The sound of insects


ven. 26 avril 2019   20H30

Réalisation
Peter Liechti
Pays
Suisse
Année
2009
Langue
ST français
VO suisse-allemand
Format
DCP
Durée
88'
Distribution
Cycle

30 ans à L’Usine - partie 1, état d’urgence

“D’après la nouvelle « miira ni narumade » de Shimada Masahiko, basée sur une histoire vraie.
Au cœur de l’hiver, le chasseur S. trouve dans un coin perdu de forêt la momie d’un homme âgé d’une quarantaine d’années. Grâce aux indications minutieuses du mort, on apprend que l’homme s’est suicidé l’été précédent en se laissant mourir de faim.
Une approche très personnelle basée sur un texte de fiction, lui-même inspiré de faits réels. Un manifeste cinématographique en faveur de la vie – suscité par un renoncement radical à exister.

Le visage effacé et l’origine non identifiée du suicidé X – son anonymat – témoignent de l’aliénation de l’homme dans un monde globalisé. L’absence de traits caractéristiques de sa personnalité renvoie à l’expérience vécue dans une société de plus en plus matérialiste. Même à ses propres yeux, X n’aura atteint le stade d’individu vivant et palpable que par son aptitude extraordinaire à la souffrance et par le masochisme monstrueux de son acte. Dans son journal intime, il rapporte que le suicide par inanition est une façon de mourir très personnelle, de par la longue et forte concentration qu’il requiert, sur soi et sur son propre corps.

Finalement, l’acte du défunt inconnu représente une forme de déni radical: un retrait du fonctionnement de la société de production, un refus total de la consommation, du conformisme, du rythme effréné de l’existence.

La critique latente du matérialisme contemporain est évidente. Shimada pose ainsi clairement la nécessité d’opérer des choix cruciaux dans la chance unique qu’offre la vie.”

spoutnik

30 ans à L’Usine – partie 1, état d’urgence

De 1989 à 1997, l’association État d’Urgences opère dans l’ancienne Usine genevoise de dégrossissage d’or qui a été laissée à disposition par la Ville de Genève. Les diverses associations qui la composent font au mieux dans un bâtiment qui n’est pas spécialement adapté à la programmation culturelle, tant au niveau des nuisances sonores que de la cohabitation. Autogérée, l’association propose des activités culturelles financées d’abord par un bistro central “Le Débido” ainsi que par une petite subvention de la ville qui est venue par la suite.

“Au début, le Débido était une sorte de forum, ouvert du matin au soir. On y mangeait, on y faisait la fête, on y lisait la presse. La salle servait de lieu de rencontre aux utilisateurs et aux visiteurs. Cette notion fédératrice a progressivement disparu, L’Usine s’est transformée en machine à bière” Robert Broggini

En 1997 le budget pour une rénovation est voté à la ville – au même temps que le Grand Théâtre qui opère dans le Bâtiment des Forces Motrices – afin de permettre un réaménagement. “Le cloisonnement des activités peut apparaître, pour un lieu dédié à la pluri-disciplinarité, comme un constat d’échec. Mais les problème engendrés par le bruit empêchent aujourd’hui l’Usine de fonctionner à plein rendement.”

“Nous profitons de cette pause pour imaginer une nouvelle Usine. Mais État d’Urgence ne veut pas changer de philosophie. Le but reste le même: accueillir des tribus de tous les horizons et proposer des événements culturels alternatifs” Greta Gratos

L’Usine ferme donc pour huit mois de travaux de réaménagement et d’insonorisation qui débutent en janvier 1998. D’ici là, les divers acteurs du lieu ne resteront pas inactifs. Seul le Kab partira en vacances. PTR déménagera fin février à l’usine Kugler de la Jonction. Spoutnik se fera nomade. Théâtre et T dansant se réfugieront à Artamis.

Cette première période de 8 ans (début 1990 à fin 1997) sera pour le cinéma Spoutnik une occasion de se développer dans sa proposition culturelle et son impact dans le paysage Genevois. On y voit l’émergence de festivals de cinéma tels que le festival Black Movie en 1990, on y regarde des films qui ne passeront jamais ailleurs et on a l’occasion d’y rencontrer des cinéastes tels que Johan van der Keuken ou Peter Liechti.

A ce propos, nous proposons trois séances de projection pour redécouvrir une partie de l’oeuvre de Peter Liechti (1951-2014), cinéaste suisse expérimental et co-fondateur d’un cinéma d’art et d’essai à St-Galles le KinoK. Les trois films choisis présentent une approche très sonore et bruitiste avec notamment des interventions du musicien St-Gallois Norbert Möslang.

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30 ans à L'Usine

Pour célébrer les 30 ans de L’Usine, le Spoutnik propose un programme rétrospectif d’une année qui revisite les étapes clés d’une histoire intimement liée à État d’Urgences. Le Spoutnik, lui, fête ses 33 ans! Ce premier programme revisite les moments d’errance d’un cinéma satellite entre la villa FIA-SKO et l’arrivée dans les locaux de L’Usine, avec un focus dédié au cinéaste suisse Fredi M. Murer, une carte blanche à l’Atelier MTK, et un plein air d’hiver pour nous rappeler ces moments à la Menuiserie de l’Ilôt 13.

“En ce qui concerne le cinéma, il y a toujours « état d’urgence » parce qu’il y a beaucoup de films d’ici et d’ailleurs, que l’on ne voit pas. Malgré les efforts de ceux qui, subventions ou pas, tentent des percées dans la massinforme des navets, il y a toujours un reste. Ce qu’il reste ce sont des centaines de films qui circulent très peu et pour la plupart finissent au fond des tiroirs. Décider de diffuser régulièrement des films 16 et super-8 c’est un autre choix.
D’abord économique, l’infrastructure, légère, demande peu d’investissement.

Mais c’est aussi un choix culturel, qui correspond à un besoin d’intensifier un réseau parallèle de distribution. Les deux formats, 16 et super-8, permettent une production abondante et diversifiée, elle existe. Il est à notre avis indispensable de lui offrir des débouchés. Modestes soit, mais nécessaires pour que les forces vives du cinéma indépendant touche un public. Pour que ce cinéma, de recherche, créatif, libère ses images, touche notre sensibilité et nous parle.” (avril 1986 – le cinéma Spoutnik à la villa FIA-SKO)