30 ans à L’Usine – partie 1, état d’urgence



De 1989 à 1997, l’association État d’Urgences opère dans l’ancienne Usine genevoise de dégrossissage d’or qui a été laissée à disposition par la Ville de Genève. Les diverses associations qui la composent font au mieux dans un bâtiment qui n’est pas spécialement adapté à la programmation culturelle, tant au niveau des nuisances sonores que de la cohabitation. Autogérée, l’association propose des activités culturelles financées d’abord par un bistro central “Le Débido” ainsi que par une petite subvention de la ville qui est venue par la suite.

“Au début, le Débido était une sorte de forum, ouvert du matin au soir. On y mangeait, on y faisait la fête, on y lisait la presse. La salle servait de lieu de rencontre aux utilisateurs et aux visiteurs. Cette notion fédératrice a progressivement disparu, L’Usine s’est transformée en machine à bière” Robert Broggini

En 1997 le budget pour une rénovation est voté à la ville – au même temps que le Grand Théâtre qui opère dans le Bâtiment des Forces Motrices – afin de permettre un réaménagement. “Le cloisonnement des activités peut apparaître, pour un lieu dédié à la pluri-disciplinarité, comme un constat d’échec. Mais les problème engendrés par le bruit empêchent aujourd’hui l’Usine de fonctionner à plein rendement.”

“Nous profitons de cette pause pour imaginer une nouvelle Usine. Mais État d’Urgence ne veut pas changer de philosophie. Le but reste le même: accueillir des tribus de tous les horizons et proposer des événements culturels alternatifs” Greta Gratos

L’Usine ferme donc pour huit mois de travaux de réaménagement et d’insonorisation qui débutent en janvier 1998. D’ici là, les divers acteurs du lieu ne resteront pas inactifs. Seul le Kab partira en vacances. PTR déménagera fin février à l’usine Kugler de la Jonction. Spoutnik se fera nomade. Théâtre et T dansant se réfugieront à Artamis.

Cette première période de 8 ans (début 1990 à fin 1997) sera pour le cinéma Spoutnik une occasion de se développer dans sa proposition culturelle et son impact dans le paysage Genevois. On y voit l’émergence de festivals de cinéma tels que le festival Black Movie en 1990, on y regarde des films qui ne passeront jamais ailleurs et on a l’occasion d’y rencontrer des cinéastes tels que Johan van der Keuken ou Peter Liechti.

A ce propos, nous proposons trois séances de projection pour redécouvrir une partie de l’oeuvre de Peter Liechti (1951-2014), cinéaste suisse expérimental et co-fondateur d’un cinéma d’art et d’essai à St-Galles le KinoK. Les trois films choisis présentent une approche très sonore et bruitiste avec notamment des interventions du musicien St-Gallois Norbert Möslang.