Rainer Werner Fassbinder

Rainer Werner Fassbinder est né dans une famille bourgeoise de Bavière en 1946 d'un père docteur et d'une mère traductrice. Afin de travailler dans la tranquillité, cette dernière envoie très souvent son fils unique au cinéma. Sa passion est née. A l'âge de 15 ans, Fassbinder déclare son homosexualité, peu après avoir abandonné l'école au profit du journalisme. Mécontent de ne pas avoir pu faire une école de cinéma, il étudie le théâtre au milieu des années 60 au Studio Fridl-Leonhard de Munich et rejoint le Théâtre Action en 1967. Il apprend ainsi l'écriture, le jeu d'acteur, la mise en scène et la production. Il monte rapidement une troupe incluant sa mère, deux de ses femmes et quelques amants avant de commencer sa carrière comme réalisateur avec son actrice fétiche Hanna Schygulla.

Le succès n'est pas tout de suite au rendez-vous. Son premier film, L'Amour est plus froid que la mort (1969) est sifflé au festival de Berlin et son deuxième, Le Café reçoit de décevantes critiques. On reconnaît pourtant rapidement son intérêt pour une certaine critique sociale avec des personnages aliénés incapables d'échapper aux forces de l'oppression. Il prend comme modèles des réalisateurs de renoms comme Douglas Sirk pour ses mélodrames ainsi que John Huston, Raoul Walsh et, dans une moindre mesure, Jean-Luc Godard. Les années suivantes, il réalise des films controversés tels que Pionniers à Ingolstadt et Whity avant de connaître son premier succès avec Le Marchand des quatre saisons. Ce portrait émouvant d'un vendeur de rue dépressif est un chef-d'oeuvre du même genre que Tous les autres s'appellent Ali en 1974 (librement inspiré de Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk).

L'oeuvre de Fassbinder se décline majoritairement en trois phases : la première de 1969 à 1971 inclut une dizaine de films allant dans le prolongement de ses oeuvres théâtrales et tournés avec sa troupe de théâtre dont on retient surtout Les Larmes amères de Petra von Kant (1972). Sa deuxième souligne quant à elle les préjugés profonds existant en Allemagne tournant autour de la race humaine, du sexe, de l'orientation sexuelle, de la politique et des différences de classe (Le Droit du plus fort , Maman Kusters s'en va au ciel). Enfin, sa troisième et dernière phase commence en 1977 jusqu'à sa mort où il réalisera ses plus grands succès en créant ses plus beaux personnages féminins. L' Année des treize lunes (1978) est l'une de ses œuvres les plus abouties. C'est durant cette période qu'il réalise ce qui constituera sa trilogie allemande avec Le Mariage de Maria Braun, Lili Marleen et Lola, une femme allemande, 3 films qui se déroulent durant la Seconde Guerre Mondiale ou à son lendemain et qui observent le destin de trois femmes qui subissent les événements historiques et la crise sociale. A noter également La Troisième génération en 1979, film qui aborde la question de l'activisme politique dans la RFA des années 70. Dans les années 80, il travaille sur l'adaptation télévisuelle du roman Berlin Alexanderplatz qu'il réalise et qui se décline en quinze épisodes pour une durée totale de 15 heures.

En 1982, il s'attelle à l'adaptation du sulfureux roman de Jean Genet Querelle, qui sera son film posthume puisqu'il meurt au cours du montage le 12 juin, d'une rupture d'anévrisme (certains affirment que sa mort provient en fait d'un mélange de cocaïne et de benzodiazépine et qu'il se serait suicidé).

Cinéaste de toutes les ambiguïtés, Rainer Werner Fassbinder est avant tout un rebelle dont la vie et l'œuvre ont été marqués par plusieurs contradictions. Accusé à plusieurs moments de sa vie d'être anticommuniste, antisémite et machiste, son oeuvre comprend au totale plus de 44 projets différents. Fassbinder est considéré comme l'un des plus grands cinéastes du monde et une source d'influence de nombreux auteurs comme François Ozon et Fatih Akin. Il fait partie de cette génération de réalisateurs allemands qui ont apporté un nouveau souffle au cinéma de la RFA, et où figurent Wim Wenders, Werner Herzog, ou encore Werner Schroeter. Leur courant artistique est aujourd'hui connu sous le nom de Nouveau Cinéma Allemand.




Eight Hours Don’t Make a Day

Rétrospective GIFF
Beau comme une TV qui brûle


Fassbinder a 27 ans. L’iconoclaste Gunther Rohrbach, en charge de la fiction pour la chaîne régionale WDR, propose au turbulent cinéaste de prendre les commandes d’une série. En toute liberté. Fassbinder en tirera un récit jubilatoire sur la classe ouvrière. Peut-être son travail le plus lumineux.

L’ALLEMAGNE EN AUTOMNE

LES ANNÉES DE PLOMB


Allemagne, automne 1977. Le 5 septembre, Hans-Martin Schleyer, le « patron des patrons » allemands – et accessoirement ancien cadre nazi – est enlevé par un commando de la RAF qui réclame la libération de 11 de ses membres emprisonnés, dont ses piliers Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Karl Raspe, condamnés à perpétuité le 28 avril de la même année, suite à un procès contesté.