Spoutnik est un cinéma historique né en 1986 dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance.
Cinéma satellite au sein de l’Usine, cinéma tournant en orbite à l’intérieur de Genève, cinéma gravitant autour d’œuvres hors-système, d’astres invisibles ou de planètes mal connues, Spoutnik est un appareil qui permet de créer des microcosmes en dehors de la rentabilité-machine-industrie du cinéma commercial. C’est un espace dédié aux films — mais pas que — qui expérimentent, cherchent, et s’interrogent, à la marge.
Avec l’appui de l’Etat et de la Ville de Genève, du Fond Culturel Sud, du Département des affaires culturelles et de la Loterie Romande.
Bedevil
Tracey Morfatt Australie· 1993 · 90’| VOst EN VEN 07.02 - 20:30
DIM 16.02 - 20:30
Dans BeDevil, Tracey Moffatt explore les thèmes de l'identité, de l'effacement et de l'existence à travers trois histoires courtes, chacune revisitant des histoires de fantômes qui lui ont été transmises par sa famille métissée indigène et irlandaise.
BeDevil est une œuvre fascinante. Sa sortie en 1993 a marqué plusieurs premières fois : il s'agissait du premier (et unique) long métrage de Tracey Moffatt, vidéaste et photographe de métier, et du premier long métrage réalisé par une femme Aorigène d'Australie. Bien qu'il ait été présenté en ouverture du programme Un certain regard au festival de Cannes de cette année-là, le film est tombé dans une relative obscurité depuis lors. Il est rarement mentionné dans le canon du cinéma australien, ce qui est à la fois frappant et frustrant, surtout si l'on considère l'avalanche de films décrivant des histoires aborigènes qui a suivi.Le fait que Tracey Moffatt s'attache à raconter des histoires autochtones d'un point de vue autochtone va à l'encontre de la représentation hégémonique de ces identités à l'écran, qui exclut généralement les voix autochtones, en particulier celles des femmes. Cependant, le caractère perturbateur de BeDevil va au-delà de la représentation : ses sensibilités radicales sont ancrées dans la forme même du film. Tracey Moffatt a exprimé une résistance aux lectures post-coloniales de son travail, ce qui est peut-être compréhensible dans la mesure où ces lectures obscurcissent souvent l'analyse formelle. BeDevil est ouvert à une lecture qui prend en compte à la fois la forme et la politique, et la forme en tant que politique. En considérant la notion de hantise comme essentielle à la composition du film, nous pouvons lire à la fois les sensibilités fantomatiques du film et la présence de fantômes dans le film comme des agents venant troubler la temporalité du colonialisme.