Dans l’histoire identitaire du film expérimental américain, et à sa suite, dans l’histoire de tout le cinéma d’avant-garde contemporain, Maya Deren se distingue par sa stature exceptionnelle, c’est qu’elle fût la première cinéaste indépendante qui comprit qu’il ne suffisait pas de faire des films différents de ceux d’Hollywood, encore fallait-il penser à créer un réseau de distribution qui, en permettant à ces oeuvres de sortir du cercle confidentiel des amateurs éclairés, en assure la visibilité sociale. Afin que le film expérimental puisse exister en tant que forme d’expression personnelle, et ce pour répondre aux aspirations d’une frange cultivée convaincue qu’il se trouvait dans le cinéma un potentiel artistique inexploité, encore était-il nécéssaire de créer- selon l’expression même de Deren « un cinéma hors la loi ». Pensant et instituant des lors la rupture avec le cinéma industriel, la cinéaste se mobilisa tout entière- film, discours théorique et initiatives institutionnelles à la consécration du cinéma comme art majeur, entendant tien rompre avec les trivialités d’un art de masse… »
Extrait de « Maya Deren ou la naissance d’un art » de Alain-Alcide Sudre.
