RENCONTRE GALACTIQUE AVEC MASSICOT



Le groupe punk tropical kraut dissonant genevois Massicot, avec sa guitare électrique obsessionnelle, sa basse distordue et sa percussion à la rythmique blindée, viendra au cinéma Spoutnik pour jouer sur le film soviétique « Aëlita », où la révolution communiste sur la planète rouge. Rencontre avec le groupe et interview réalisé le 10 août 2017.

SPOUTNIK: Salut Massicot, ça fait longtemps qu’on s’est pas vu.
MASSICOT: Salut Spoutnik. Oui c’était en 2012, on a improvisé avec le collectif Blanktapes sur des films 8mm trouvés par Stéphane Delannoy. Très chouette souvenir, en mode total improvisé.

SPOUTNIK:
Tu voyages beaucoup, est-ce que tu souffres du mal d’apesanteur lors de tes voyages galactiques?
MASSICOT: Massicot fait une cinquantaine de dates par année, principalement lors de tournées, car on pense réellement que le voyage fait partie intégrante de la vie d’un groupe. C’est important de jouer sa musique devant des gens qui la découvrent et la reçoivent pour la première fois. Rien ne remplace ça, le lien à d’autres énergies, lieux de créations, manières de vivre, de faire, d’explorer et découvrir le monde de la musique. C’est super riche d’être en tournée même si c’est épuisant parfois entre le nombre de km par jour et la frustration d’avoir rarement le temps de visiter les villes et contrées où l’on se rend.

Après il y a les voyages que nous offre l’IOIC depuis 4-5 ans en nous demandant d’emballer des films avec notre musique. On a énormément de chance de les avoir rencontrés. Quand on nous donne la possibilité d’aller carrément se balader dans le spatio-temporel avec des films barrés d’un autre temps, ben on en revient toujours enrichie de nouvelles idées et de nouvelles compos finissent toujours par en naître, c’est une grosse source d’inspiration pour notre musique. Notre dernier disque « Suri Gruti » est typiquement né d’un voyage dans l’univers dadaïste de Man Ray et ses films bien barrés.

SPOUTNIK: Tu t’es donc arrêtée sur la planète Mars, comment s’est passé ta première rencontre avec Aëlita?
MASSICOT: Ah bah en fait on l’a pas rencontrée, elle n’était pas là lors de notre dernière exploration et il n’y a que Mara qui a regardé le film pour l’instant !!!!!….. Les images ont l’air superbes et vive la science fiction! Les costumes et la scéno des quelques extraits qu’on a vus sont vraiment beaux. La durée du film nous fait flipper un peu. Notre plus long film jusque-là durait 1h…… là on est presque au double. Mais on commence à bien comprendre comment fonctionner entre notre son et l’image, on a appris à laisser la place et l’air suffisant pour tenir la durée et ne pas gaver le public non plus!!

SPOUTNIK: Tu travailles beaucoup avec IOIC, l’institut de cinématographie incohérente et on dirait que les films choisis ne sont pas toujours les plus faciles.
MASSICOT: Les films sont généralement magnifiques et ils savent très bien qui, comme musiciens ou groupes, saura emballer tel ou tel film. Pablo aime bien d’ailleurs nous filer des films assez vénères, une fin du monde, la rébellion d’une femme sorcière esclave. C’est souvent des films qui grincent, comme nous! Leur compréhension n’est pas toujours évidente, surtout sur des versions courtes où le montage coupe une bonne partie du film et n’aide pas à suivre la narration déjà compliquée du muet. Avec les courts-métrages de Man Ray c’était encore un autre délire. Des films Dada, poétiques, parfois absurdes, ou supra atmosphériques.

SPOUTNIK: Ton son est bien mécanique et dissonant, j’aime bien le côté ovni complet et inattendu, je me pose la question si les variations du champs magnétique terrestre a une influence sur tes compositions, ou c’est de l’impro totale?
MASSICOT: On doit forcément être inspirées et influencées de tout un tas de choses qui nous entourent, et probablement que les variations du champ magnétique terrestre doivent y être pour quelque chose! Mais Massicot doit son son à de longues plages d’impros et les variations soniques de la musique sont principalement dues à la particularité de nos instruments. La basse est une guitare pour enfant triturée, la guitare est accordée bizarrement et agrémentée d’une panoplie d’effets étranges combinés et la batterie n’essaie en rien de trouver ces références là où on les attend. La particularité de notre son c’est justement d’essayer de ne ressembler à rien, mais de trouver des endroits de fusion et de friction dans les sons qu’on produit, en finissant par structurer un minimum le tout en « chanson », d’où la magie de faire du son sur les films comme source d’inspiration de base pour nos compos, pour nous c’est le top!

SPOUTNIK: Dis moi quel est ton programme révolutionnaire ?
MASSICOT: La fin de l’urbanisme, de la planification, du design et de l’ère industrielle.
Mais avant ça on est en pause en ce moment, car on est toutes sur d’autres projets mais on fait la rentrée comme vous et avec vous le 20 septembre! En fait on a fixé plusieurs semaines de résidence compo cet automne pour transposer les nouvelles idées sur un format concert Massicot. L’idée est de jouer un nouveau set ce début d’hiver sur notre tournée espagnole en novembre pour rôder de nouveaux morceaux et aller les enregistrer ce printemps. On est donc plutôt dans une phase de création
ces temps, avec dans la tête l’idée d’un nouvel album.

SPOUTNIK: J’ai une dernière question, je vais rénover mes fauteuils et mon gradin pour la rentrée, quelles seraient pour toi les couleurs idéales?
MASSICOT: Hahaha!! ça doit être dur de mettre tout le monde d’accord chez vous et je pense même qu’à mes trois membres j’aurai du mal à trouver la réponse unanime à ta question. En même temps on va dans un cinoche pour être plongé dans le noir souvent non? N’est-ce pas plutôt le confort de la matière qui compte? Arc en ciel. Ou en skai métallisé. Ou en bleu nuit. Ou une alternance de couleurs pastels à la Jacques Demi… bien que ce soit super relou à entretenir, ce serait chic !

SPOUTNIK: Massicot merci beaucoup pour cet entretien, je me réjouis du 20 Septembre pour le concert d’ouverture, j’espère que ça ne te met pas trop la pression.
MASSICOT: On se met toujours un brin la pression, mais c’est chouette qu’on bosse sur ce film pour le jouer 2 fois: chez vous et à Zurich après, à l’IOIC. Franchement on adore le procédé alors on ne va pas stresser, mais se réjouir nous aussi de vous y trouver! Depuis le temps qu’on en parlait!!!!!