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NEWS FROM HOME

18 films de Chantal Akerman


Une mère écrit à sa fille partie en Amérique…
Une petite voix d’Europe qui cherche encore à se faire entendre…
Lettres d’une mère, lettres simples, lettres d’amour…
Une petite voix d’une Europe qui cherche encore à se faire entendre…

Une voix lointaine que l’on aimerait entendre tout près de soi…
Petite musique de la vie que l’on entend encore mais à laquelle on ne peut plus répondre depuis New York.

New York, la ville la plus achevée s’ouvre devant nous
New York, porteuse d’espoir, notre avenir déjà dans le passé, se referme devant nous.
Et les lettres reçues de la New York perdue sonnent comme les rouleaux de la mer morte d’une future Atlantide.

LE GRAND ORDINAIRE de Mathieu Kiefer

RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S): CHAPITRE 5


Le Grand Ordinaire invente un rapport au temps et aux distances pour partager une réalité. Mathieu Kiefer a fait un film. C’est l’œuvre d’une vie, de sa vie avec un trouble obsessionnel compulsif, un Toc. Faire un film, c’est chercher des bords, trouver un cadre pour faire dialoguer plusieurs voix : médicales, affectives, politiques, imaginaires… Un film documentaire qui est aussi une fiction, qui raconte une histoire, en donnant des noms aux choses. Mathieu Kiefer défie le réel, le provoque pour mieux s’y confronter. Cogne les bords, se tape la tête. Le film dialogue avec lui-même, avec ce qui le constitue, une forme se cherche, faite de liens et d’aller-retour pour essayer de comprendre ce qui se vit dans une vie avec un Toc. Les rituels. Les répétitions. Les phrases qui tournent en boucle. Jusqu’à n’en plus pouvoir. Mathieu a mis du temps à faire ce film – des années, il lui a fallu sortir de son histoire pour aller à la rencontre des autres et saisir l’occasion de laisser une trace, ce film qu’il aurait aimé avoir vu. Témoignage et partage. On part à la recherche des éléments qui nous permettent d’appréhender sa réalité : des personnages-clé, des lieux d’ancrage, une biographie. Il a fallu du temps, mais aussi des gens. Le cinéma est un temps donné à l’élaboration collective, on sait ici que cette histoire singulière a pu se raconter une fois que des camarades ont pu l’entendre, l’accueillir même. Il nous racontera comment les-autres est une formidable ressource. Pour faire un film autant que pour la santé mentale.

O SANGUE de Pedro Costa

BRASIER # 5 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA CUNHA


Brasiers#5 c’est O SANGUE de Pedro Costa.
Et les films de Costa c’est des soulèvements, Ossos, Clotilde, Tina, le père,

des bouleversements qui vous remuent pour longtemps, dans la chambre de Vanda avec Vanda, Zita, Lena.

Des images, des sons, des couleurs, des mots qui n’en finissent pas de défiler dans l’arrière-tête, Ventura, Vitalina, Casa de Lava.

Des films qui nous habitent, nous occupent, nous bataillent. Des films comme des tentatives de réconciliation avec le monde, peut-être, aussi.

Des mains aux ongles noirs qui se serrent, des visages énigmatiques comme éclairés de l’intérieur, des rues qui nous font sentir l’épaisseur de l’obscurité, des personnages mi-fantomatiques mi-vampires qui lèvent le voile sur cette nuit sombre et complotent sur un futur hypothétique. Des bande-son fabriqués à partir de la vie elle-même et qui donnent à entendre la puissance et la fragilité des mystères de la vie.

Tourné en 1989, en noir et blanc, O SANGUE, LE SANG en français est le premier film du réalisateur portugais. Je crois qu’il s’agit d’une disparition, d’une histoire entre trois jeunes amis dans la banlieue de Lisbonne.

Mais la vérité c’est que je ne l’ai pas vu encore ce film-là. C’est une surprise. Ça sonne un peu comme une promesse, il y a beaucoup de désir à découvrir un film que l’on a pas encore vu, d’un réalisateur dont le travail a été fondamental. Il y aurait énormément à dire encore, sur la filmographie de Costa, beaucoup de choses ont déjà été écrites, on en parlera lors de la projection pour celles que ça intéresse. Je vous laisse avec une punchline qui m’a beaucoup marqué et qui sonne comme une nécessité: c’est Pedro Costa citant Antonio Reis, « Il faut risquer sa vie à chaque plan ».

POTO ET CABENGO de Jean-Pierre Gorin

À QUELLE HEURE PASSE LE TRAIN? RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S)


Et, paaaf, autre fenêtre sur la psychiatrie. Avec un film qui s’est lui aussi retrouvé au fond du puits pendant quarante ans, sans que là non plus on ne comprenne pourquoi et comment cela est arrivé. Ce film, c’est POTO ET CABENGO (1978) de Jean-Pierre Gorin. Et Jean-Pierre Gorin, ça a été le camarade de Jean-Luc Godard pour les films qu’ils ont tourné ensemble sous la bannière Dziga Vertov. Leur histoire a mal fini et Gorin s’en est allé aux États-Unis, enseigner et filmer en solitaire, sans rien abandonner du caractère politique, incisif et burlesque à l’œuvre dans son travail avec Godard. POTO ET CABENGO, c’est le nom que se donnent deux sœurs jumelles, Grace et Virginia Kennedy. Grace et Virginia communiquent entre elles avec des mots que leurs parents ne comprennent pas. Les linguistes s’en mêlent. Les psychiatres s’en mêlent. Les logopédistes s’en mêlent. La presse s’en mêle. La télévision s’en mêle. Chacun y va de son explication et tout ce beau monde, soit, célèbre l’invention d’une nouvelle langue, soit, se préoccupe de la reconduction vers la norme de ces deux gamines. Gorin, lui, confronte, monte, démonte tous ces discours. À côté de cela, il mène l’enquête auprès de la famille. La mère, exilée d’Allemagne. Le père, gérant immobilier. Tous deux rêvant de faire fortune en Californie. Mais surtout, il filme les deux sœurs débordant du cadre, les emmène à la bibliothèque ou au zoo. En contraste de ce qu’il vit et traverse avec elles, les adultes autour se ridiculisent et c’est tout le mythe américain qui se décompose sous nos yeux. Une fois l’Amérique à terre, on peut peut-être reconstruire quelque chose autour des jeux de mots de Grace et Virginia.
Tom et Nathan

VIVANTE À CE JOUR de Rachel Bénitah

À QUELLE HEURE PASSE LE TRAIN? RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) CHAPITRE 3: UNE AUTRE FENÊTRE SUR LA BORDE


On continuera d’ouvrir cette fenêtre sur les liens entre la psychiatrie et le cinéma. Au fond du terrain de la Clinique de La Borde, il y a une écrivaine, Marie Depussé, qui est restée là, dans une cabane, pendant des décennies et qui a activement participé à la vie du lieu. Rachel Bénitah a lu ses livres et a souhaité aller à sa rencontre. Ainsi ce film, VIVANTE À CE JOUR (2011). Plus qu’un simple portrait, il est question ici de montrer la littérature au travail, comment elle est partagée et comment elle relève aussi du soin accordé aux usagers et usagères du lieu. Alors, on a un aperçu de ce à quoi ont ressemblé les séminaires – si on peut les appeler comme ça – qu’a donné Marie Depussé à La Borde. À savoir que la mise en circulation d’un texte entre nous toutes et tous – qui qu’on soit – est un moyen possible de former un corps/chœur collectif (on se tient ensemble autour d’une table et ça fait du bien). À condition bien sûr de se donner beaucoup de temps. Cela, le film le laisse très bien sentir. Qu’au fond, à La Borde, il y a une certaine attention au temps, à l’attente et à la patience pour que la rencontre puisse advenir.
Tom et Nathan

LE BALLON ATTACHÉ

Deux films de Binka Jeliazkova


Un gros ballon volant arrive au-dessus d’un village et attire l’attention des paysans. D’abord effrayés par cet objet apparemment venu de nulle part, ils sont bientôt fascinés par sa beauté et une enviable liberté de mouvement. Et ils projettent bientôt sur lui tous les fantasmes, attentes et espérances que des vies dans le dénuement peuvent susciter… Ils décident de le suivre et de le capturer, mais le ballon s’avère indocile…

NOUS ÉTIONS JEUNES

2 films de Binka Jeliazkova


Des jeunes gens ordinaires, qui appartiennent à la ligue de la jeunesse ouvrière, organisent un commando de résistants contre les forces nazies. Alors que les préparatifs d’un attentat se précisent, Veska, qui vient d’intégrer le groupe, et Dimo s’attirent mutuellement. Mais l’étau se resserre autour de leur groupe. Comment protéger son innocence et sa capacité d’aimer dans une situation où chaque instant, chaque geste, chaque regard peut vous perdre ?

GO FISH

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Romcom lesbienne et queer drama? Quoi de mieux pour terminer cette semaine de dyke culture ? Max cherche l’amour. Kia, elle, a déjà trouvé son grand amour avec Evy, qui vit toujours chez sa mère et s’efforce de se débarrasser de son ex-mari. Enfin, il y a Ely, ancienne élève de Kia, qui semble prête à tout. Ely vit avec Daria, LA lesbienne de la ville: elle a couché partout et brisé tous les cœurs. Kia pense que Max aimerait bien Ely, Daria pense aussi qu’Ely et Max sont faits l’un pour l’autre et très vite, on commence déjà à échafauder un plan…

APPROPRIATE BEHAVIOR

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Pour Shirin, faire partie d’une famille persane bien sous tous rapports n’a jamais été facile. Ses proches ne savent pas qu’elle est bisexuelle et son ex-petite amie, Maxine, ne comprend pas pourquoi elle ne leur dit pas. Quand son frère annonce ses fiançailles avec une Iranienne vue et approuvée par les parents, Shirin sonne l’heure de la rébellion. Appropriate Behavior est avant tout le projet de Desiree Akhavan, scénariste-réalisatrice-actrice principale, acclamée au dernier festival de Sundance où le film a fait sa première mondiale.

STORMÉ: THE LADY OF THE JEWEL BOX + THE SHAKEDOWN

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Un court portrait de Stormé DeLarverie par Michelle Parkerson à travers des interviews et des images d’archives. Une dyke-con aux multiples facettes, MC, chanteuse jazz et male impersonator pour The Jewel Box, émeutière de Stonewall, puis videuse pour les bars lesbiens de New York. Vous n’êtes pas prêtxe de l’oublier.
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Shakedown raconte l’histoire et la genèse de la scène des clubs de strip-tease lesbiens noirs de Los Angeles. Possédé et géré par des femmes, underground et illégal par nature, le club Shakedown est la version plus sombre, plus rapide et plus jeune de cette culture de la danse.

J.J de Pauline L. Boulba & Aminata Labor

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


J. J. suit le voyage d’Ami & Popo à New York au printemps 2022. Sur les traces de Jill Johnston (1929-2010), les deux gouinxes-enquêteurices rencontrent des personnes qui ont connue Jill critique de danse, Jill lesbienne radicale, Jill performeuse, etc. Les multiples facettes de Jill sont autant d’accès aux héritages lesbiens, à la place des gouinxes dans l’art et aux corps dans les espaces militants. Au TU, le film J. J. sera présenté dans une version spéciale Genève aka en cours de montage.

ESTHER NEWTON MADE ME GAY

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Esther Newton was drawn to the drag scene as a student in the 1950s. The film’s amazing archive footage encompasses gay liberation, the feminist sex wars, AIDS activism and life on the safe haven of Fire Island.

CHAVELA

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Figure de proue de la musique mexicaine Ranchera, habituellement réservé aux hommes, Chavela Vargas, restera à jamais empreinte de récits et de légendes. Portant le pistolet, fumant, buvant et s’habillant “comme un homme” dès les années 1940, Chavela a toujours refusé de se conformer. Elle a chanté avec passion et mélancolie l’amour, la vie et la mort jusqu’à ses 93 ans. Amante, entre autres, de Frida Kalho ou encore Ava Gardner, Chavela est une figure radicale et incontournable de l’histoire queer de Mexico.

A LITANY FOR SURVIVAL: THE LIFE AND WORK OF AUDRE LORDE

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Portrait en entretiens, lectures et témoignages d’Audre Lorde, poètesse noire, lesbienne, féministe, guerrière et mère. Décédée d’un cancer du sein en 1992, Audre Lorde nous a laissé une œuvre littéraire et militante puissante comptant entre autres : Zami: A New Spelling of my Name, The Black Unicorn, The Cancer Journals et Uses of the Erotic: The Erotic as Power.

REBEL DYKES

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Entre images d’archives, animations et interviews-témoignages, Rebel Dykes nous plonge dans le Londres des années 80-90, les manifs anti-Thatcher, les mobilisations gays et lesbiennes pour les personnes atteintes du VIH-sida et les squats. Sur un fond de musique punk et post-punk portés par des groupes sans mec cis, on suit des bouts de vie d’une famille choisie de gouines radicales qui fréquentaient alors l’un des premiers clubs queer lesbien SM de la city, Chain Reaction. La parole donnée à celleux qui ont fait l’histoire lesbienne d’Angleterre, dans toute leur radicalité, leur joie et leurs amours partagés. God save the queers!

LESBORAMA + THE AGRESSIVES

DYKE-O-RAMA en collaboration avec le TU


Existe-il une culture lesbienne ? réponse internationale et historique à travers une archive d’images (1912-1995) : appropriation joyeuse et détournement féroce d’images produites par la culture mainstream, ponctuées d’entretiens avec des figures lesbiennes du monde entier.
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Ce documentaire, filmé à New York entre 1997 et 2004, suit les “Aggressives” ou « AG » – un groupe de personnes queer racisées, assigné femme à la naissance, qui se présentent et/ou s’identifient comme masculines: Marquise Balenciaga, Kisha Batista, Chin Tsui, Rjai Johnson, Octavio Sanders et Trevon Haynes. Iels partagent leurs peurs, leurs secrets et leurs rêves et abordent des sujets tels que la race, le genre et la sexualité.

À PEINE OMBRE de Nazim Djemaï

CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) # 2: FENÊTRE SUR LA BORDE


Qu’est-que c’est que ce monde de fous ? Ce film montre l’institution particulière qu’est la Clinique psychiatrique de La Borde, berceau de la psychothérapie institutionnelle fondé par le Docteur Oury en 1953. Le château est le lieu central où tout a commencé et où le Docteur Oury a installé ses premiers patients. Aujourd’hui il y a quatre secteurs d’hospitalisation qui accueillent cent sept personnes et trente en hôpital de jour. Bien que le prix de la journée d’hospitalisation soit inférieur à celui des établissements de même type, cette institution, par sa singularité, reste fragile.

Le film sera constitué d’un chapelet d’entretiens où chacun décide du lieu où il souhaiterait être filmé, choix parfois insolite du personnage. C’est grâce à cette proposition que nous appréhenderons la topographie du paysage labordien et ce sur une étendue de 40 hectares de bois et d’étangs, où chacun circule librement dans ses différents espaces. La Borde et ses entours, les écuries, le poulailler, le jardin potager, la serre etc. sont rythmés par le défilement des saisons.

OUVERTURE D’UN BEAU BEAU CYCLE <3

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan ON NE PEUT MALHEUREUSEMENT PAS VOUS DIRE CE QU’IL Y AURA CE SOIR LÀ, QUELQUE CHOSE DE BEAU ASSURÉMENT ET ACCOMPAGNÉ D’UN BON REPAS

CINQ COURTS MÉTRAGES DE RAYANE MCIRDI

BRASIER # 4 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA CUNHA


Rayane Mcirdi, par son travail, permet la constitution d’une archive filmique faite par les habitants eux-mêmes, d’un territoire considéré en périphérie ou en marge. A l’opposé des films dits de banlieue, Rayane Mcirdi rassemble les fragments souvent intimes d’un passé, d’un présent et d’un futur constitutifs d’une narration nouvelle.

DUVIDAH de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Inspiré d’un conte populaire du Rajasthan, Duvidha est l’histoire du fils d’un marchand qui revient chez lui avec sa nouvelle épouse, avant d’être renvoyé s’occuper du commerce familial. Un fantôme tombe amoureux de la jeune femme, prenant l’apparence de son mari absent, et vit avec elle. Celle-ci met au monde un enfant.

ASHAD KA EK DIN de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Élève de Ghatak, en rupture avec les conventions, Mani Kaul invente un cinéma formaliste dont la radicalité accomplit de surprenantes opérations. C’est bien le cas dans ce 2e film du cinéaste, qui conte l’amour de Mallika et du poète Kalidasa, appelé à la cour. Toute l’action se tient dans l’habitation de Mallika avant et après le départ de Kalidasa, simple cahute où s’enracinent la solitude de la jeune femme et la nostalgie de l’écrivain, qui a trouvé sa vocation dans ce pays de montagnes. Visages et parole, désynchronisés, racontent le vif des sentiments tandis que le monde pulse à travers les paysages, la pellicule parfois brûlée par le soleil, la suggestion sonore – surprenantes inflexions balayant un apparent hiératisme.

USKI ROTI de Mani Kaul

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Dans Uski Roti, une jeune épouse traverse chaque jour les sentiers de campagne du Pendjab pour attendre son mari, chauffeur, à l’arrêt de bus et lui donner le pain qu’elle a patiemment pétri à cet effet. Mais l’homme la néglige, préférant boire, jouer aux cartes et entretenir une maîtresse que rentrer au bercail. L’expectative est donc l’objet de ce film à l’empreinte documentaire, imprégné du quotidien villageois, mais au déroulement inédit, car arrimé à la subjectivité angoissée de son héroïne. L’action déconstruite cède ainsi place à une sarabande de gestes, de regards, de bruits, de respirations, embrassant la condition des femmes paysannes à la façon d’une toile cubiste, où les réalités factuelles et psychiques sont présentées sur un même plan.

THAMPU de Govindan Aravindan

LA POÉSIE, LA MAISON, LE MONDE, ET LE CINÉMA les films de Mani Kaul et Govindan Aravindan


Une troupe de cirque arrive dans un petit village côtier du Kerala et au troisième jour reprend sa route. À l’arrivée du convoi, l’imperturbable ondulation des vagues cède du terrain à l’excitation des écoliers qui voit un humble chapiteau se dresser sur un monde de cerceaux, de cordes, d’acrobates, de musiciens et d’animaux. La caméra observe cette suite d’événements sans drame, épisodes banals qui se chargent d’un ineffable magnétisme. Un plan après l’autre, nous avons le sentiment inouï de voir naître et s’épuiser dans la même temporalité la réalité et le secret de chaque geste. Thampu est une sensation : celle de voir « à plans feutrés » un film devenir une allégorie du cinéma.

ACCOSTER + DE NOS PROPRES MAINS

RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) - Olivier Derousseau


Un départ, la fin de quelque chose. Nous devions quitter une maison promise à la démolition. Cette maison, lilloise – de bois recouverts d’une peau de briques, autrefois habitée par des bourgeois en villégiature, fut un refuge pour des gens qu’on ne tarda pas, à l’aube du XXIème siècle, à qualifier « de précaires ». Ses murs et fenêtres furent témoins d’événements heureux, de déchirures, d’arrivées impromptues, de décisions sans retour, de sommeils et de veilles indécentes, de préparations laborieuses. Je me suis mis à photographier cette maison alors qu’il fallait en partir. Il s’avère qu’à ce moment-là, la pensée et le travail de Fernand Deligny occupaient une place quotidienne. Ces phrases notamment : » Nous sommes hantés par un peuple d’images, si vous entendez hanter comme quelqu’un d’antan l’aurait entendu, c’est-à-dire habités tout simplement. Mais aussi : « le cinéma, un toit pour les images qui n’ont plus de maisons ». Un livre de Jacques Rancière aussi : « Courts voyages au pays du peuple ». Il fallait quitter une demeure à demeurés et envisager un accostage.

DREYER POUR MÉMOIRE – EXERCICE DOCUMENTAIRE + NAGER ; COMME SI C’ÉTAIT HIER + ISABELLE OGILVIE IN MEMORIAM

RENCONTRES CINÉMA(S) ET PSYCHIATRIE(S) - Olivier Derousseau, Isabelle Ogilvie et Anne-Marie Faux


Au départ de tout cela, il y a une immense colère adressée à l’endroit de cette France: ses surveillants, politiciens, bureaucrates, supermarchés, protocoles, mesures, réformes qui continuent encore d’aliéner le pays. Alors, toujours cette même question: comment résiste-t-on? Après avoir gueulé, essayons de se réunir avec celles et ceux qu’on ne veut pas réunir et qu’on préfère exclure. Lorsqu’on s’est entretenu avec Olivier pour préparer sa venue, il a décrit ainsi sa démarche: « C’est quoi les conditions matérielles d’élaboration d’une rencontre? Que ça ne soit pas seulement la case du programme de réinsertion mais que ça puisse effectivement transformer quelque chose en mettant un outil (le cinéma par exemple) au milieu. Et c’est précisément ça dont on est empêché très souvent et c’est ça qu’il faut construire ». En effet, dans chacun de ses films, des exercices se font, se vivent, s’éprouvent sous nos yeux, pour fabriquer un “nous”. Mais il n’y a, ici, nulle tricherie, car on voit d’abord ce qui est empêché, la communion n’est pas donnée d’emblée et sera possible qu’à certaines conditions que les films se donnent les moyens de créer. Et à nous, spectateur.ice.s et témoins, nous est donc confiée la responsabilité morale de reconnaître que la rencontre fut possible, sera dès lors encore possible et qu’il y a nécessité qu’elle reste toujours possible. C’est habité, affecté, touché par cette transmission que l’on souhaite passer ces films plus loin.

J’AI PAS SOMMEIL de Claire Denis

BRASIER # 3 CARTE BLANCHE À ERIKA NIEVA DA CUNHA


Le 24 février on vous donne rendez-vous pour les brasiers#3. A cette occasion, on projettera en 35 mm J’ai pas sommeil de Claire Denis.
Ce film réalisé en 1993 est inspiré de l’histoire d’un tueur en série, Thierry Paulin, qui sévissait dans le quartier de Montmartre à la fin des années 80.
Claire Denis réussit un tour de force: elle réalise un film noir, sans suspens, sans enquête et quasiment sans flics.

BLESS THEIR LITTLE HEARTS de Billy Woodberry

1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS


Écrit et photographié par Charles Burnett, le premier long métrage de Billy Woodberry, autre pilier du mouvement LA Rebellion (il a collaboré aux premiers films de Alile Sharon Larkin et fait l’acteur chez Hailé Gerima), Bless Their Little Hearts constate, sept ans après Killer of Sheep, les mêmes ravages causés par le chômage dans le quartier de Watts, laissée exsangue après les émeutes de 1965. Le film de Charles Burnett mettait en scène la déliquescence d’une famille mais l’énergie des enfants faisait encore espérer. Chez Billy Woodberry, les enfants ont interrompu leur course et se sont tus : ils forment le chœur muet d’une lente catastrophe incarnée par un couple qui sombre sans pouvoir se rattacher à rien. Le film épouse le rythme d’une complainte chantée en mineur.

LOSING GROUND de Kathleen Collins

1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS


La première qualité de Losing Ground est son écriture, d’une dialectique fine mais directe, autour d’une intellectuelle, professeur d’université, écrasée par son mari artiste et par sa mère. Dépassant les dialectiques raciales attendues, le film cible violemment le mépris de l’artiste mâle égocentrique, qu’il soit noir ou blanc. Le beau mouvement de ce film féministe est de trouver une porte de sortie à partir de son métier même : elle rédige une thèse sur la question de l’extase. Dans un dialogue magnifique, elle prend conscience qu’elle aussi connaît des moments d’extase, dans son travail de chercheuse, et qu’elle aussi sait quitter terre (« losing ground »). Cette reconnaissance de l’extase intellectuelle est d’une profondeur rare, et on ressent de la gratitude envers Kathleen Collins d’avoir accordé place à ce pouvoir des idées. SD

MY BROTHER’S WEDDING + THE HORSE de Charles Burnett

1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS


Un jeune homme dans le quartier pauvre de Watts, à Los Angeles, travaille avec ses parents, propriétaires d’une laverie. Il apprend que le mariage de son frère, avocat, a lieu le même jour que les obsèques de son meilleur ami, tué après sa sortie de prison. Une tragi-comédie, mais aussi un portrait de la communauté afro-américaine du sud de Los Angeles.

KILLER OF SHEEP + SEVERAL FRIENDS de Charles Burnett

1969 - 1983: SIX MÉLODRAMES AFRO-AMÉRICAINS


Dans le ghetto de Watts, le mélancolique Stan, employé des abattoirs, défend sa dignité. Chronique des jours d’une famille hantée par le souvenir du Sud natal, et balade délicatement élégiaque et tendrement ironique d’une communauté, du monde des enfants, des combines des voyous petits ou grands, de la force et de la malice des femmes. Les musiques du film, « histoire sonore de la musique populaire afro-américaine » accompagnent et commentent la recherche de la vérité des vies, et de la vérité intérieure des personnes. Tourné en quelques week-ends et pour quelques milliers de dollars, le film (présenté par Charles Burnett comme film de fin d’études à UCLA) n’a pu être distribué aux États-Unis qu’à partir de 2007.

UNDERGROUND de Mary Lampson, Emile de Antonio et Haskell Wexler

LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE


Entretien avec les membres du Weather Underground, mouvement révolutionnaire marxiste-léniniste revendiquant le principe d’importer la guerre du Vietnam sur le territoire américain (« Bringing the War Home »). Bill Ayers, Kathy Boudin, Bernardine Dohrn, Jeff Jones, Cathy Wilkerson, passés dans la clandestinité, sont alors les ennemis publics n°1, traqués par le FBI.

AS ABOVE, SO BELOW de Larry Clark

LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE


Le deuxième film de Larry Clark met en scène l’histoire de Jida-Hadi, enfant du ghetto de Chicago, vétéran du Vietnam, dont la prise de conscience politique le mène à rejoindre un réseau révolutionnaire qui prépare l’insurrection noire aux États-Unis. De 1945 aux années 70 du Vietnam, la « science-fiction politique » se double d’une satire ravageuse du « bon Noir » des prédicateurs religieux. Aux extraits du rapport de la Commission des activités antiaméricaines répondent les images documentaires de l’interventionnisme américain et des guerres d’indépendance africaines qui construisent la conscience de Jida-Hadi.

LISTEN AMERICA ! de Edouard de Laurot

LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE


Film prophétique sur l’Amérique comme univers paranoïaque du contrôle, où Edouard de Laurot appelle à l’unité de tous les mouvements révolutionnaires : les militants noirs, les hippies, les pacifistes et les gauchistes de toutes sortes. Comme Black America / Silent Revolution, Listen, America ! prône la lutte armée et le renversement du gouvernement par la violence.

MEDIUM COOL de Haskell Wexler

LA VIOLENCE EST AUSSI AMÉRICAINE QUE LA TARTE À LA CERISE


Fiction développée dans l’immédiateté des événements, Medium Cool décrit la prise de conscience d’un reporter de télévision, John Cassellis, plongé dans les mouvements de protestation de 1968 qui bouillonnent pendant la Convention Démocrate à Chicago. La situation létale traversée par John Cassellis préfigure l’expérience vécue par Haskell Wexler au cours du tournage de Introduction to the Enemy au Vietnam, avec Jane Fonda.

TITRE PROVISOIRE, Mostafa Derkaoui

talitha - Cinima 3 une programmation de Léa Morin


« Titre Provisoire est le troisième film signé par Derkaoui, après « De quelques évènements sans signification » (1974) et « Les beaux jours de Shéhérazade » (1982). Chacun des trois films met en scène une équipe de cinéma. En 1974, Derkaoui interprétait un assistant-réalisateur. Cette fois, il joue son propre rôle de cinéaste. Les scènes sur le plateau de tournage s’alternent avec les scènes de vie, parfois de rêve, dessinant le portrait d’un être qui, harcelé par l’idée de la mort, doit apprendre à souffrir. Le tout crée un brassage d’atmosphères et de réflexions sur le désarroi dans lequel est plongé la génération de jeunes Marocains vivant dans les années 80. À l’inverse du premier film de Derkaoui, « Titre Provisoire » n’a jamais disparu : il circule, dans des copies pas toujours de bonne qualité, et dans sa langue originale. Le voici enfin présenté dans sa version numérisée par le Centre cinématographique marocain, et avec des sous-titres français fraîchement réalisés grâce au travail de Léa Morin.

DE QUELQUES ÉVÉNEMENTS SANS SIGNIFICATION, Mostafa Derkaoui

Talitha - Cinima 3 une programmation de Léa Morin


Sommet et liquidation du cinéma engagé des années 70 : art poétique et manifeste théorique pour un nouveau cinéma marocain, mais aussi amer constat de son impossibilité dans une société qui ne change pas. Derkaoui dirige un collectif d’artistes amis et des militants marxistes, et organise un méta-film qui brouille toute distinction documentaire/fiction et vire vers l’esthétique du happening. Dans ce labyrinthe des mots et miroirs, le réalisateur utilise la réflexivité pas comme un énième dispositif moderniste mais comme impitoyable autocritique d’une classe intellectuelle plâtrée dans ses contradictions politiques. Censuré et interdit de diffusion et d’exportation, œuvre longtemps clandestine et mythique, radical aussi par sa débordante musique free jazz, ce film est un trésor enfin retrouvé.

ŁÓDŹ-CASABLANCA courts-métrages de Abdelkader Lagtaa, Hamid Bensaïd, Idriss Karim et Mostafa Derkaoui

Talitha - Cinima 3 une programmation de Léa Morin


Depuis leur “exil” polonais, les cinéastes marocains étudiants à l’École de cinéma de Łódz bénéficient en plus d’une solide formation, d’une certaine liberté politique (loin de l’état autoritaire et répressif du règne de Hassan 2), d’un recul vis à vis de leur réalité, mais aussi d’une expérience du monde « global », et de ses agitations politiques, au cœur de l’Europe de l’Est entourés d’étudiants venus du monde entier et notamment d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine.

L’ORSALHER

4 FILMS DU POÈTE-BRICOLEUR OCCITAN JEAN FLÉCHET


L’Orsalher, c’est Gaston Sentein, un des sept fils d’une famille de bûcherons ariégois, qui imprégné de la la légende de Jean de l’ours, s’arrache à son pays, à sa famille et à sa fiancée dans les années 1840 pour gagner sa vie sur les routes du Sud-Ouest comme montreur d’ours. Il rencontrera à Toulouse le colporteur en livre, propagateur des idées nouvelles, et découvrira, grâce au français la langue de l’écrit, un nouveau mode de raisonnement, spéculatif et théorisant. Entre légende et récit d’aventure, ce voyage initiatique fait la part égale entre la chair et l’esprit, le goût du terroir et la soif de voyages, les nécessités de la vie individuelle et l’avenir de la collectivité.

LA FAM DE MACHOUGAS + LE SARTAN

4 FILMS DU POÈTE-BRICOLEUR OCCITAN JEAN FLÉCHET


Machougas, employé aux écritures d’une mairie de Provence, a toujours faim. Machougas a toujours très faim, une si grande faim que rien ne peut le rassasier. Sa journée est dévolue aux boudins, pâtés, viandes et poissons. Une fable portée par le personnage magnifique de Pierre Aubert, Buster Keaton provençal, naïf et amoureux. Humour, invention cinématographique ont fait de ce film un classique du cinéma de langue d’Oc.

LE TRAITÉ DU ROSSIGNOL

UN FILM DU POÈTE-BRICOLEUR OCCITAN JEAN FLÉCHET


C’est à la faveur d’une homonymie que le récit s’amorce (le mot rossignol désigne à la fois l’oiseau aux trilles mélodieuses et un jeu de clefs pour crocheter les serrures). Muni d’un magnétophone, Vigo, jeune homme nonchalant, se rend dans le Vaucluse pour enregistrer le chant du rossignol à la demande d’un compositeur de musique électronique et rencontre, le temps d’une nuit printanière, dans une demeure abandonnée, deux voleuses, Mélanie et Lela, à la recherche d’on ne sait quoi. Cette rencontre impromptue sera ponctuée d’apparitions cocasses : un cycliste-randonneur extrêmement fatigué ; un vendeur d’édredons péremptoire accompagné de son épouse endormie, arrivés tous deux en hélicoptère ; une assemblée de villageois qui se barbouille de miel ; le père de Mélanie, ami des commissaires et des procureurs, en proie au délire verbal ; une figure féminine mystérieuse qui personnifie la chouette. Dans la pénombre éclairée de bougies, la fable est placée sous l’invocation magique du vieux Voronov, l’ancien propriétaire russe de la demeure, possesseur d’un jardin fruitier fabuleux.

SOUPE AU CANARD, Leo McCarey

GODARD, GORIN, GROUCHO, HARPO ET CHICO


McCarey débuta sa carrière en supervisant ou réalisant dans les années 20 plusieurs courts métrages burlesques pour le producteur Hal Roach, parmi lesquels ceux de Laurel et Hardy. McCarey avoua avoir eu du mal à supporter l’agitation permanente des Marx Brothers sur le plateau, gardant un souvenir désagréable du film et de son tournage. Il n’empêche que cette charge anarchisante contre l’armée, le pouvoir politique et les dictatures d’opérette à l’époque de la montée des fascismes en Europe demeure un sommet de drôlerie irrévérencieuse : on y retrouve le charme des comédies hollywoodiennes des années 30, avec leurs intermèdes chantés et leur décors luxueux, mis à mal par le mauvais esprit et la grivoiserie de Groucho, l’homme le plus drôle et à la moustache la plus excentrique de l’histoire du cinéma, véritable bourrasque et incongruité vivante accompagnée de ses trois frères, dont le poétique Harpo dont le mutisme permanent et l’expressivité faciale portent la nostalgie du cinéma muet à l’intérieur du parlant.

VLADIMIR ET ROSA, Groupe Dziga Vertov

GODARD, GORIN, GROUCHO, HARPO ET CHICO


« Les deux voix déduisent (ou décident) qu’elles vont participer à la fabrication d’un film qui essaye d’analyser politiquement ce que représentent les procès que la justice bourgeoise fait aux militants (après que la police les a arrêtés sous prétexte de désordre ou de subversion). » (JLG)

LÉON G. DAMAS + UN DESSERT POUR CONSTANCE

Réouverture avec 4 films de Sarah Maldoror


Ce court métrage, articulé autour du poète Léon G. Damas, poursuit une réflexion autour de la négritude que Maldoror avait déjà pris en charge dans des films consacrés à Aimé Césaire. La négritude, entendue comme l’affirmation d’une identité noir et le refus de toute assimilation, s’exprime chez Damas dans une poésie répétitive, mélodieuse, profondément ancrée dans la terre guyanaise. Tout le film de Maldoror tient dans la transmission des poèmes: trouver dans le territoire, dans la jungle, dans les prisons, dans les visages une caisse de résonance aux mots de Damas.

MONANGAMBÉ + SAMBIZANGA

Réouverture avec 4 films de Sarah Maldoror


En 1972, Sarah Maldoror réalise Sambizanga, premier long métrage réalisé par une femme dans l’Afrique subsaharienne. Sambizanga est tourné comme une fiction mais le film se veut le révélateur d’événements qui ont eu lieu dix ans auparavant en Angola. À cette époque-là, dans un contexte insurrectionnel, le régime colonial portugais réprime violemment les militant.e.s. Maldoror, entourée d’acteur.ice.s réel.les de la lutte en cours, construit son récit du point de vue d’une femme et se place au niveau intime et affectif de la résistance: la tendresse, les pleurs, la douleur des corps et de la séparation.

GRANDE BOUFFE ITALIENNE + CHANSONS NAPOLITAINES par David Grasselli + PROJET N d’Alain Cazuc et Fernand Deligny

Plein air été 2022 - Ferme de la Touvière - 24 août


Le mercredi 24 août, grande joie de retrouver la Touvière. D’abord pour une grande table de cuisine italienne (SERVICE à 19h30, venez à l’heure). Là encore, il sera question d’apprentissage puisque comme l’année passée, antipasti, pasta fresca, pesce seront préparés collectivement sous la forme d’un atelier depuis le matin tôt. Il se trouve que l’un de cuisiniers, David Grasselli, est aussi musicien. Avec sa guitare, il chante et plonge au cœur de Naples, en restant fidèle aux sources, pour donner ce que la tradition populaire a de plus généreux.

À propos du film, encore et toujours une histoire de cuisine et de partage:
«Le film sera simple comme du bon pain; il y va de la farine, du levain, de la cuisson qui n’est pas rien, du pétrin. Il y a là, sous couvert d’un mot simple, toute une pratique; il en est de même lorsqu’il s’agit de faire un film.
Sera-t-il au goût du jour? Il s’avère que le pain d’ici est du goût de tout le monde ou quasiment et justement parce que, fait maintenant, il est le même que le pain d’antan.
Et il est vrai que je ne vois aucune différence de nature entre du pain de campagne et du cinéma populaire bien levé, cuit à point.»

SÉANCE SURPRISE IMAGINÉE PAR FEDERICO ROSSIN

Plein air de l'été ♯2 - PLEIN AIR AU SPOUTNIK À CAUSE DU CIEL ORAGEUX!!!


Federico Rossin est historien et programmateur indépendant. Les recherches qu’ils mènent, à la croisée du cinéma expérimental et du cinéma militant nous habitent et nous inspire depuis longtemps. C’est la première fois que nous aurons l’occasion de le rencontrer. Et. Grande joie de lui donner carte blanche ce jeudi 8 en plein air.

DIARIO DI UN MAESTRO de Vittorio De Seta

Plein air de l'été ♯ 1 - MINCE LA PLUIE >>>> PLEIN AIR EN SALLE, AU SPOUT


Les enfants, non pas acteurs mais habitants des banlieues romaines, entraînent le professeur vers le dehors, sur leur terrain d’expression. À la faveur du rapatriement d’un lézard à l’école, commencent à se bricoler de nouveaux modes d’apprentissage. La classe se repeuple. L’estrade du professeur se voit être transformée en étagère. Les allers-retours entre le dedans et le dehors se poursuivent. Les enfants deviennent sociologues, ramènent témoignages et histoires. Des dessins, études du quartier tapissent les murs de la classe. Une petite communauté se forme et c’est ce qu’elle traverse – les imprévus, les fulgurances, toutes les formes de spontanéité – qui nourrit le film. Le cinéma s’adapte à la vie et non l’inverse.

Ici rien de Daphné Hérétakis + K de Frédérique Devaux

POUR LES 50 ANS DU COLLECTIF JEUNE CINÉMA À L'ÉCURIE


Le collectif jeune cinéma est une coopérative qui se bat depuis bien longtemps pour défendre, préserver, diffuser un cinéma “sauvage”, expérimental, différent. Pour fêter leurs 50 ans, nous avons organisé deux séances en plein air. Celle-ci se dédie aux rues du quartier anarchiste Exarchia que Daphné Hérétakis a arpenté, caméra à l’épaule. Et à la résistance du peuple Kabyle qu’exprime Frédérique Devaux dans ses beaux films-collages. Elle sera là pour nous raconter!

Polisario, un peuple en arme de Med Hondo

Voix décoloniales


Ce film est un témoignage. Ce sont les images et les sons enregistrés sur toute l’aire de lutte du peuple sahraoui et ils témoignent de sa volonté de vivre libre chez lui tout en replaçant le « problème sahraoui » dans un contexte véritable. Ex-colonie espagnole dont les richesses sont considérables, le Sahara Occidental devait, comme beaucoup de pays africains, accéder à l’indépendance selon les résolutions des Nations-Unis.