TAGEDIEBE

Tagediebe (littéralement : « les voleurs de jour »), chronique berlinoise des années 80, nous révèle un jeune cinéaste suisse fixé à Berlin, Marcel Gisler. C’est un film original, très écrit, remarquablement dirigé, qui n’a rien à voir avec les nombreux ouvrages similaires, souvent marqués au coin de la pire paresse intellectuelle, venus d’Allemagne. Marcel Gisler prend trois personnages – chacun « émigré » de l’intérieur à sa façon – venus tenter leur chance dans la capitale: une jeune française, qui s’est baptisée Lola et s’éfforce de percer sur la scène du rock; un écrivain, Max, que ses parents continuent à aider financièrement et qui rêve de créer la grande oeuvre; Laurids, musicien, homosexuel, insouciant.

Ménage à trois assez étrange, vie très libre : on a rejeté les conventions, on veut s’affirmer, réussir. Max, nous dit-on, serait clairement façonné sur le jeune Brecht des années 20 plongé dans la même situation. Chaque moment de ce film est une surprise, la jeune interprète, Dina Leipzigm n’étant pas la moins étonnante. (Louis Marcorelles, Le Monde)