cycles réguliers




UNE ÎLE EST UNE NUIT par les pirates des Lentillères


Une île et une nuit est un film de fiction réalisé collectivement au cours des deux dernières années par les habitant-es et usagèr-es du Quartier Libre des Lentillères, lieu autogéré s’étendant sur les dernières terres maraîchères de la ville de Dijon. Ces 8 hectares ont été occupés et remis en culture depuis 13 ans, en résistance à un projet d’ »écocité » en béton qui les menace encore aujourd’hui. Au milieu de la ville, ces espaces en friche et ces maisons abandonnées se sont transformées en un quartier autogéré aux multiples usages, faisant s’entremêler habitat collectif, maraîchage, jardinage, auto-construction, événements festifs et culturels, etc. C’est un lieu de luttes et de solidarités en tous genres ainsi qu’une véritable réserve de biodiversité.

CES RENCONTRES AVEC EUX de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet

L'internationale Huillet et Straub


À partir des Dialogues avec Leuco, une œuvre de l’écrivain italien Cesare Pavese, dix personnes parlent de thèmes fondamentaux comme la douleur, la mort ou le destin.

Vingt-sept ans après De la nuée à la résistance, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet reviennent au texte de l’écrivain piémontais Cesare Pavese Dialogues avec Leucò et mettent en scène cinq d’entre eux autour de la relation unissant les mortels et les Dieux.
Exclusivement interprétés par des acteurs non professionnels, paysans pour la plupart, qui se sont imprégnés du texte pendant plus d’une année, le film, d’abord joué au théâtre de Buti, est tourné au cœur des bois.

ANTIGONE

l'international Huillet-Straub


Un jour de 1973, une rencontre avec un lieu a eu lieu, elle était imprévisible : les ruines antiques de Ségeste en Sicile. Son théâtre de plus de 2.000 ans est le site qui, 18 ans plus tard, a accueilli un bloc de textes et de contextes, antiquité gréco-romaine, romantisme allemand contemporain de la Révolution française et début de la Guerre froide, qui a gardé intact le secret d’une décision authentique, valable pour tous les temps. Antigone d’après la pièce de Sophocle, la traduction de Hölderlin et la mise en scène de Brecht est devenu le film dédié aux peuples opprimés par la raison d’État, ainsi qu’à ceux qui osent dire non en sachant qu’il y a dans toute décision un courage qui est folie, un fond d’indécidable qui est abîme. Son danger est ce qu’il faut pourtant tenter quand la justice ne se confond plus avec le droit qui la trahit.

OÙ GÎT VOTRE SOURIRE ENFOUI ? – JEAN-MARIE STRAUB ET DANIÈLE HUILLET de Pedro Costa

L'international Huillet-Straub


Jean-Marie Straub et Danièle Huillet commentent leur dix-huitième film Sicilia ! devant des étudiants. Une leçon de cinéma. Pedro Costa a choisi de filmer Danièle Huillet et Jean-Marie Straub dans le cadre d’un atelier qu’ils ont animé à l’automne dernier au Fresnoy, près de Tourcoing, dans le tout jeune Studio national des arts contemporains. Danièle Huillet est aux manettes. Jean-Marie Straub arpente la salle de montage. Tous deux discutent et commentent, dans un va-et-vient constant entre théorie et artisanat, le travail méticuleux qu’ils sont en train d’opérer sur trois ou quatre séquences de Sicilia ! S’agissant des Straub, filmer le travail ne suffit pas. Il est tout aussi nécessaire de savoir quelle pensée structure ce travail, quelles hésitations le rythment. C’est dans le dialogue qu’ils ont devant les étudiants que cette pensée et ces hésitations se disent le plus directement.

LE ROI DAVID de Lila Pinell

Sortie


LE ROI DAVID, Lila Pinell, France, 2021, 41′, vo français Shana cherche du travail, elle a besoin d’argent pour quitter la France et ses mauvaises fréquentations. Mais le passé qu’elle cherche à oublier n’est jamais loin. Et d’ailleurs, veut-elle vraiment l’oublier ? En mai, il y aura aussi LE ROI DAVID, moyen-métrage de Lila Pinell … Continued

ÇA BRÛLE de Lola Quivoron

SORTIE


Le mois d’avril sera aussi jalonné par une série de projections du film ÇA BRÛLE de Lola Quivoron. Depuis plusieurs années, cette jeune cinéaste française s’intéresse à la culture du rodeo urbain, la “bike life”, pratique sévèrement réprimée par les autorités. En a découlé deux films, AU LOIN BALTIMORE tourné en 2016 et RODEO en 2022. ÇA BRÛLE est en quelque sorte l’antichambre de ces deux films, à l’abri des routes et des moteurs. Un jeune bikeur de banlieue rend visite à une femme – probablement chamane – dans son appartement. De là s’engage une discussion, une longue discussion de la durée du film. Il y a déjà là un geste radical, qui vient ébranler les stigmates du banlieusard et du film de banlieue. Ainsi, faire parler et donc faire entendre cinquante minutes durant le récit de vie d’habitant.e.s des banlieues, ce qu’on ne voit à peu près jamais dans le cinéma français.

DE CIERTA MANERA de Sara Gómez

CINÉMA DE DÉCOLONISATION


Sara Gómez, on pourrait l’associer à une constellation de cinéastes femmes révolutionnaires apparue dans les années 70 au quatre coins du monde. Parmi elles, il y a Sarah Maldoror, Safi Faye, Djoura Abouda, dont on a déjà montré leurs films au Spoutnik. Dans leur cinéma, la question décoloniale y est primordiale. Décolonial jusqu’au processus même de fabrication d’un film, puisque tous les codes du cinéma dominant y sont détournés au profit d’un autre langage, celui qui permet justement de se tenir sincèrement du côté des minorités et de participer à leur émancipation. On a découvert son long-métrage DE CIERTA MANERA (1974-1977) il y a peu de temps. Et on s’est retrouvé renversé devant la liberté que se donne cette cinéaste. De prime abord, une simple histoire d’amour entre un ouvrier et une institutrice dans le Cuba de l’après-révolution. À partir de ce canevas s’engage toute une étude complexe sur les voies à suivre ou non pour pérenniser le socialisme. Le film devient alors un immense sac de nœuds, un bloc de tensions tant les questions s’accumulent: scolariser ou pas, moderniser ou pas, travailler ou pas, … Sara Gómez répond à ces questions non via le récit officiel et les images canoniques de la révolution mais prend le parti des femmes et des populations afrodescendantes, laissant voir par là qu’il n’y a qu’elles pour véritablement fédérer le peuple cubain. (Tom et Nathan)

MOSES UND ARON

SUITE DE L’INTERNATIONALE HUILLET ET STRAUB


Moïse et Aaron fut entièrement tourné en son direct dans l’amphithéâtre romain d’Alba Fucense, dans les Abruzzes. Et, en cela, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet innovent complètement. Comme Le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch. Comme le fameux Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp. Comme le silence de John Cage. Nos deux cinéastes mettent K.O. tous ces films qui collent de l’opéra sur des images muettes. Les acteurs-chanteurs ne miment pas les chansons, mais chantent directement pendant que la musique, enregistrée préalablement, durant six semaines !, est entendue par chacun des chanteurs à l’aide d’écouteurs dissimulés et ils sont filmés dans de longs plans souvent fixes. Moïse et Aaron, le film, en disant : « Tchao, play back » restitue à l’opéra sa grandeur, sa vérité, que dis-je ?, sa dimension biblique.

J’AI ÉNORMÉMENT DORMI + L’ÉTÉ DERRIÈRE LA FENÊTRE de Clara Alloing

SORTIES


Clara Alloing est une bricoleuse du son. Pour les films des autres, des créations radiophoniques et dernièrement pour ce film, J’AI ÉNORMÉMENT DORMI, qu’elle a réalisé elle-même. Dès lors, c’est d’abord par le son que l’on souhaite introduire le travail de Clara. C’est pourquoi on fera entendre dans le noir de la salle sa pièce sonore, L’ÉTÉ DERRIÈRE LA FENÊTRE. On a encore jamais eu l’occasion de le faire, mais on y a souvent songé: plonger la salle dans le noir et se mettre simplement à l’écoute pour faire expérience de cinéma mais autrement. L’enregistrement de voix et gestes d’enfants dits autistes qui nous est donné nous laisse entrevoir ou imaginer leur relation au monde. De cette relation au monde, il en est également question dans le film J’AI ÉNORMÉMENT DORMI, qui montre une autre bricoleuse à l’œuvre, l’artiste Johanna Monnier. Ce qui compte ici n’est pas la simple présentation des sculptures, costumes ou performances de Johanna mais plutôt de saisir comment ces objets construisent un rapport à soi, aux autres, à la vie et qu’ils sont nécessaires pour ces raisons-là. Ainsi, ce film et cette pièce échappent à la catégorie du “portrait” tant il s’agit d’une fabrication commune et d’un partage de sensibilités, auxquels on aime être attentifs.

REWIND AND PLAY de Alain Gomis

SORTIES


Décembre 1969, Thelonious Monk arrive à Paris. Avant son concert du soir, il enregistre une émission pour la télévision française. Les rushes qui ont été conservés nous montrent un Thelonious Monk rare, proche, en proie à la violente fabrique de stéréotypes dont il tente de s’échapper. Le film devient la traversée de ce grand artiste, qui voudrait n’exister que pour sa musique. Et le portrait en creux d’une machine médiatique aussi ridicule que révoltante.

NUESTRA VOZ DE TIERRA, MEMORIA Y FUTURO de Marta Rodriguez et Jorge Silva

CINÉMA DE DÉCOLONISATION


Composé de mythes, de fantômes, d’idéologie et de poésie, ce film est né de l’expérience de cinq années de travail engagé en collaboration avec la communauté indigène de Coconuco et le CRIC (Conseil régional indigène du Cauca). Selon Silva, il était crucial d’intégrer les croyances magiques dans le discours du film. « Depuis cet univers, elles représentaient les formes de domination sous forme de symboles, des symboles de la conquête jusqu’à aujourd’hui, et cela nous a permis d’illustrer le processus long et complexe par lequel un groupe passe de la soumission à l’organisation ».

LE ROI N’EST PAS MON COUSIN de Annabelle Aventurin + FUKU NASHI de Julie Sando


Ce mois-ci, nous montrerons aussi, côte à côte, FUKU NASHI et LE ROI N’EST PAS MON COUSIN, les films de Julie Sando et d’Annabelle Aventurin. Julie et Annabelle ont en commun d’être allées trouver leur grand-mère dans leur pays d’origine. La Guadeloupe dans le cas d’Annabelle et le Japon dans le cas de Julie. Dans les deux cas, s’impose une cohabitation entre la petite fille, la grand-mère et le cinéma. C’est ce qui circule entre ces trois instances qui passionne et émeut: les silences, les secrets, ce qu’on peut imaginer de l’histoire familiale, de la mémoire de l’exil, de l’histoire coloniale. Ainsi, ces récits sont incomplets et faits de trous. Et les films, plutôt que chercher à combler les espaces, les laissent volontairement vacants, ce qui les rend à la fois très justes et modestes sur l’épreuve de la transmission.

SAINT OMER de Alice Diop


Dans le prolongement du cycle: 1969 – 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS, on a à cœur de montrer SAINT OMER d’Alice Diop. Autre pays, la France, autre époque, celle d’aujourd’hui. Mais la même ligne directrice: à savoir qu’il existera toujours un lien de causalité évident entre être femme racisée et être sujette au drame, tant que la question du colonialisme et du patriarcat n’aura pas été traitée. Ce lien, l’idéologie de l’assimilation a participé à l’effacer, à le rendre invisible. Ces films, et c’est bien parce qu’ils sont réalisés par des personnes concernées, parviennent à rendre ce lien à nouveau sensible. Chez Alice Diop, cela passe par la fictionalisation d’un fait divers – une femme noire exilée en France est accusée d’avoir tuée sa fille de quinze mois – et le choix de circonscrire le récit au procès. La réalisatrice contourne ou déjoue le raccourci médiatique pour laisser les enjeux moraux et l’histoire se complexifier au fur et à mesure des prises de parole.
On est heureux que Kayije Kagame, une des actrices du film, viennent au Spoutnik pour discuter de ce film important avec nous.

ITINÉRAIRE DE JEAN BRICARD + GENS DU LAC

L'internationale Huillet-Straub


« On arrive à l’île Coton, là où j’ai passé mon jeune âge. »
« On va voir la cabane pour se mettre à l’abri quand il tombe vraiment de l’eau… C’est là-dedans que je me suis fait bouffer le doigt par les rats. Alors ils m’avaient bouffé le doigt pendant que j’étais à dormir. »
« Ça, ce sont les lapins. Ils se sont mis là, ils étaient cachés pendant la crue. Quand ils sont pris par l’eau, ils montent dans les têtes d’arbres ou les haies. On a enlevé ceux qui étaient en perdition. On en a récupéré une centaine. On les a remis dès que l’eau était partie. »
« Ça, c’était l’île de mon enfance. »

Deux films de Les Blank + Bébé belge (concert)

À BONGO JOE RECORDS


La musique, la bouffe, les communautés, tels sont les motifs que l’on retrouve dans tant de films de Les Blank et sa bande. On a définitivement un faible pour ce cinéaste, qui a sillonné les États-Unis et s’est arrêté là où ça vibre à partir de peu de choses, là où ça continue de vivre autour de pratiques simples et rudimentaires. Très récemment, on a vu deux autres de ses films: THE BLUES ACCORDIN’ TO LIGHTNIN’ HOPKINS (1968) et DRY WOOD (1973). Le premier est un magnifique portrait du bluesman texan Lightnin’s Hopkins quand le deuxième est celui de deux musiciens cajuns, “Bois sec” Ardouin et Canray Fontenot. Ce qui nous touche aussi, c’est que ces musiciens ne sont jamais sur scène, mais toujours dans une cuisine, dans un jardin, auprès d’un feu ou d’une rivière.
Voir ses films, ça nous a fait pensé au magasin et label Bongo Joe, lui aussi sensible à cette musique et à ses formes de partage. Alors, on est heureux de trimballer notre projecteur jusque chez eux une nouvelle fois. Heureux aussi de savoir que le trio Bébé Belge viendra jouer quelques morceaux issus du répertoire cajun et créole après les films.

MATO SECO EM CHAMAS

Joana Pimenta, Adirley Queirós


Film de contre-science-fiction, entrant en résistance armée à la science-fiction réalisée par le fascisme fossile au pouvoir dans son pays (une dictature pétrochimique), Mato Seco… trouve du pétrole à Ceilândia, et restitue cette ressource au peuple des femmes en lutte, au gang épique des pétroleuses noires, gouines, mères et cheffes de guerre, qui reprennent le contrôle du quartier. Cette mutinerie, le film la présente, la produit, comme une brûlure lente, calme incendie qui ravage tout, cinéma et fiction compris. Un art qui soit modeste et grandiose à la fois, qui sache quitter toute espérance pour faire de la politique librement, raconter l’histoire sans espoir ? Un film qui crée un vrai-faux parti, le parti du peuple prisonnier (dans un pays qui met en tôle celles et ceux qui, de Lea en Lula, veulent rendre le pétrole aux gens), dont les initiales, PPP, criées haut et fort dans les rues de la favela font peut-être renaître de ses cendres un certain Pasolini, auteur d’un roman titré Pétrole ? C’est pour mieux faire entendre tout le reste, la voix forte et fragile des damnées de la terre. L’histoire a commencé depuis toujours, elle prend encore de nouvelles formes, un film est tendu entre les deux. Luc Chessel

OLHO ANIMAL + LES ANTILOPES de Maxime Martinot


Il y en a qui continuent aujourd’hui d’interroger les images, notamment ce cher Maxime Martinot qui était venu montrer son Histoire de la révolution il y a deux ans. Depuis, il a continué de trafiquer, à Lisbonne, en pleine période de pandémie. Peu de mobilité, peu de moyens, un caméscope, quelques amis-acteur.ice.s à portée de main et toujours ces questions qui travaillent le monde des bricoleur.euse.s : Pourquoi faire un film aujourd’hui ? Produit par qui et comment ? Avec ou sans scénario ? OLHO ANIMAL y répond par une histoire de chiens, pour faire l’histoire de soi et raconter les histoire(s) du cinéma.

MATO SECO EM CHAMAS de Joana Pimenta et Adirley Queirós


Alors qu’au Brésil le gouvernement de Bolsonaro a complètement privatisé le pétrole, les deux cinéastes entreprennent l’occupation sauvage d’une raffinerie dans la favela de Sol Nascente par un gang de femmes, toutes actrices non-professionnelles. De là, se trame toute une “zone de fiction à défendre” – pour reprendre la juste expression de Luc Chessel. Pour la défendre, le film est immensément généreux et y fait entrer toutes ces choses: les légendes locales, les échos à Mad Max et au cinéma de genre, la mémoire des damnées de la terre, la formation d’un parti imaginaire (le PPP, parti du peuple prisonnier), des scènes interminables de danses et un baile funk sauvage qui vibre à travers les plans. Au bout de ces deux heures et demi, on comprend que la lutte continue et que le cinéma n’est qu’un morceau d’un grand geste politique.

LE MOMENT DES FORCES + LA TEMPÊTE S’ANNONCE

2 films de Constance Brosse


Ce mois de novembre s’ouvre LE MOMENT DES FORCES et LA TEMPÊTE S’ANNONCE, deux courts-métrages de notre amie-camarade Constance Brosse. Constance a filmé deux groupes de travail qui se sont réunis en mixité choisie. L’un dans un atelier de réparation de vélo, l’autre dans un espace d’autoformation au rap. La présence du cinéma dans ces deux environnements nous ramène à un geste magnifique, simple et complexe à la fois, apparaissant déjà dans les premières initiatives de contre-informations filmiques du début du 20ème siècle (Cinéma du peuple en France, Kino Pravda et le ciné-train de Medvedkine en Russie). Celui de passer, relayer, transmettre des manières de s’organiser, travailler, s’exprimer. Et par l’enregistrement d’expériences d’émancipation, mettre dans les mains du peuple des moyens pour organiser la leur. C’est d’autant plus fort que les femmes de ces films se réapproprient des pratiques privatisées/monopolisées jusqu’ici par les hommes.

CÉZANNE – DIALOGUE AVEC JOAQUIM GASQUET + LA VISITE AU LOUVRE

L'internationale Huillet-Straub


Jean-Marie Straub et Danièle Huillet reviennent sur les pas du peintre Paul Cézanne et questionnent ainsi l’acte de voir. Ils cherchent ici à faire entendre la voix du peintre, rapportée par Joachim Gasquet, poète et célèbre critique d’art provençal, dans son ouvrage Cézanne, publié en 1921. Tout commence par un aller à Aix en Provence, alors que se dessine au loin la montagne Sainte-Victoire. Divers matériaux sont convoqués, une photographie du peintre au travail, un long extrait du Madame Bovary de Jean Renoir, rappelant le spectre de La Vieille au chapelet, de Cézanne. Les tableaux du peintre se succèdent. « Les couleurs sont l’expression à la surface de la profondeur. Le dessin est lui toute abstraction. Je peins mes natures mortes pour mon cocher qui n’en veut pas. »

DJAMILIA, Aminatou Echard

Sortie


« Toutes les femmes kirghizes la soutiennent ! » Djamilia, l’héroïne d’un roman de Tchinguiz Aïtmatov publié en 1958, enlevée et mariée selon une coutume kirghize encore en vigueur, s’enfuit avec son amant. En effectuant des repérages, Aminatou Echard s’est aperçue qu’évoquer la protagoniste ouvrait littéralement des portes. Cet accès inespéré à une parole intime nécessitait un film à part. Les témoignages issus de ces rencontres brossent le portrait d’un système patriarcal résurgent depuis la fin de l’époque soviétique. La sensualité de la pellicule Super 8, au grain parfois accentué par un refilmage, va à l’encontre de l’habituelle esthétique vintage. L’absence de son synchrone accompagne la lucidité des propos de ces femmes de toutes générations. Des extraits du roman, traduit en français par Louis Aragon, s’inscrivent sur le paysage. Bientôt, l’écriture apparaît non plus comme celle d’un autre (un auteur masculin, un texte canonique) mais comme une pratique féminine partagée malgré les fortes contraintes du quotidien, qu’il s’agisse d’écrire la nuit, de transmettre à des lycéennes la capacité d’exprimer leurs désirs et leurs refus, de composer des chansons, de rédiger son autobiographie à l’insu de son mari, ou encore, comme l’adolescente qui milite pour la gender equality, d’inventer des graffitis féministes. Belle subversion, sur la pierre verticale des murs, du proverbe qui condamnait les femmes à l’inertie… (Charlotte Garson, Cinéma du Réel)

FORTINI CANI

L'internationale Huillet-Straub


« Fortini/Cani est le troisième volet, après Moïse et Aaron et Einleitung, du triptyque “juif” de Huillet et Straub. Mais aussi et nécessairement, parce que dernier volet de ce triptyque juif, celui où viennent converger et se nouer autrement tous les fils tramant les essais antérieurs: le fascisme et le racisme, les racismes plutôt, les ségrégations dont se soutiennent les sociétés civilisées, les néo-fascismes à couverture démocratique, mais aussi, le livre et l’acte d’énonciation, la question du lieu et de la mémoire, le roman familial, la différence, l’histoire…»

CANTA

après-midi et soirée autour de la musique occitane et autres échos au domaine du chambet à Gy


un concert éclaire un repas, un film anime un bal, un collage sonore nourrit une chorale, dans un champ, au milieu des vignes

LA NIGHT AU FRIOUL + 3×7 IMPRESSIONS

FILM ET CONCERT D'ENFANTS POUR TOUT LE MONDE!


Entre le début de l’automne et le début de l’hiver, nous avons rencontré des enfants. Nous avons habité une maison dans le parc, parmi les maisons où habitent les enfants. On leur a dit : «Les enfants, c’est possible de faire des films. Voilà la caméra et voilà le micro.» Et c’est ce qu’on a fait. Huit enfants ont fait sept films dans le parc, dans les maisons du parc et un peu au-delà du parc.

Le livre d’image de Jean Luc Godard

Séances précédées et prolongées de quelques courts-métrages !


« Te souviens-tu encore comment nous entrainions autrefois notre pensée ? Le plus souvent nous partions d’un rêve …
Nous nous demandions comment dans l’obscurité totale Peuvent surgir en nous des couleurs d’une telle intensité
D’une voix douce et faible
Disant de grandes choses
D’importantes, étonnantes, de profondes et justes choses
On dirait un mauvais rêve écrit dans une nuit d’orage
Sous les yeux de l’Occident
Les paradis perdus
La guerre est là … »

Flacky et camarades – le cheval de fer de Aiassa, Pierre Gurgand et Aaron Sievers

Une belle bobine du Polygone étoilé


« Il s’agissait tout d’abord d’extraire la parole des mineurs, d’extraire leur mémoire et la remonter à la lumière. On prend le temps de s’asseoir avec eux au bistro du coin, pour bavarder… Et boire un coup ou écouter un poème… écouter les récits du travail, la haine, le combat… et leur amour aussi. Dans le souffle difficile des voix de silicosés, ce qui persiste avant tout, c’est cette mémoire de Flaczynski, Flament, Jules et Marguerite Grare, les Debarge, le rire de Paul Beaulieu, les femmes de mineurs polonais, le résistant Moreels et les autres syndicalistes dont on ne sait pas les noms »

Chronique d’Anna Magdalena Bach

L'internationale Huillet-Straub


« On pourrait dire, concrètement, que nous voulions essayer de porter de la musique à l’écran, de montrer une fois de la musique aux gens qui vont au cinéma. Parallèlement à cet aspect, il y avait l’envie de montrer une histoire d’amour, telle qu’on n’en connaît pas encore. Une femme parle de son mari, qu’elle a aimé, jusqu’à sa mort. Là est d’abord l’histoire.

Le grand mouvement de Kiro Russo

Sortie


Après une marche de sept jours avec ses compagnons, le jeune Elder arrive dans la grande ville, cherchant à être réintégré dans son travail à la mine. Grâce à la vieille femme Mama Pancha, Elder et ses amis trouvent un emploi sur le marché. Mais l’état d’Elder empire, il s’étouffe et a du mal à respirer. Ses amis se cotisent pour l’aider, mais le médecin dit qu’il n’y a pas de remède. Mama Pancha, très inquiète pour Elder qui se meurt, le met en contact avec Max, un sorcier-ermite, qui va essayer de ramener le jeune homme à la vie.

Amerika, rapports de classe

L'internationale Huillet-Straub


Adapté du roman inachevé de Franz Kafka, L’Amérique, publié après la mort de l’écrivain, en 1927, le film narre la chute sociale inéluctable de Karl Rossmann, jeune adolescent allemand issu de la bourgeoisie. Contraint par ses parents à s’exiler aux États-Unis après avoir « fauté » avec la domestique, il côtoie toutes les classes sociales de l’Amérique des années 30 et cherche sa place dans une société rongé par l’individualisme du capitalisme naissant.

Trop tôt, trop tard

L'internationale Straub et Huillet


Les Straub font une partie de campagne. En France puis en Égypte, ils captent des signes formels: toute révolution est un coup de vent. Encore faut-il savoir filmer le vent.
Serge Daney

Machorka-Muff + Non réconciliés ou seule la violence aide où la violence règne de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub

Huillet et Straub antifas


Cette vieille dame est aussi le seul personnage qui ait l’intuition de la vérité que découvre (après avoir fait l’expérience de vertus plus traditionnellement chrétiennes) un personnage de Bertolt Brecht qui s’appelle Sainte Jeanne des Abattoirs: «Seule la violence aide où la violence règne »; c’est le second titre de notre film, et il ne s’agit pas seulement du coup de pistolet qui le conclut, mais de la violence d’une grève générale par exemple (absente du film comme de l’histoire allemande) qui en 1933 aurait pu empêcher le nazisme et sa conséquence, la Deuxième Guerre mondiale.»

Operai, contadini

L'internationale Straub et Huillet


Savez-vous comment on fait la ricotta?

On met le fromage à égoutter, saupoudré de sel, dans quelque chose en osier où il prenne forme et sèche. La marmite est pleine de petit-lait restant. Le feu en dessous est seulement braise et on ne le laisse pas s’éteindre et on y jette des broussailles pour le faire flamber à nouveau. Cependant on ajoute au petit-lait du lait frais. On peut en ajouter peu et alors on aura quand la marmite bouillira une couche mince. Mais plus on en ajoute et plus sera haute la couche de ricotta qui ensuite se forme à la surface. Cela les bergers le font d’habitude, le matin. Nous au contraire nous le faisions à la brune, pour avoir le soir une bonne soupe chaude par-dessus la fatigue de tout le travail mais en commençant quand il y avait encore du soleil, étant donné que pour cuire avec des broussailles, il fallait le faire en plein air et non dans la cuisine.

De la nuée à la résistance

L'internationale Huillet-Straub


Si autrefois il suffisait d’un feu pour faire pleuvoir, d’y brûler un vagabond pour sauver une récolte, combien de maison de patrons faut-il incendier, combien en tuer dans les rues et sur les places avant que le monde s’en retourne et que nous puissions dire notre mot?

Ballade Triste de Zoé Cappon

Une balade onirique dans un cabaret confiné


Madame Loulou cherche désespérément ses artistes. Ils ont disparu des théâtres, des coulisses désertés. Elle les retrouve dans leur cuisine, leur salon, leur chambre ou leur salle de bain, vaquant à leurs occupations. Ces rencontres déclenchent des chants, des danses, comme devant un public retrouvé.

Le folk des alpages (projections + concert)

Folk, cinéma? #2


Quand les premiers cow-boys de pacotille, la guitare en bandoulière, ont commencé à yodler sur les scènes d’outre-Atlantique, on a eu la preuve que les musiques alpines savaient s’exporter ! Mais, au-delà des clichés, connaît-on vraiment bien ce patrimoine musical commun qui relie tous les pays de l’arc alpin ?

L’île aux oiseaux

Sortie


Au dedans, un centre de soin pour oiseaux. Au dehors, le monde sauvage qui laisse imaginer sa violence. Antonin, apprenti, fatigue persistante, âme en peine. Des oiseaux à la dérive, si proches de la mort. Paul, travailleur consciencieux, éprouvant la difficulté du départ. Ce petit monde, dont les blessures se font vivaces, cohabite au dedans, là où existe la possibilité du refuge.

Braquer Poitiers de Claude Schmitz

Sortie
Cycle La révolte des médiocres


Présentation:
Wilfrid: Propriétaire excentrique d’un car wash.
Thomas et Francis: Pieds nickelés désireux de braquer le premier.
Hélène et Lucie: Jeunes filles du Sud venues rejoindre les deux derniers.

Ich war zuhause aber de Angela Schanelec

Sortie


Point de départ: Un jeune garçon de 13 ans réapparaît après avoir disparu pendant une semaine dans la nature. Point d’arrivée: Une femme repose au bord d’une rivière. Entre les deux: des êtres qui existent malgré tout.

Contre ton coeur de Teresa Villaverde

Sortie


Depuis les années 90, Teresa Villaverde poursuit son exploration des sans-voix de l’Europe, adolescents en rupture, prolétaires, candidat.e.s à la migration.

Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais

Sortie


Les films, bien-sûr: exutoire, échappée, surface de réparation. Pellicule analgésique, dérivative, expiatoire, réconciliatrice. Les films pansements, répits, hospices, cliniques, maison de tolérance, de charité, de retraite ; Les films thaumaturges, oasis, sémaphores. Les films reflets, constats, claques, électrochocs, courroie de transmission, étançons, armures, courses contre la montre, la folie, l’oubli.

Nos Défaites

Sortie


Jean-Gabriel Périot a proposé aux élèves d’un lycée parisien de participer à une expérience autour du cinéma militant de Mai 68. Ces élèves constitueront l’équipe technique du film et ils en seront aussi les acteurs, des corps performatifs à travers lesquels on articulera la question du politique d’aujourd’hui. Ils rejoueront des scènes mythiques de films de Tanner, du Groupe Medvedkine ou de Godard. Mais dans la voix de ces jeunes, les consignes de Mai 68 résonnent avec un certain décalage par rapport au monde contemporain, constatant qu’en matière de formulation politique, il y a toujours plus de doutes que de certitudes.

Le goût de l’espoir

Sortie


Les ouvriers d’une usine de thé autogérée décident d’aller à contre-courant et d’appliquer leurs propres règles. Mais comment prévoir, travailler et survivre dans l’univers impitoyable de la concurrence et du profit ? Au jour le jour, par exemple. Dans un monde dominé par l’argent et la loi de l’exploitation des plus faibles, Le goût de l’espoir offre littéralement des alternatives pour penser notre avenir, et des moyens et outils pour parvenir à l’améliorer.

Best of Annecy Kids 2019

Festival ANIMATOU 2019 - 14ème édition - Piękna Polska
jeune public


Ce programme de 7 courts métrages issus de la sélection officielle du Festival international du film d’animation d’Annecy rassemble des films drôles, émouvants et poétiques qui raviront les enfants.

The Elegant Spanking + The Black Glove

Film de Minuit spécial Fesses-tival
entrée libre


L’intense univers de Maria Beatty vogue entre ses relations sadomasochistes avec une esthétique expressive empruntée au cinéma muet. The Elegant Spanking et The Black Glove sont deux moyens métrages du début de sa carrière de cinéaste qui ont assis un genre bien particulier devenu aujourd’hui classique du cinéma érotique lesbien. Maria Beatty y joue elle-même son propre fantasme de la servante devant sa maîtresse avec un esprit d’abandon complet aux plaisirs du jeux de soumission, de l’adoration fétichiste et de la torture des parties intimes.

No Apologies

Sortie


Des hommes noirs, menacés par la police et stigmatisés par la population, se rassemblent dans un lieu autogéré au coeur de la ville. Ils témoignent de leur quotidien et revendiquent leurs identités, sans avoir à s’excuser de ce qu’ils sont. Le film décrit l’état de siège physique et mental des Noirs en situation précaire à Lausanne. Confronté à d’évidentes nécessités de protection de l’anonymat et à l’impossibilité de filmer dans la rue, No Apologies s’est constitué autour d’un dispositif permettant aux protagonistes de s’exprimer librement.