C’est à l’âge de 17 ans qu’Antoine d’Agata quitte Marseille, mu par des idéaux punk et anarchiste, pour bourlinguer autour du monde jusqu’à ses 30 ans. Il survit alors en passant de bordels en bars, de la rue aux taudis, et partage le sort des marginaux qu’il fréquente.
En 1990, L’International Center of Photography à New York (ICP) lui offre un cursus en son sein, lui permettant de suivre les enseignements de Larry Clark et Nan Goldin, qui influenceront son travail. Rattrapé par son besoin d’extrêmes, il repart sur les routes et immortalise désormais ses plongées dans les excès en des photos saisissantes, à l’esthétique presque baconnienne, confinée, torturée, sublime, qui confère aux scènes et aux sujets une aura extrêmement sombre, intense, totale.
Partageant le quotidien des prostituées, junkies, abandonnés du système, il met son corps à l’épreuve, la même épreuve que les sujets qu’il prend pour modèle. Drogue, sexe, plaisir, douleur, abandon, détresse lui permettent de s’approcher au plus près de la vie elle-même, par les sens plus que par l’intellect, et d’atteindre de nouvelles réalités.
Parallèlement à ce travail profondément introspectif et personnel, cristallisé à travers une bibliographie riche et dense – « De Mala Muerte » & « Mala Noche » (1998), « Vortex » (2003), « Insomnia » (2003) et « Stigma » (2004) – d’Agata réalise également des reportages dans les zones de guerre et de non-droits, notamment sur les migrants (exposition Odysseia au Mucem).