin dernier, il y a ce cinéma, ce cinéma international de quartier, à Marseille, Le polygone étoilé, son nom vient d’un livre de Kateb Yacine. Enfin, dans ce cinéma, début décembre, il y a la semaine asymétrique, ce non-festival de cinéma. NON NON NON NON aux festivals de cinéma. NON NON NON NON… Là-bas, il y aura Maya, amie et projectionniste du Spoutnik, qui y montrera un film qu’elle a fabriqué dans le froid en même temps qu’elle projetait dans le froid l’hiver dernier. Ce film – AGITER LA RUE – revient sur le moment où on était fermé dedans mais ouvert dehors, en raison du pass sanitaire. Maya est venue avec sa caméra dans un moment où on se posait ces questions: qu’est-ce que ça ferait si, parfois, des images et des sons émergeaient de ces formes d’organisations collectives, sans seulement atterrir sur instagram? Est-ce encore simplement possible? Comment rendre cela encore possible? Le souhaite-t-on encore? Puis, ces images ont fait une sieste quelque temps avant de passer par l’opération de montage (beau souci). Ces images, une fois tressées avec des voix enregistrées plus tard, on peut s’y retrouver devant et revoir, revenir, repenser, reréfléchir, enfin une quantité de re re re re pour continuer d’avancer. À Genève, ce film passera le mercredi 14 décembre, au chaud, dans les murs du Spoutnik. Mais encore. Toujours un peu traversé par cette nostalgie de ce temps où on déménageait notre arsenal de projection de lieux en lieux, on renoue ce mois-ci avec l’itinérance, chez nos camarades de Bongo Joe Records. Ce sera le lundi 5 décembre. Avec deux films de Les Blank, cinéaste auquel on est très attachés, qui n’a jamais abandonné les communautés, les minorités, les diasporas, chez qui on ne cesse de bouffer et jouer de la musique. Joie aussi de savoir qu’à la suite de la projection, Bébé Belge jouera quelques morceaux de musique Cajun. On vous soumet aussi un merveilleux cadeau, le retour de Jean Fléchet, avec son TRAITÉ DU ROSSIGNOL. En octobre, ce film a rencontré zéro personne au Spoutnik, alors on lui donne une nouvelle chance le 12 décembre. Dans cette idée de générosité renouvelée, on remontre aussi le film brésilien MATO SECO EM CHAMAS. C’est qu’on a croisé du monde qui nous a dit ne pas avoir trouvé le temps de le voir en novembre. On donne ainsi deux nouvelles occasions de l’apercevoir: les 6 et 8 décembre.
On a jusqu’ici eu une peine énorme à le faire mais on aimerait que notre programmation se décentre un peu, s’ouvre à une autre sensibilité, à d’autres cinéma. Ça commence le 9 décembre avec une et probablement plusieurs cartes blanches à Erika qui a rejoint l’équipe du Spoutnik. Elle a choisi MADAME SATA de Karim Aïnouz, que l’on projettera en 35mm. Terminons cet édito avec les beaux mots d’Erika:
Carte blanche à noircir
Une invitation (une occupation) qui sonne comme un défi (les cinémas désertés)
ou comme un appel à joindre nos voix pour un retour dans les salles obscures,
il faut que les cinémas vivent
que ces lieux magiques redeviennent populaires,
que ça survive (comme les lucioles)
qu’on se retrouve pour partager des films, des bouffes, des conversations infinies
dans le noir des salles et de la nuit.
Tom et Nathan