Spoutnik est un cinéma historique né en 1986 dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance. Cinéma satellite au sein de l’Usine, cinéma tournant en orbite à l’intérieur de Genève, cinéma gravitant autour d’œuvres hors-système, d’astres invisibles ou de planètes mal connues, Spoutnik est un appareil qui permet de créer des microcosmes en dehors de la rentabilité-machine-industrie du cinéma commercial. C’est un espace dédié aux films — mais pas que — qui expérimentent, cherchent, et s’interrogent, à la marge.

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🎥 Cinéma Spoutnik
11 rue de la Coulouvrenière, 1er étage
1204 Genève

📍Bureau du Spoutnik
4 place des Volontaires
1204 Genève

Spoutnik est accessible aux personnes à mobilité réduite sur rendez-vous

📞 +41 (0)22 328 09 26
cinema@spoutnik.info
 cinema Spoutnik
Avec l’appui de l’Etat et de la Ville de Genève, du Fond Culturel Sud, du Département des affaires culturelles et de la Loterie Romande.


Concerning Violence
Göran Hugo Olsson et Sophie Vukovic avec voix Lauryn Hill
USA, Suède, Danemark · 2013 · 89' | VOstFR

VEN 14.11 - 20:30
DIM 23.11 - 19:00




C’est à une réflexion sur la violence comme outil de résistance et de libération que nous invite le documentaire du réalisateur suédois Göran Hugo Olsson. Concerning Violence se veut un hommage et une illustration des Damnés de la terre, le dernier ouvrage de Frantz Fanon, publié l’année de sa mort en 1961. 
Le film s’ouvre avec une préface éclairée et engagée de Gayatri Chakravorty Spivak, professeure à Colombia et connue pour ses travaux sur les « subalternes »1, qui rappelle la trajectoire de Frantz Fanon. Né en 1925 en Martinique, il grandit dans une famille bourgeoise et se rend en métropole lorsqu’il s’engage dans les forces gaullistes, puis, après 1945, pour suivre ses études de médecine. Il réalise que ses privilèges de classe ne valent rien aux yeux des Blancs. Il va se servir de son expérience vécue pour analyser la colonisation dans le monde, mais surtout en Algérie, où il exerce comme psychiatre et s’engage dans la lutte pour l’indépendance. Pour Spivak, il ne s’est pas contenté de vouloir comprendre la colonisation, mais il a tenté d’agir par rapport à elle, ce qu’il a fait grâce à la psychiatrie, en soignant ceux qui ont souffert de la violence.

Le film se concentre sur les réflexions de Fanon sur la violence, qu’il mène dans la première partie des Damnés de la terre et dans lesquelles Jean-Paul Sartre, rédacteur de la préface à la première édition, a surtout vu une apologie de la violence. Or, comme Spivak le rappelle, Fanon considère la violence comme le dernier recours des colonisés, « parce qu’il n’y a pas d’autre réponse possible à une absence absolue de réponse et à un exercice absolu de la violence érigée en loi de la part des colons ». La leçon de Fanon est qu’il faut utiliser les armes des colons contre eux : selon lui, le colonialisme est « la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence »2. Dans cette optique, la violence du colonisé est pensée comme inévitable, et elle se justifie parce qu’elle est seconde.