Films no wave & cinéma de transgression

5 jours pour découvrir une série de perles rares de cette période, avec, en ouverture, l’excellent documentaire BLANK CITY et la présence, de jeudi à samedi, d’un des piliers du cinéma No Wave, la réalisatrice Vivienne Dick.

New York, 1975. La ville est au bord de la faillite. Le quartier du Lower East Side dont la population a diminué de 40% se transforme en une friche urbaine apocalyptique, succession de taudis et de carcasses de voitures… Le terrain de jeu rêvé pour toute une génération de jeunes artistes en mal de liberté ! Autour des clubs Max Kansas City, Mudd et CBGB se développe une scène musicale et artistique dite « No Wave », nommée ainsi d’après la compilation « No New York » (1978), produit du flair de Brian Eno, où figurent les groupes James Chance & the Contorsions, Teenage Jesus and the Jerks, Mars et D.N.A. Se distinguant de la mouvance punk par son côté expérimental et nihiliste nourri au Free Jazz, Noise et Funk dissonant, cette scène est un fleuron du « Do It Yourself », de l’entraide et de l’amateurisme assumé.

Certains artistes, influencés par les films de Warhol, Jack Smith, Godard ou Cassavetes, s’emparent de caméras Super 8 et prennent pour modèles leurs connaissances – Lydia Lunch, Eric Mitchell, John Lurie, Debbie Harry de Blondie, Patti Astor entre autres – à travers des fictions inspirées de leur quotidien et de leurs nombreuses obsessions.
Début années 80, une partie d’entre eux est passée à l’étape supérieure – Jim Jarmusch, dont PERMANENT VACATION a été repéré par Wim Wenders, sort de l’underground pour connaître la carrière que l’on sait – la plupart des autres se sont retirés. D’autres cependant ont suivi une voie plus radicale, se rassemblant sous l’étendard du « Cinéma de transgression », s’appliquant à mettre à mal les hantises de la société bien pensante reagannienne : sexe, violence et marginalité.




BLANK CITY

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


C’est après avoir découvert ROME 78 de James Nares, BLANK GENERATION, d’Amos Poe et DOWNTOWN 81 à Cinémathèque française que cette jeune Nantaise a entrepris un long séjour à New York durant lequel elle a pu se rendre compte de l’ampleur et de la richesse de ce qu’avait secoué le Lower East Side des années fin 70 début 80.

PROGRAMME BETH B & SCOTT B

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION
EN PRÉSENCE DE VIVIENNE DICK


Couple d’artistes (elle a étudié à la School of Visual Art, lui est sculpteur), les « B’s » étaient actifs au sein du Colab (Collaborative project), notamment à travers le New Cinema, plateforme où les artistes de différentes disciplines pouvaient créer ensemble sans pression économique.

PROGRAMME VIVIENNE DICK

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION
EN PRÉSENCE DE VIVIENNE DICK


Figure emblématique du cinéma dit « No Wave », elle a été l’une des instigatrices du New Cinema et notamment claviériste dans le groupe Beirut Slump de Lydia Lunch. Membre de la London Film-Maker’s Co-op, ses films ont étés présentés dans plusieurs programmes autour du cinéma d’avant-garde (MoMA, Tate Britain, Whitney Museum).

ROME 78

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION
EN PRÉSENCE DE VIVIENNE DICK


L’atmosphère « fin de règne » du New York dans lequel évoluait Nares le poussa a transposer la Rome décadente de Caligula dans les taudis du Lower East Side. En résulte un gros n’importe quoi où les romains en toge fument clope sur clope, où la langoureuse Lydia Lunch voit se succéder sur son lit des types lisant leurs répliques planquées derrière un rideau, le tout nappé d’un ennui « camp » délicieux.

THE OFFENDERS

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


Une riche héritière rebelle est kidnappée par des voyous qui réclament une rançon à son père. Mais ses geôliers ainsi que toute forme d’autorité qui se dresseront sur son passage vont subir sa rage. Financé et tourné à mesure que les bobines étaient développées et montrées en soirée, le film est un pur exemple de DIY.

THE FOREIGNER

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


L’agent secret européen Max Menace débarque à New York, mais apprend sur place qu’il n’y a en fait aucune mission et que son contact ne sait rien de lui. Commence alors une dérive à travers les rues abandonnées du Lower East Side, le pieds des Twin Towers, l’immensité d’une plage de Downtown…

PROGRAMME NICK ZEDD

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


Créateur et principal auteur de l’Underground Film Bulletin (1984-1990) où il traitait des travaux de ses contemporains et de leurs prédécesseurs (Jack Smith, George & Mike Kuchar ou les Activistes viennois). Nick Zedd y publie en 1985 son « Cinema of Transgression Manifesto », acte fédérateur de ce groupe de réalisateurs et artistes réunis par leur goût du choc et de l’humour noir, dont notamment Richard Kern, Tessa Hughes Freeland, Lung Leg, Lydia Lunch ou encore Tommy Turner.

PROGRAMME RICHARD KERN

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


Débarqué à New York en 1979, Kern est devenu un des piliers du « Cinéma de transgression » à travers ses court-métrages Super8 expérimentaux mettant en scène les membres de la scène underground de l’époque : Lydia Lunch, David Wojnarowicz, Kembra Pfahler entre autres

DOWNTOWN 81

FILMS NO WAVE & CINÉMA DE TRANSGRESSION


Tourné en 1981 mais abandonné pour des raisons financières, le film a finalement pu voir le jour en 2001 grâce aux efforts de son scénariste, Glen O’Brien et de la styliste Maripol. On y suit l’artiste Jean-Michel Basquiat, disparu en 1988, dans une sorte de conte destroy entre fiction et documentaire, inspiré de son parcours d’artiste puisant son inspiration dans la rue.