Film de contre-science-fiction, entrant en résistance armée à la science-fiction réalisée par le fascisme fossile au pouvoir dans son pays (une dictature pétrochimique), Mato Seco… trouve du pétrole à Ceilândia, et restitue cette ressource au peuple des femmes en lutte, au gang épique des pétroleuses noires, gouines, mères et cheffes de guerre, qui reprennent le contrôle du quartier. Cette mutinerie, le film la présente, la produit, comme une brûlure lente, calme incendie qui ravage tout, cinéma et fiction compris. Un art qui soit modeste et grandiose à la fois, qui sache quitter toute espérance pour faire de la politique librement, raconter l’histoire sans espoir ? Un film qui crée un vrai-faux parti, le parti du peuple prisonnier (dans un pays qui met en tôle celles et ceux qui, de Lea en Lula, veulent rendre le pétrole aux gens), dont les initiales, PPP, criées haut et fort dans les rues de la favela font peut-être renaître de ses cendres un certain Pasolini, auteur d’un roman titré Pétrole ? C’est pour mieux faire entendre tout le reste, la voix forte et fragile des damnées de la terre. L’histoire a commencé depuis toujours, elle prend encore de nouvelles formes, un film est tendu entre les deux. Luc Chessel